Chaque année, malgré les campagnes de vaccination auprès de certaines clientèles vulnérables, les épidémies de grippe sévissent. Comment savoir si l'on risque d'être contaminé ? En fréquentant Twitter, avancent des chercheurs américains.
Twitter et les épidémies
Voici quelques années que Twitter est envisagé comme un outil d'alerte épidémique. En 2010, des chercheurs de Louisiane sont parvenus à estimer le nombre de personnes infectées à partir des gazouillis comprenant les mot-dièse grippe, rhume ou malade. Leurs chiffres correspondaient à 95 % aux statistiques nationales.
Il n'est donc pas étonnant que trois ans plus tard apparaisse une application permettant de suivre les épidémies pratiquement en direct. GermTracker se base sur le même principe que la recherche de la Southeastern Louisiana University. Ce site est toutefois conçu par l'Université de Rochester qui a voulu étudier les épidémies à New York et dans le reste des États-Unis.
Comment cela fonctionne-t-il? Sur une carte Google apparaissent des cercles rouges. Ces points représentent les tweets de personnes utilisant le terme « sick » ou « cold » ou « flu », entre autres. Grâce à la géolocalisation des messages, chacun peut alors savoir s'il se trouve dans une zone à risque de contagion.
Mais cette application connaît quelques faiblesses. Les termes suivis peuvent être employés dans les tweets de bien des façons, au sens propre comme au sens figuré. C'est là que l'utilisateur de GermTracker intervient : en cliquant sur les tweets, il peut signifier si, selon lui, il s'agit d'un message provenant d'une personne vraiment malade ou d'une mauvaise interprétation du mot par l'application.
Pas encore la solution miracle
Cette incapacité à déterminer le sens du mot constitue le principal inconvénient de GermTracker. Les professionnels de santé ne vient en effet pas d'un très bon oeil le fait de devoir trier des dizaines de milliers de tweets pour savoir où en est une épidémie... Mieux vaut dans ce cas s'adresser aux hôpitaux et aux médecins, comme on l'a toujours fait !
De plus, une étude publiée à la fin 2012 montrait que, jusqu'à maintenant, Twitter ne permet pas de construire des échantillons aléatoires de producteurs de données : trop de gens ne l'utilisent pas, les données sont trop homogènes pour pouvoir être généralisées.
La réalité est tout autre avec Google, massivement utilisé par des populations bien plus diversifiées que celles qui utilisent Twitter. C'est pour cette raison que l'application de suivi de la grippe de Google est très fiable et utilisée par les institutions médicales. Regardez ce qu'il en est de la grippe en France, au Canada, en Suisse ou en Espagne, par exemple.
Ces applicaitons laissent penser qu'une proportion significative des populaitons pourraient être informées des risques sanitaires dus à des bactéries alimentaires ou des virus dans leur région, en temps réel. Des applications à proscrire pour les hypocondriaques. Ils risqueraient bien de ne plus vouloir sortir de chez eux...
« Plus que la propagation, Twitter révèle les centres névralgiques de l'épidémie », L'Atelier, 11 février 2013
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