En fin de semaine, lorsqu'il n'y a pas école, certains enfants pratiquent un sport, une activité artistique, ou profitent tout simplement de leurs amis et de leur famille. Mais pour certains gamins, le week-end est synonyme d'informatique, de robotique et même de programmation.
Certains pourraient se scandaliser de voir des parents encourager leurs enfants à passer encore plus de temps devant un ordinateur, alors qu'ils le font déjà si souvent pendant la semaine. Mais ici, pas question d'être des utilisateurs passifs. L'heure est à la découverte et à la création.
HacKIDémia et coding goûters
En juin, à Paris, s'est tenue l'HacKIDémia. Contrairement à ce que le nom pourrait laisser croire, les enfants n'y ont pas appris à pirater les ordinateurs du FBI ou de leurs parents. Ils ont plutôt conçu des jeux vidéos, bidouillé du matériel électronique et ont créé des robots. Pendant ce temps, toujours en France, on voit l'éclosion de « coding goûters ». Ces événements mensuels mélangent gâteaux, bonbons et programmation informatique.
Mais pourquoi des enfants et des adolescents iraient-ils passer toute une journée de leur week-end à apprendre la programmation? Veut-on en faire une génération de programmeurs ou d'ingénieurs? Pas du tout. L'HacKIDémia ou les coding goûters ont un objectif similaire : stimuler la créativité des enfants dans un contexte de détente. La journée n'a aucune ambition scolaire : pas de structure de cours ni de professeur. Et pourtant, les garçons et les filles y apprennent énormément. Il faut dire que la programmation n'est pas encore intégrée aux programmes scolaires français. Ces événements mettent les enfants en contact avec des gens dont le travail est intrinsèquement lié à l'informatique. Ils peuvent donc expérimenter et partager leurs créations avec leurs camarades et les adultes en présence, y compris avec leurs parents. Dans cette série d'interviews de Knowtex, on apprend même d'un des créateurs du coding goûter que le principe de base avait été pour lui de montrer à ses propres enfants et à son épouse son métier plutôt abstrait pour un non connaisseur.
Mais est-ce que les jeunes peuvent saisir les subtilités du code? Beaucoup plus rapidement qu'on ne le croit, selon une des mères interrogées dans ces entrevues. Comme le spécifie le site officiel du coding goûter, les enfants sont maîtres du programme. On ne leur impose pas des tâches, on les invite à utiliser leur créativité afin de concevoir des jeux ou des applications créatives. Dans ce contexte où, de surcroît, ils ne seront pas évalués à la fin, il leur est plus facile d'expérimenter et d'apprendre les langages informatiques.
L'idéologie DIY partout dans le monde
Ces deux initiatives sont basées sur un mouvement de plus en plus en vogue dans le monde entier : le "do it yourself". Faites-le vous-mêmes, vous apprendrez et vous pourrez alors conseiller les autres afin qu'eux-mêmes développent leur technique, etc. Un cycle créatif intéressant et porteur à l'ère de l'économie du savoir. Pour la créatrice d'HacKIDémia, c'est la philosophie à adopter dans les pays en voie de développement. Alors qu'elle travaillait au Cambodge, une des nations les plus aidées par les ONG internationales, elle ne voulait pas simplement fournir aux "populations cibles", comme on les appelle, des ressources matérielles ou pécuniaires. Elle désirait apprendre aux habitants à se servir des ordinateurs pour qu'ils développent leurs propres systèmes informatiques et applications.
Ces événements informatiques se multiplient petit à petit sur la planète. Pour HacKIDémia, l'expérience parisienne n'était qu'un commencement. Des fablabs permanents ont été créés au Brésil et au Nigéria. Le Mexique, l'Australie et la Malaisie devraient avoir des structures semblables au début de l'année 2013. Les coding goûters, quant à eux, sont déjà pleins, mais les créateurs invitent leurs compatriotes à planifier eux-mêmes des activités de ce genre. Ils offrent même une recette à suivre pour réussir ce type d'événement.
De ces coding goûters ou fab labs, tous ne sortiront pas avec une passion pour la programmation, les jeux vidéos ou la robotique. Ce n'est pas le but, de toute façon. Mais ces enfants, et leurs parents aussi, ressortent de ces activités avec une créativité accrue qui pourra leur servir durant leur parcours scolaire, dans leur future carrière ou simplement dans la vie en général. Qui a dit que les ordinateurs ne créeraient que des générations d'utilisateurs indolents?
Voyez aussi notre dossier consacré au mouvement "Faites-le vous-même".
Crédit image: PhOtOnQuAnTiQuE via photopin cc
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