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Publié le 04 novembre 2012 Mis à jour le 04 novembre 2012

Les technologies nous contrôlent-elles?

Croyez-vous n'être aucunement influencé par les appareils qui vous entourent? Vous pourriez être surpris de leur influence sur nos vies et notre morale.

L'univers dystopique où les machines contrôlent les humains est devenu un scénario classique de la science-fiction. Mais la question se pose aujourd'hui-même, à l'heure des téléphones qualifiés « d'intelligents » : perdons-nous notre autonomie au profit des machines? Des philosophes et journalistes réfléchissent depuis plusieurs années à ce sujet et quelques-unes de leurs réflexions ont été résumées dernièrement dans cet article de l’Internet Actu.

Les technologies, gardiennes de la morale

 
Nous savions déjà que les technologies avaient un impact sur notre cerveau. Désormais, nous mémorisons moins, mais notre créativité est accrue. L'influence des technologies apparaît cependant plus importante qu'on ne le croit. Le philosophe hollandais Peter-Paul Verbeek, dans son livre Moralizing Technology: Understanding and Designing the Morality of Things, explique que la technologie nous aide à façonner nos décisions morales. Une affirmation étrange, mais qui prend tout son sens lorsque l'on pense à une technique simple comme l'écographie. Ce qui était un moyen de vérifier la croissance et la santé du foetus a entraîné des questions philosophiques profondes. Par exemple, si l'écographie révèle un problème physique pour le bébé à venir, la femme doit-elle le garder en sachant qu'il éprouvera de grandes difficultés toute sa vie?

La technologie se fait même gardienne du code d'éthique que nous nous sommes donnés. Par exemple, une personne voulant perdre un peu de poids devait, auparavant, se créer un programme d'exercice, un menu hebdomadaire sain et surtout avoir beaucoup de volonté afin d'atteindre ses objectifs. Aujourd'hui, comme cette journaliste du Boston Magazine le décrit, les téléphones intelligents contiennent nombre d'applications qui permettent de calculer les pas faits dans la journée, les calories ingurgitées selon les repas, etc. La technologie pallie donc à une volonté défaillante et incite son usager à respecter son programme de mise en forme.

Les consoles de salon aussi deviennent des coachs dans la perte de poids. La fameuse balance Wii et son programme Wii Fit – énorme succès commercial pour Nintendo avec près de 23 millions de ventes – pèsent l'individu, programment des exercices en conséquence afin qu'il bouge. Et ici, contrairement au téléphone ou à d'autres jeux de console de remise en forme, impossible de tricher avec cette balance électronique. Certains prévoient que la technologie ira plus loin. Éventuellement, les personnes pourraient « verrouiller » leur réfrigérateur intelligent à certaines heures de la journée afin d'éviter de succomber aux fringales diurnes ou nocturnes.

Et puis il n'y a pas que dans le domaine de la perte de poids que les machines sont gardiennes de notre sûreté. Il existe déjà des applications comme Ginger.io qui permettent d'analyser le comportement. Ainsi, si l'utilisateur n'est pas sorti de chez lui après plusieurs jours ou s'il diminue son volume d'échanges en ligne, le téléphone enverra un message à son médecin et ses proches pour l'avertir que l'usager semble sur une pente dépressive.

Mais comment l'humain a-t-il pu tolérer une telle chose? En fait, cela s'expliquerait par le langage de l'auto-amélioration. Les machines soulignent les progrès, les récompensent et leurs observations sont objectives. Elles se basent sur des faits tangibles (poids, nombre de pas effectués, nombre de jours sans communiquer avec autrui, etc.). Forcément, ce discours plaît plus que les remarques désobligeantes ou moralisatrices d'un tiers pas toujours bien intentionné.

Ainsi, si les côtés positifs de la technologie sont facilement perceptibles, ses possibles perturbations sur l'humain et sa morale ne sont que peu discutées. C'est probablement la question philosophique qui sera la plus importante dans la recherche en technologies au cours des prochaines années: doit-on le faire parce qu'on le peut ou seulement lorsque cela pallie éthiquement à une difficulté humaine? L'être humain souhaite-t-il constamment que la technologie soit la gardienne de la morale? Voilà des sujets qui devraient passionner les philosophes et éthiciens dans les années à venir.

«Sommes-nous encore autonomes?», Hubert Guillaud. InternetActu, 19 septembre 2012.

Photo : Ed Yourdon / Foter / CC BY-SA


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