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Publié le 14 mai 2012 Mis à jour le 14 mai 2012

Individualisation de la formation et effectifs pléthoriques : mariage difficile

L'école africaine ne ressemble pas à l'école occidentale. Par conséquent, les théories et stratégies pédagogiques ne peuvent y être appliquées sans adaptation.

L’évolution des méthodes d’enseignement et des pratiques didactiques, parfois fondées sur des théories élaborées de longue date, viennent trébucher sur la dure réalité. En Afrique, les effectifs pléthoriques s’accordent souvent mal avec la mise en œuvre de l’individualisation de la formation.

 

Des expérimentations pédagogiques originales en Afrique

La fin de l’année scolaire approche et, dans les écoles, on commence à dresser les bilans. Souvent élogieux, de manière à solliciter pour demain de nouvelles subventions. Le besoin d'argent frais est d'autant plus important que dans nos villes, les apprenants agglutinés dans les salles de classes n’ont plus de place pour s’asseoir, que le maître ou le professeur ne peut plus se frayer une voie pour passer entre les bancs et contrôler les cahiers de ceux qui en ont un. Enfin, selon une prescription officielle dont il a déjà été question dans nos lignes, les redoublements sont interdits au profit des promotions collectives perçues comme des alternatives à l’individualisme. Ces promotions, souvent crûment analysées, engendrent des effets mitigés au Cameroun. Dans le même temps, les classes multigrades, expérimentées au Mali et répandues en Afrique grâce à l’ouvrage de Jean Valérien, permettent à plusieurs élèves de niveaux disparates, de suivre le même enseignement, parfois avec des maîtres différents et de réussir l’année même si l'avenir scolaire de l'élève dépend avant tout de son résultat aux examens officiel.

Il est heureux que l’Afrique elle-même mette la main à la pâte pour trouver les solutions permettant de minorer les difficultés infrastructurelles et conceptuelles de l’enseignement. Or, certains courants pédagogiques élaborés en Europe et en Amérique du Nord assurent qu’il faut recourir à l’individualisation de la formation, processus d'organisation de la formation visant la mise en œuvre d'une démarche personnalisée et qui, lit-on sur ce blogue, se définit comme un ensemble de démarches méthodologiques qui s’appliquent à la conception de systèmes d’actions et de dispositifs de formation pour atteindre efficacement l’objectif fixé. Selon le Carif, cette méthodologie « désigne la possibilité pour des apprenants, à partir d’un dispositif de positionnement à l’entrée, d’effectuer des parcours d’apprentissage différents selon leurs besoins et leurs objectifs personnels ».

L’apprenant se voit ainsi proposer un environnement et un contexte de formation (outils, contenu, mode d’apprentissage, calendrier…) qui s’adaptent à son niveau, ses besoins, ses préférences et lui permettent de progresser à son rythme.

 

Nous gérons déjà une diversité extrême...

Toutes ces théories, savamment élaborées et conçues pour un contexte donné, peinent à se concrétiser dans d’autres environnements totalement différents. Il y a donc une interpellation pour les concepteurs africains qui doivent tenir compte de l’environnement réel de leurs apprenants. La tâche est difficile, car ces apprenants sont des nomades ici, des chasseurs et des pêcheurs là-bas, en nombre très réduit en salle de classe dans les villages, ou en sureffectifs dans les zones urbaines. Les modes d’enseignement divergent d’un point à un autre selon que l’on est fils de commerçant ou que l’on est cultivateur, ou enfant soldat. Si l'on ne craint pas l'oxymore, on dira que l'uniformisation de la mise en oeuvre de la diversification est fort compliquée. Car le contexte semble jouer ici un rôle encore plus important que les styles d'apprentissage sur lesquels se fonde la pédagogie différenciée. Mais, à l’heure où la massification de l’éducation des enfants devient un impératif, des solutions sont obligatoires. Renouveler les infrastructures de la maternelle à l’université, les équiper avec les aides multiformes reçues de tous les partenaires imaginaires et réels, former les enseignants en grand nombre et les amener à s’intéresser aux outils modernes de la techno-pédagogie, exploiter l’engouement des jeunes pour les Tic, mettre à profit la disponibilité de la fibre optique qui s’insinue désormais dans les villes et les villages et adopter enfin, la politique qui allie le grand groupe et l’individualisation de la formation. Des enfants bien formés et bien instruits sont la base du développement et de l’expertise critique à long terme. Ils seront compétitifs, tous et chacun.

photo : SimonWhitaker via photo pin cc


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