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Publié le 11 septembre 2012 Mis à jour le 11 septembre 2012

Développement de la motivation et choix de la méthode pédagogique

Comment mobiliser les apprenants quand on ne peut faire entrer la vraie vie dans la classe ?

Il arrive que devant le constat d'un manque apparent de motivation pour les apprentissage chez ses élèves, un enseignant soit conduit à s'interroger sur sa "méthode pédagogique". Comment mener cette interrogation dans des termes qui permettront de dégager des pistes de changement ou de réaffirmer les choix initiaux ?

Cinq méthodes pédagogiques principales

La méthode pédagogique décrit selon le site Competice de l'Education nationale, qui reprend ici une défiition largement acceptée par les enseignants et les chercheurs en sciences de l'éducation, "le moyen pédagogique adopté par l’enseignant pour favoriser l’apprentissage et atteindre son objectif pédagogique". Classiquement, Competice distingue 5 méthodes principales : 

  • Méthode expositive, transmissive, passive ou magistrale
  • Méthode démonstrative
  • Méthode interrogative
  • Méthode active ou de découverte
  • Méthode expérientielle

 

Rapprocher l'école de la vie, y'a une méthode pour ça ?

Meirieu explique sur la page "méthode pédagogique" de son site  que les contours d'une méthode pédagogique dépendent de trois éléments principaux : les valeurs que porte celui qui l'utilise, ses référents théoriques et son instrumentalisation, c'est à dire la palette d'outils et d'activités par lesquels elle se matérialisera. 

Il aborde ensuite un point qui nous semble capital, lorsqu'on le met en regard de la réflexion permanente de l'enseignant sur l'efficacité de ses choix méthodologiques, autrement dit de leur capacité à intéresser ses élèves d'une part, à faciliter leurs apprentissages d'autre part.

Ce point, c'est celui de l'organisation interne d'une méthode donnée, définie selon cinq composantes : "le degré de didactisation, les situations utilisées, les outils mobilisés, la nature de la relation pédagogique proposée et les modalités d'évaluation envisagées".

Arrêtons-nous sur le degré de didactisation des savoirs à construire ou à transmettre. Pour être enseignés de manière identique à un très grand nombre d'apprenants (objectif affiché de l'organisation industrielle de l'éducation pour tous, née de la révolution indistrielle du XIXe siècle), les savoirs doivent être didactisés, c'est à dire rigoureusement organisés, objectivés et réduits à leurs éléments essentiels. Même chose pour les modes de transmisison : en se généralisant, l'enseignement est devenu un métier bien plus qu'un art, régi par un certain nombre de techniques propores et reproductibles. Mais en gagnant en généralité et en reproductibilité, les savoirs et les modes de transmission s'éloignent considérablement de ce que l'on peut apprendre (et enseigner !) de la vie, dans de multiples situations fort diversifiées. 

Cette tension entre l'apprentissage didactisé et l'apprentissage expérientiel est au coeur des débats sur les stratégies visant à développer la motivation des élèves pour les apprentissages scolaires. Meireu le souligne : "C'est ainsi que le grand débat pédagogique de ce siècle renvoie, pour une très large part, à cette histoire et aux questions qu'elle pose: faut-il continuer à dégager les savoirs de toute implication pour les présenter de manière encyclopédique dans des lieux de formation spécifiques? Ou bien faut-il réarticuler les savoirs aux pratiques sociales de référence et retrouver avec les apprenants les situations "naturelles" qui leur donnent du sens? C'est là, très largement, le débat entre "méthodes traditionnelles" et "méthodes actives", cours magistral et pédagogie du projet. C'est aussi ce débat que veut dépasser la "pédagogie par alternance" en articulant la logique de la production qui produit du sens et la logique de la formation qui produit de la rigueur".

Nos lecteurs ne disent pas autre chose : sur la page Facebook de Thot Cursus, à la question "Comment faites-vous pour faire naître et entretenir la motivation de vos apprenants ou étudiants ?", nous voyons par exemple ces réponses : "Faire du lien, donner du sens concret", "faire des projets", "montrer en quoi les enseignements sont utiles concrètement et ce à quoi cela va servir aux étudiants", "il faut du concret, des mises en situation. Faire passer les notions théoriques par de la pratique". 

Bien entendu, ces déclarations d'ordre général, en réponse à une question qui l'était tout autant, trouvent vite leurs limites. D'une part, le "concret" nous ramène inévitablement à des situations spécifiques. Apprendre la géométrie en faisant des pliages par exemple ne garantit en rien le transfert des apprtentissages réalisés au travers de cette activité sur d'autres situations. D'autre part, certaines notions semblent bien difficile à appréhender au travers d'activtés pratiques suffisamment proches de la réalité pour être légitimes. L'apprentissage des langues en fournit de nombreux exemples : organiser des saynettes de mise en situation, dans lesquelles les apprenants parlent la langue cible (celle qu'ils doivent apprendre), est-ce réellement "donner du sens" en "montrant ce à quoi cela servira dans la vie" ? Ou n'est-ce pas plutôt la manifestation d'une autre type de didactisation, qui consiste à importer la vie dans la classe, au prix inévitable d'importantes transformations / systématisations / simplifications ?  

Mais le message est malgré tout assez clair : l'école s'est tant détachée de la vie qu'elle n'a plus de sens pour nos élèves. Ce qui est considéré par nombre d'enseignants comme une cause majeure de leur manque de motivation pour les apprentissages obligatoires. Alors, devant l'impossibilité de fermer toutes les écoles et de parcourir le vaste monde avec des jeunes en leur servant de guide vers la vie adulte, quelles sont les parades ?

Agir. Ressentir. Communiquer. Aprendre

C'edt là que nous retrouvons nos bonnes vielles méthodes pédagogiques. Une méthode active vise à mettre les apprenants ... en action. Peu importe finalement que cette action soit proche ou pas d'une situation "de la vraie vie" (la vraie vie de qui, d'aileurs ?). C'est la mise en activité elle-même, autrement dit la sollicitation du corps, des émotions et des capacités sociales de l'apprenant, qui facilite l'apprentissage, génère de l'engagement et fait grandir la motivation. L'activité d'apprentissage doit être suffisamment complexe pour que l'apprenant touche du doigt la notion d'effort, mais pas insurmontable, ce qui le découragerait à coup sûr et renforcerait son sentiment d'inefficacité. Elle doit laisser suffisamment de marge de maneuvre à chaque participant pour qu'il puisse y faire des choix. Elle doit toujours être suivie d'une phase de formalisation pour faire le point sur ce qui a été appris en la réalisant. 

Bien sûr, ça ne marche pas à tous les coups. Et ce qui fonctionnera bien pour certains sera inefficace pour d'autres. Mais on ne "calibre" pas ses activités parfaitement dès le premier essai. L'expérience aidant, vous trouverez celles qui fonctionnent avec le plus grand nombre. 

Il n'y a évidemment ni "bonnes" ni "mauvaises" méthodes en elles-mêmes. Leur valeur dépend des résultats générés par leur utilisation. Et il vaut finalement sans doute mieux appliquer une bonne vielle méthode expositive (ie : faire un cours magistral ou projeter un film) empli de passion et suivi d'un débat bien mené avec les élèves que d'employer une méthode active à mauvais escient, en tentant de contrôler le mondre des comportements des apprenants. Quoi qu'il en soit, si vous n'êtes pas satisfait des résultats générés par vos méthodes dans votre classe et si vos élèves s'ennuient, n'hésitez pas : changez !

Photo titre : Mait Jüriado via photo pin cc
Illustration corps de texte :  Lady Wulfrun via photo pin cc


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