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Publié le 11 novembre 2012 Mis à jour le 11 novembre 2012

Les images de «l’intelligence collective»

La terre vue de l’espace a eu un impact majeur sur la psyché humaine au siècle dernier.

Le concept d’«intelligence collective» peut apparaître au départ comme un de ces concepts fourre-tout qui expliquent bien des choses mais offrent peu de prise pratique.

Indéfini, introuvable, ce concept peut heureusement se représenter comme l’idée de la fourmilière, où personne n’en a le plan mais où une certaine intelligence s’organise et dont le résultat prend finalement à peu près la même forme pour toute l’espèce.

L’intelligence collective des fourmis serait liée à leur manière d’entrer en relation, ce qui ultimement produit une manifestation qui nous apparaît comme la marque d’une intelligence à l’oeuvre. 

Intelligence sociale

On en trouve d’autres exemples chez les insectes sociaux; l’essaim d’abeilles et ses alvéoles en sont une manifestation encore plus claire.  Est-ce que l’abeille a une image de ses rayons ou de l’essaim accroché à la branche avant qu’il ne soit construit ? Est-ce que la fourmi sait que ses tunnels ne doivent jamais être trop proches d’un autre sous risque d'effondrement ?  

Comme leurs structures résistent, y compris dans les inondations, on en déduit que ces insectes en ont effectivement une image ou un concept quelque part.

  

 

 

Et les humains ?

Dans le monde des humains, on trouve des images ou des concepts qui structurent nos décisions, qui font partie de nos considérations collectives, qui font que certaines choses nous paraissent acceptables et d’autres non. 

Par définition, ces images doivent être largement partagées.  Ensuite, elles doivent s’intégrer aux réflexions et aux décisions de beaucoup de gens et devenir communes.

On trouve ainsi des types d’images dont l’influence sur l’intelligence et notre compréhension est fondamentale; la terre vue de l’espace est probablement l'image qui a eu le plus fort impact sur la psyché humaine au siècle dernier.

On reconnait des dizaines d’images qui nous sortent de notre point de vue habituel et nous montrent indubitablement une réalité : un microbe agrandi, un foetus dans le ventre de sa mère, une goutte d’eau ou la foudre saisie dans l’instant où elle frappe, un fleur qui s’épanouit en 15 secondes, des galaxies, les famines ou les guerres, etc, etc. Et curieusement, ce sont des images que l'on cherche spontanément à partager, on ne veut pas être les seuls avec ces références.

Toutes ces images composent les matériaux à la base de nos réflexions, qui à leur tour forgent nos opinions. Et comme elles sont massivement partagées, on les qualifie de «collectives».

Par exemple, votre opinion sur le nucléaire, sur l'industrie pharmaceutique ou sur le terrorisme peut difficilement ne pas être influencée par les images de Tchernobyl, des enfants de la thalidomide ou de celles des tours du World Trade Center de New York un certain matin de septembre 2001.

Ces images sont enregistrées dans la mémoire de millions de personnes et sont souvent transmises à leurs descendants, soit directement, soit par l'intermédiaire des institutions.

La langue comme création collective

Si l'on pousse le raisonnement un peu plus loin, l’intelligence collective se trouve finalement dans les mots que nous partageons, dans les langues comme dans les jargons; chaque mot compris, chaque concept partagé implique un accord quant à sa signification et de ce fait participe à cette intelligence.

On en revient au point de départ de cette réflexion : l‘intelligence collective compose apparemment le tissu même de notre essence en tant qu’esprit communiquant. Partout, nulle part, elle commence du moment où nous ne sommes plus seul.

Finalement, on peut composer une image de plus de l'intelligence collective, mais il est permis de se méfier de ce concept, d’autant plus que cette dite «intelligence» peut conduire à des aberrations ou des catastrophes collectives bien peu intelligentes si le processus est manipulé ou limité.

En pratique

Le concept du tissage continu de la connaissance semble bien mieux refléter la réalité pratique de l’intelligence «collective» : à plusieurs, on sait et on trouve souvent plus de choses que seul, mais indépendamment de ce fait, ce sont toujours des «seuls» qui trouvent et qui partagent. De ce qui est trouvé et partagé, d'autres «seuls» ensuite se servent pour trouver d'autres choses... et ainsi se développe notre conscience et notre compréhension collective du monde. La terre n'est plus du tout plate.

La contribution de chacun accroît l'activité et les découvertes. Sans Maxwell, Michelson, Lorentz et Poincaré, Einstein n'aurait pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Cette accélération des échanges dans des réseaux est ce qui semble être célébré par ce concept et, si on le ramène à cela, on arrive à en tirer quelque chose de pratique.

 

Dans la même veine : Machines radicales contre le techno-empire - Matteo Pasquinelli
dans Multitudes, revue politique, artitique et philosophique

«La multitude procède comme une machine parce qu’elle est calée sur un schéma, un software social, conçu pour exploiter les énergies et les idées qui sont les siennes.»

«Le general intellect donne le jour à des monstres.»


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