Bricolage : conception assistée, fabrication immédiate

Sous le porche devant la maison, nous avons deux lanternes solaires en toile fine. Deux jolies sphères légères qui s'allument automatiquement chaque soir. Mais voilà, légères et volumineuses, elles ont été arrachées par le vent fort de la semaine dernière. Un des oeillets (moulés dans la plaque de plastique du dessus) permettant de passer un fil et d'accrocher la lanterne s'est cassé.  Résultat, j’ai passé un moment avec un bout de cheville de plastique trouvé au sous-sol, un cutter et de la colle forte à bricoler un ersatz de l’original. Ça tient mais ça pourrait être plus beau et plus facile à réaliser, sans être un artiste du miniature. Comment? Avec ce qui devrait se trouver à côté de notre imprimante à la maison d’ici peu : l’imprimante 3D.

Vous avez déjà vu ce que permettent de faire les logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO) ? Ces modèles d’objets, de bâtiments, de machines ou autres – des personnages, même, comme dans les films d’animation. Une imprimante 3D permet de construire des objets physiques à partir des modèles 3D virtuels créés par CAO.

Comment ça marche ?

L’imprimante 3D crée l’objet en appliquant de fines (nanométriques – entre 16μ et 30μ en ce moment) couches de matériel l’une sur l’autre.  Il est possible d’utiliser du plastique, du métal, du caoutchouc et des polymères. Les objets ainsi créés possèdent une perfection absolue, les parties mobiles (axes, roues et engrenages) sont prêtes à l’utilisation dès leur sortie de l’imprimante.

Dans mon cas, j’aurais pu démonter la plaque de plastique de la lanterne, sortir la pile et le capteur solaire ainsi que le circuit électrique et prendre des photos (avec mon téléphone peut-être) de la pièce à construire. Etape suivante : reproduction virtuelle de la pièce en CAO à partir des images. Et impression en plastique. Je n’aurais eu qu’à remonter le tout. J’aurais pu faire un compromis et me contenter de reproduire un œillet, poncer ce qui restait du précédent et coller le nouveau à sa place. D’une façon ou de l’autre, le résultat aurait été parfait, aucune différence avec l’original n’aurait été perceptible.    

Si vous pensez “Hum… Et alors?”, repensez! On pourra peut-être bientôt créer nos propres objets, peut-être en reproduire quelques autres apercus ailleurs, probablement télécharger des plans, des modèles virtuels et les imprimer chez soi. L'ordre économique mondial actuel pourrait être bouleversé si l'avantage obtenu par la production à grand volume (les fameuses économies d'échelle) s'estompaient rapidement. Si le coût de production de la première unité devenait le même que celui de la production de la millionième unité, par exemple, on pourrait relocaliser la production et la ramener plus près des consommateurs. Je spécule mais nous sommes possiblement à l'aube d'une révolution technologique encore plus grande que ce que nous avons vécu depuis l'arrivée d'Internet, des mobiles intelligents, de la musique et de la littérature numériques. 

Cet article, Disruptions: The 3-D Printing Free-for-All, du New York Times présente les difficultés qu’auront les entreprises à protéger la propriété intellectuelle du design d’objets.

À lire aussi, Imprimer le réel à portée de main, de Sabine Blanc sur OWNI. Elle y mentionne MakerBot Industries, un fabricant d'imprimantes 3D en pleine croissance qui a attiré l'attention (et l'investissement) de Jeff Bezos, fondateur, président et chef de la direction d'Amazon.

MakerBot Industries n'est pas seule, une recherche sur le web permet de découvrir de nombreux autres fabricants, dont Cube 3D, dont parle CNet France dans CES 2012 : une imprimante 3D à la maison. Vous devriez aussi trouver que les prix sont déjà "raisonnables".

Je vous laisse explorer, j'ai une bibliothèque à modéliser...   

photo : une imprimante 3D MakerBot. Dan Patterson via photo pin cc 

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