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Publié le 10 juin 2012 Mis à jour le 10 juin 2012

Etes-vous prêt à tout gober sur Internet ?

De grands médias expliquent la méthode de vérification des informations trouvées sur les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux constituent une arme à double tranchant pour les journalistes. D'un côté, ils leur donnent un accès privilégié à l'actualité la plus chaude en dehors des canaux officiels, des points de presse et des communiqués. De l'autre, tout va si vite qu'une fausse information peut circuler aussi rapidement qu'une vraie et créer une véritable confusion chez les lecteurs et les auditeurs.

Les révolutions arabes de 2011 l'ont montré : l'information peut se propager à la vitesse de la lumière. Parfois, trop vite. L'exemple d'Andy Carvin est frappant. Alors qu'il assiste à une conférence sur les réseaux sociaux et le Moyen-Orient, il reçoit un gazouillis d'un internaute qui veut savoir d'où provient le missile figurant sur une photographie prise en Libye. Sur l'arme, on décèle deux symboles : le premier ressemble à un croissant et le second à une étoile. Certains l'interprètent comme une étoile de David. Un service de nouvelles libyen fait déjà circuler l'image en titrant que les industries israéliennes travaillent contre la Libye. Le journaliste fait alors quelques recherches. Le missile serait, en fait, d'origine britannique et le « croissant » représenterait un parachute.

Une rumeur déjouée par l'esprit sceptique du journaliste et de son interlocuteur qui lui a transmis la photo. Mais tous deux auraient pu simplement diffuser le cliché sans jamais le questionner. À l'ère des réseaux sociaux, les médias traditionnels sont contraints d'adopter de nouvelles lignes de conduite pour éviter, justement, de colporter des rumeurs. BBC, CNN et autres sont très prudents lorsqu'ils reçoivent une information provenant de Twitter ou Facebook.

Même les médias électroniques comme Storyful ou Breaking News.com marchent sur des œufs et procèdent à des vérifications systématiques avant de relayer une nouvelle transmise par les médias sociaux. Malgré tout, il arrive aux reporteurs de tomber dans le piège à cause de la pression des heures de tombée et de la nécessité d'alimenter en permanence les canaux d'informations continues.

 

Les précautions élémentaires

Alors, si des spécialistes de l'information se trompent, comment le citoyen ordinaire peut-il se prémunir de la rumeur ? En appliquant des procédures de vérification similaires à celles qui ont cours dans la presse.

Craig Silverman du Poynter Institute a créé un diaporama sur la question pour les journalistes, dont peuvent s'inspirer tous les internautes. Un groupe de journalistes britanniques  a pareillement réfléchi à la question et a formulé des recommandations publiées sur journalism.co.uk :

  • La règle du « trop beau pour être vrai » : on annonce la démission d'un homme d'État ou la mort d'une célébrité, mais vous sentez que quelque chose est louche dans cette nouvelle? Rien ne vaut une minute de réflexion afin de vérifier d'où provient l'information. Est-ce que ce qui y est rapporté semble fiable? Le contexte paraît-il véridique? Qui sont les sources? Combien y en a-t-il?

  • Être sur plusieurs plateformes : ne pas se contenter d'une source d'information. Il faut regarder ce qui se dit sur d'autres réseaux sociaux, suivre des fils RSS, etc.

  • Comprendre les tendances sur Internet : des sites comme TrendsMap permettent de comprendre et suivre ce qui se dit sur les différents sujets d'actualité dans les diverses régions du monde et aident à différencier l'information de l'opinion.

 

Qui parle ? 

Mais le conseil principal est de vérifier à plusieurs reprises la source de l'information reçue. Par exemple, il n'est pas difficile de savoir si un compte Twitter est fiable : qui l'anime ? Depuis quand est-il créé? Décèle t-on un pati-pris d'opinion dans les gazouillis et cela pourrait-il nuire à la véracité des informations diffusées ? 

Les internautes peuvent savoir qui est derrière un domaine Web ou détecter la provenance et les différentes utilisations d'une image avec TinEye. Les personnes averties pourront aussi chercher à savoir si un cliché a été retouché : semble-t-il y avoir des éléments ajoutés ? Des ombres étranges ou des contours bizarres autour des individus et objets? Quant aux vidéos, il faut se méfier des montages qui pourraient ne présenter qu'une partie de la réalité.

Enfin, le citoyen a un avantage sur le journaliste : il n'a pas d'heure de tombée. Il peut donc prendre son temps avant de publier une information. Il peut se servir de plateforme comme Storyful ou d'autres outils de crowdsourcing pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une rumeur ou d'un acte de propagande. Et s'il est honnête, il doit préciser que la nouvelle diffusée provient de réseaux sociaux et, s'il n'a pu la vérifier, affirmer que ce n'est qu'un ouï-dire pour le moment. Il pourra corriger son article ou rédiger un tweet quand de nouveaux détails arriveront, infirmant ou confirmant l'information.

Toutes ces démarches n'empêcheront pas à coup sûr qu'une rumeur soit relayée sur les réseaux sociaux ou dans les médias traditionnels. Néanmoins, ils en limiteront la diffusion. À condition que la majorité des internautes se plient au jeu de la rigueur journalistique, un exercice particulièrement exigeant lors de crises sociales.

« 8 must-reads detail how to verify information in real-time, from social media, users », Craig Silverman, Poynter Institute, 27 avril 2012

photo : PIX-JOCKEY via photo pin cc


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