Chacune des huit universités camerounaises, dont deux anglophones et une bilingue, apporte à ses étudiants et à ses enseignants des innovations de plus en plus appréciées. L'Université de Yaoundé 1, la première et la mère de toutes, a ouvert le bal en lançant, pour la première fois dans tous ses campus, des préinscriptions et des inscriptions entièrement en ligne. En un mois, plus de 20.000 nouveaux jeunes ont pris d'assaut les cyber-cafés et les bornes numériques pour avoir une place à la colline du savoir de Ngoa Ekellé. Quelques temps après, l'Université de Douala, située à 300km au Sud-Ouest de Yaoundé, bordant l'Océan Atlantique prenait le relais, en lançant, elle aussi, des préinscriptions en ligne. Cette pratique, d'ailleurs, est devenue banale en deux mois. Au point que les cours, à Yaoundé 1 ont pris une avance d'un mois, tous les résultats ayant été publiés, les préinscriptions en ligne ayant libéré les scolarités.
A l'heure où les campus numériques et les centres multimédias essaiment, il était encore difficile, pour de nombreux étudiants et les primo-arrivants, de s'accommoder de l'ancienne réglementation qui limite à 30 minutes par jour l'accès aux centres multimédias des seuls enseignants et aux étudiants de master et de doctorat.
Très peu de bibliothèques universitaires sont actuellement connectées. Les bibibliothèques numériques francophones, Bnfa et le Réseau francophone des bibliothèques nationales numériques semblent inconnues. Les livres sont vieux ou absents. Les revues spécialisées sont inconnues et chaque recteur apporte du sang neuf à toutes ces structures. L'une des plus grandes misères est la mise en application, depuis 2007, du système LMD dans lequel les étudiants doit effectuer des TPE que les enseignants attendent.
Wifi en accès libre
Un verrou vient avec bonheur de sauter. Dans plusieurs campus, les opérateurs de télécommunications avaient, sans grand bonheur, initié une opération de charme en direction des étudiants qui pouvaient se connecter à un tarif relativement abordable. L'Ecole normale supérieure, elle, a mis à la disposition de tous ses élèves-professeurs, un accès libre au wi-fi, provoquant ainsi une ruée de nombre de leurs camarades extérieurs qui s'agglutinent dans les couloirs de l'Ens.
Douala vient de généraliser ce dispositif, car désormais, sur tous ses campus disséminés dans la ville, il y aura wifi gratuit pour tous, enseignants, étudiants, personnels administratifs. La gouvernance administrative sera ainsi appliquée et les étudiants auront des facilités pour entrer en connexions avec la sciences et la recherche scientifique. Le mot d'ordre d'antan : "un enseignant, un ordinateur" devient "un étudiant, un ordinateur"... connecté au ressources éducatives libres permettant de s'adonner réellement aux apprentissages. Dix mille étudiants devraient être capables se connecter simultanément et à haut débit grâce à un protocole que le recteur de cette université vient de signer avec le groupe Yoomee, filiale du groupe Suisse 4G Africa, fournisseur d’accès internet haut débit sans fil avec accès fixe et mobile.
L'Université de Douala, elle, a été créée en 1993. Elle compte près de cinquante mille étudiants inscrits dans près de 80 filières. Elle est constituée de 11 établissements spécialisés dans les métiers de l'économie, de la finance, des lettres et des sciences humaines et sociales. La ville de Douala abrite actuellement de grandes écoles internationales et une antenne de l'Université virtuelle africaine. Il est question d'y étendre les autres universités dispensant des formation en ligne avec l'aide du citi, le Centre Interuniversitaire des technologies de l'Information et de la Communication, du cird, le centre Interuniversitaire des Ressources Documentaires qui sert de structure d'appui pour la diffusion, la production des ressources documentaires et la promotion de leur utilisation par la communauté universitaire nationale. le Cameroun s'est équipé pour cela d'une dorsale de la fibre optique qui traverse le pays de part en part. Il existe deux sites d'atterrissage de cette fibre à Douala, ce qui devrait permettre de réduire les coûts d'accès de manière significative.
Devant pareille situation le recteur, écrit le journal qui rapporte la nouvelle, poursuit trois objectifs "d’abord permettre aux étudiants de gérer leur scolarité en ligne. C’est-à-dire en partant des inscriptions jusqu’à la consultation de leurs notes. Ensuite leur fournir un accès à des sites pédagogiques. Enfin permettre aux enseignants d’avoir un accès rapide à des bibliothèques numériques, question d’être à la page pour dispenser d’excellents enseignements".
Il ne suffit donc pas seulement de profiter de la connexion Internet. le plus difficile reste à venir, à savoir la compétivité au niveau national, régional et international susceptible de visibiliser les universités cammerounaises dans les divers classements. Car pour l'instant, les sites Internets sont statiques, et les actualités rarement mises à jour. Nous voilà pourvus d'un outil. il faut savoir s'en servir.
Illustration : Douala, photo C. Vaufrey, licence CC BY-NC 3.0