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Publié le 22 janvier 2013 Mis à jour le 22 janvier 2013

"Je n'ai pas le temps". Mais encore ?

Le manque de temps est un prétexte qui empêche de connaître les vraies raisons du manque de formation

Quand il s'agit d'examiner l'opportunité d'engager une formation en ligne, le manque de temps est l'argument le plus fréquemment annoncé pour ne pas passer à l'acte. 

En cours de formation, c'est toujours le manque de temps qui est invoqué pour justifier le fait de n'avoir pas été présent à la dernière réunion de groupe ou avec le tuteur, ou de rendre son travail très en retard. 

À un niveau de contrainte bien moindre, lorsqu'il s'agit tout simplement pour les enseignants ou les formateurs de justifier l'absence d'utilisation des magnifiques ressources pédagogiques préparées à leur intention par les institutions dans tous les domaines, c'est encore une fois l'argument du manque de temps qui surgit.  

Et vous, quand avez-vous dit, et à qui, que vous n'aviez pas le temps ?

Cette phrase mille fois dite et entendue peut être comprise de deux façons bien différentes : comme l'affirmation d'un constat; comme un prétexte pour passer rapidement à autre chose.

 

Le constat 

Objectivement, manquer de temps, c'est en réalité ne pas pouvoir ajouter une nouvelle tâche à celles que j'ai déjà prévues ou qui me sont imposées, dans le temps imparti. Car nous disposons tous de la même quantité de temps : 24 heures par jours, 365 jours par an. La question n'est donc pas de savoir comment ajouter du temps à celui que nous avons, mais de savoir comment faire plus de choses qu'actuellement dans le même laps de temps.

Ce qui signifie qu'il ne s'agit plus d'obtenir (on se demande bien comment) plus de temps que celui qui est imparti à tous sur cette terre, mais plutôt de réussir à faire entrer dans ce temps tout ce que l'on souhaite ou doit faire.

Ainsi, l'affirmation "J'aimerais bien suivre une formation en ligne mais je n'ai vraiment pas le temps" devrait toujours être transformée en "Puis-je faire entrer une formation en ligne dans le temps dont je dispose ?". 

Pour répondre à cette question, il faut déjà estimer l'intérêt du problème. Autrement dit, la question préalable est celle ci : "Ai-je vraiment envie de faire entrer une formation en ligne dans le temps dont je dispose ?". La réponse à cette question est cruciale. Seul le principal intéressé peut y répondre. Car seuls l'envie, le désir, le besoin ressenti... pourront porter la dynamique d'apprentissage lorsque le fameux argument du manque de temps réapparaîtra et menacera de faire échouer le projet dans la durée.

Si la réponse est positive, et seulement à ce moment-là, interviendront les arguments rationnels, qui soutiendront le projet d'apprentissage et le respect de l'organisation exigée par la formation. Il faudra faire le bon choix. Pour connaître les éléments à prendre en compte dans l'identification de sa formation, reportez-vous à l'article intitulé Comment choisir une formation en ligne ? récemment publié dans Thot Cursus. 

Evidemment, plus la formation est adaptée au rythme de vie du public visé, plus elle a de chances d'être adoptée. Ce sont donc aux concepteurs de faire le nécessaire pour cela, notamment en élaborant des séquences de formation courtes, ludiques, interactives, de manière à ce que le temps consacré à la formation (et qu'il a bien fallu ôter à d'autres occupations) ne ressemble pas à une punition. Nous savons tous, intuitivement et pour le vivre souvent, que le rythme de l'écoulement du temps semble ralentir considérablement dès lors que l'on s'ennuie ou que l'on est soumis à une émotion négative. De l'ennui à la perte de temps, il n'y a qu'un pas. Et le participant démotivé aura alors beau jeu de vous avancer qu'il manque de temps pour suivre la formation, tellement cette tâche lui paraît désormais longue et inutile. 

 

Le prétexte

Car bien entendu, le manque de temps est très fréquemment avancé comme raison à une défection, à une non-action, alors que ce n'est qu'un prétexte. Autrement dit, il faut comprendre bien autre chose que le sens littéral des mots lorsqu'on entend cette phrase. 

"Je n'ai pas le temps" peut vouloir dire, par exemple :

- J'ai regardé ce que tu me proposes, ça ne m'intéresse pas;

- Je suis très intéressé parce que tu me proposes, mais j'ai d'autres priorités actuellement, ce n'est pas le bon moment;

- C'est intéressant mais mon temps est contrôlé à 90 % par d'autres, c'est auprès d'eux qu'il faut négocier;

- C'est peut-être intéressant, mais pas suffisamment pour que je change mes habitudes ou ajoute une tâche supplémentaire;

- Tu m'ennuies, tu me perturbes, va t-en.

Tous ces arguments (sauf le dernier) semblent recevables et permettent d'amorcer un débat. Alors que "je n'ai pas le temps" coupe court, arrête la discussion. Et le plus étonnant, c'est que la plupart de ceux qui essaient de comprendre pourquoi telle catégorie de personnes ne fait pas telle ou telle chose (par exemple, pourquoi les salariés des petites et moyennes entreprises en France ne se forment pas davantage) se satisfont du prétexte du manque de temps, sans aller plus loin. 

 

Et si on parlait des vraies raisons ?

Alors, aujourd'hui, je vous propose quelque chose : 

- Si vous concevez de la formation, des ressources pédagogiques, des vidéos éducatives, etc. et que ceux à qui vous les proposez vous disent qu'ils n'ont pas le temps de les utiliser, poussez plus loin la discussion, avec des phrases telles que :"vous avez consulté le programme ? Vous avez visionné la première vidéo, celle qui ne fait que trois minutes ? Qu'en pensez-vous ? Ah, vous n'avez pas regardé ? En somme, ça ne vous intéresse pas ? " Etc. de cette manière, vous augmenterez vos chances de savoir pourquoi vos produits n'intéressent pas vos interlocuteurs. Et vous pourrez alors rectifier votre positionnement.

- Si vous êtes sollicité par des concepteurs de formation ou de produits pédagogiques et que vous souhaitez décliner leurs offres, soyez honnête avec eux : supprimez mentalement la phrase "je n'ai pas le temps" que vous vous apprêtiez à prononcer, et passez tout de suite à la vraie raison motivant votre refus. Et n'hésitez pas à revenir sur votre décision, par exemple après avoir parlé du produit avec une personne que vous appréciez et qui l'a déjà utilisé. Peut-être cette recommandation vous fera t-elle changer d'avis... et trouver finalement du temps, ce fameux temps si bien caché, que vous réserviez pour une activité vous apportant plaisir et augmentation de votre sentiment d'efficacité personnelle, telle que peut l'être une formation en ligne bien conçue.  

Pour aller plus loin sur la question de la mesure et de la perception du temps :

Aux frontières du temps, documentaires déposés sur Daily Motion. Partie 1, partie 2, partie 3.

Histoire de la mesure du temps, Wikipedia

Perception du temps, Wikipedia

Marc Gozlan : Le Temps, un sixième sens à explorer. Le Monde Sciences et Techno, 8 novembre 2012.

Damien Mascret : Le temps passe plus ou moins vite selon l'âge. Le Figaro, 19 décembre 2011.

 

photo : steve.grosbois via photopin cc


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