Stuart Spendlow est un enseignant britannique qui, comme tous ses collègues, cherche constamment des méthodes nouvelles pour motiver ses élèves. Il a entendu parler d'une politique que Google a mise en place avec ses ingénieurs. L'entreprise offre 20% du temps de travail afin que ceux-ci puissent se dédier à des projets personnels. S. Spendlow s'est alors demandé : « Qu'est-ce qui se passerait si je laissais 20% de l'horaire en classe, c'est-à-dire 1 à 2 heures par semaine, aux élèves afin qu'ils travaillent sur des projets personnels? » Les résultats de son expérimentation l'ayant réjoui, il a raconté son expérience au quotidien The Guardian.
La mise en œuvre du 20% en classe
Évidemment, il y avait des règles à mettre en place. Le projet devait être de haut niveau et comporter une dimension pédagogique. Mais les élèves avaient aussi des droits : ils pouvaient continuer le projet à la maison, se servir de toutes les ressources scolaires à leur disposition et ils pouvaient travailler en groupe (maximum de 4 par équipe).
Avant la mise en oeuvre de cet aménagement du temps, l'enseignant a rencontré chaque élève quelques minutes afin de discuter des objectifs de son projet. Une rencontre qui permettait de spécifier ce que chaque jeune cherchait à atteindre, que ce soit l'amélioration de ses compétences ou l'acquisition de nouvelles connaissances.
Une fois toutes ces balises installées, le moment était venu d'observer comment les enfants allaient profiter de ce temps libre. Pour l'enseignant, ce fut la plus belle récompense. Il remarqua que ces périodes étaient les plus actives de la semaine. En fait, sa présence n'était presque pas nécessaire. Tous les conseils et rétroactions se donnaient entre élèves. Chaque enfant utilisait ses passions et s'en servait pour créer quelque chose de haute qualité. Les élèves s'investissaient complètement et leurs efforts se sont transformés en livres, magazines, œuvres d'art, histoires, sites Internet, guides, etc. Même les élèves en difficulté d'apprentissage ont réussi, avec un peu de guidage de leur professeur, à concevoir un projet qui leur permettait de briller.
Un 20% qui a beaucoup d'effet
Ce type d'activités a-t-il eu des impacts sur les enfants? Oui. Selon M. Spendlow, l'initiative du 20% leur a donné plus de motivation que jamais à l'école. Voyant ce qu'ils arrivaient à faire et la haute qualité de leurs projets, ils comprenaient qu'ils étaient en mesure de mettre le même niveau d'efforts dans les travaux scolaires. Ils ont appris à être plus flexibles dans leur apprentissage, à trouver des solutions par eux-mêmes et à coopérer entre eux pour obtenir des conseils.
L'enseignant britannique ne prétend pas être le pionnier du 20% de temps « libre ». Comme il le dira, d'autres professeurs avant lui ont utilisé cette technique sans la nommer ainsi ou la mettre en lien avec l'initiative du géant de l'informatique Google. Mais en voyant l'épanouissement de ses élèves avec cette méthode, il est un des plus ardents défenseurs de cette approche et il encourage tous ses collègues à faire de même. Reste à savoir si ceux-ci oseront l'adopter et si ce modèle deviendra une norme au Royaume-Uni.
«Can you apply Google's 20% time in the classroom?», The Guardian, 4 octobre 2012
Photo : Mark Witton / Foter / CC BY-NC-SA
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