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Publié le 10 mars 2013 Mis à jour le 10 mars 2013

Les TICE à l'université : ni une révolution, ni un désastre

Les technologies n'ont pas révolutionné la pédagogie universitaire. Il reste encore des blocages dans les établissements.

Après plus d'une décennie à mettre en place des technologies de l'information et de la communication dans les universités, qu'en est-il de la pédagogie universitaire ? S'est-elle améliorée ? Les changements technologiques ont-ils réellement apporté une valeur ajoutée à l'enseignement ou n'ont-ils aucun impact ?

L'IFé (Institut français de l'éducation) s'est intéressé à la question en octobre 2012 dans un dossier publié en format PDF. Les conclusions que l'on y trouve ne sont ni réjouissantes ni pessimistes.

Pas de révolution

Il serait de bon ton de dire que la technologie a donné à la pédagogie universitaire une saveur supplémentaire. La vérité, c'est qu'après toutes ces années d'implantation, il est n'est pas possible de parler de révolution. Certes, les technologies ajoutent des possibilités aux cours, mais elles ne se sont pas ancrées dans la culture universitaire. Il est difficile de connaître la situation actuelle des TICE dans les universités françaises, puisque depuis le rapport Isaac en 2008, il n'y eut plus d'enquête aussi exhaustive.

La plupart des investissements technologiques servent à mettre à niveau le parc informatique des universités. Ou plus rarement, les établissements cèdent aux effets de mode, avance t-on dans le dossier de l'IFÉ. Qu'il s'agisse de la tablette numérique, des télévoteurs ou des MOOC, les directions s'y intéressent pour être à la page, mais sans réelles réflexions pédagogiques sur ces outils ou ces nouveaux formats de cours en ligne. Cette position est la conséquence d'un énorme problème : la résistance au changement causée par une tradition universitaire qui n'est jamais parvenue à penser le cours autrement que dans une transmission orale de l'enseignant à un gorupe d'étudiants. Conséquemment, les usages des TICE sont rarement intégrés à une stratégie globale, et déconnectés de la réalité des pratiques personnelles des enseignants, de l'équipement effectif des étudiants, etc. 

Sans compter que contrairement aux idées reçues, les étudiants ne voient pas automatiquement une valeur ajoutée dans l'innovation technologique. Ils souhaitent surtout que les TIC améliorent l'enseignement présentiel sans trop bouleverser les méthodes en place depuis un siècle. Mais peut-être n'est-ce qu'une question de génération puisque les études actuelles confirment que les plus jeunes étudiants sont plus ouverts aux cours utilisant des technologies ou des classes virtuelles alors que les plus vieux préfèrent davantage les solutions hybrides. Quant aux professeurs, tout dépend de leur vision de la pédagogie. Ceux qui sont moins attentifs à la compréhension des étudiants et qui privilégient la transmission de connaissances ont une utilisation plutôt superficielle des technologies. À l'inverse, ceux qui ont une vision plus centrée sur l'étudiant intègrent mieux les TIC dansleur enseignement. 

L'effet des TIC encore incertain

Isolés dans notre bulle technologique, nous tenons pour une évidence que l'usage des TIC a un impact positif sur les apprentissages. Or, cet effet n'est absolument pas prouvé. Il reste énormément de recherche à faire dans ce domaine, pour passer de l'intuition et de l'anecdote à un corpus de données incontestable. Laure Endrizzi, auteure du dossier de l'IFé, affirme qu'il faudra, dans les années à venir, davantage de recherches méta-analytiques, d'observations des pratiques technologiques dans et à l'extérieur des cours et des analyses en profondeur sur les changements que provoquent l'utilisation des TIC. Il sera aussi nécessaire que des chercheurs créent des dispositifs innovants pour la pédagogie universitaire.

Néanmoins, les études actuelles affirment toutes la même chose : il est préférable que la pédagogie ait préséance sur la technologie. La seule introduction d'une technologie dans un cours ne garantit la progression ni dans la pédagogie, ni dans les notes des apprenants. En revanche, il est possible d'améliorer l'enseignement lorsque la technologie répond à une intention pédagogique précise. L'évaluation d'une intégration réussie se fait sur la base de trois indicateurs :

  • Elle fait évoluer les dispositifs pédagogiques afin qu'il y ait une plus grande centration sur l'apprentissage
  • Elle exploite les possibilités de flexibilité pour s'accommoder aux besoins des étudiants
  • Elle stimule le développement professionnel des enseignants

 

Il n'y a donc actuellement pas révolution dans les universités, mais certains changements se profilent à l'horizon. En effet, depuis quelques années, la plupart des chercheurs affirment que peu à peu, les paradigmes éducatifs changent en grande partie grâce aux TIC. On voit ainsi apparaître des parcours pédagogiques qui font appel aux habiletés sociales des étudiants, prennent en compte leur mobilité et sont davantage centrés sur les apprentissages à construire que sur le contenu à transmettre. Les TIC jouent dans ces parcours un rôle essentiel. Mais le développement de ces propositions pédagogiques se heurent à deux obstacles majeurs : le sentiment d'impuissance de nombreux enseignants par rapport aux nouvelles technologies et le manque de concertation sur le sujet dans l'enseignement supérieur. Autant dire qu'il reste encore beaucoup de pain sur la planche avant une intégration approfondie des TIC à ce niveau d'enseignement.

« Les technologies numériques dans l'enseignement supérieur, entre défis et opportunités », Laure Endrizzi, Dossier de l'IFé numéro 78, octobre 2012

Crédit image: jisc_infonet via photopin cc


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