En Tunisie, suite à une explosion démographique conjuguée à un programme de scolarisation généralisé, le nombre de diplômés n'a cessé d'augmenter sans que la création d'emplois ne suive le même rythme. Les diplômés chômeurs ne cessent d'évoluer de formations spécialisées en formations complémentaires ou stages en entreprise sans avoir l'occasion de faire fructifier les compétences acquises dans un travail rémunéré qui les fasse entrer dans la vie active. Même les jeunes qui sont orientés assez tôt dans les formations spécialisées ne trouvent pas chaussure à leur pied. Faut-il imputer cet état des lieux aux seules conditions socio économiques, à l'inadéquation des formations aux réalités de l'offre d'emploi sur le marché ou encore au manque d'initiative individuelle et de mobilté sociale ? Sans doute tous ces aspects à la fois tant la complexité de la formation et de l'emploi fait entrer en jeu les dimensions socio économiques et l'acquisition de compétences professionnelles.
Une offre conséquente
En Tunisie, la formation professionnelle est assurée par des opérateurs publics tels que l'ATFP (Agence Tunisienne de Formation Professionnelle) et les centres techniques de formation de divers ministères ainsi que des opérateurs privés, établissements de Formation Professionnelle agrées par le Ministère de l’Education et de la Formation.
Le dispositif de formation professionnelle se caractérise ainsi par la présence sur l’ensemble du territoire de 130 centres publics de formation professionnelle, 41 agences de vulgarisation et de formation agricole et 8 dans le domaine touristique. La formation délivrée permet d’acquérir différentes qualifications dans plus de 259 spécialités dans divers secteurs (Bâtiment, Textile et habillement, Cuir et chaussures, Mécanique générale et construction métallique, Electricité, électronique, Tourisme et hôtellerie, Métiers d'Art et de l'Artisanat, etc.)
Les offres de formation ne manquent donc pas et elles s'adressent autant aux bacheliers qu'aux élèves ayant interrompu tôt leurs études. Quant aux formations continues en entreprise ou destinées aux salariés de la fonction publique, elles ouvrent des perspectives certaines à la promotion professionnelle. La plupart de ces formations adoptent des approches innovantes telles que les formations hybrides qu'elles soient diplômantes ou non, des formations en alternance ou résidentielles,, des formations initiales ou continues. Le CENAFFE pour la formation de formateurs en éducation, l'ISEFC qui a permis la mise à niveau du personnel éducatif depuis les années 80 et qui a évolué dans la formation numérique et relève maintenant de l'université virtuelle tunisienne sont des organismes de haut niveau qui participent à l'évolution professionnelle et à la mobilité des employés.
Une employabilité à développer
Selon Chokri Gharbi, analyste au journal La Presse : Le principal problème qui s'est toujours posé au niveau du système de la formation professionnelle concerne le placement des apprenants, une fois leur diplôme en poche. Certes, certains diplômés arrivent à décrocher un emploi dans une entreprise ou créent leur propre projet, mais un grand nombre - surtout dans les régions intérieures - reste au chômage.
La solution résiderait dans le diagnostic de la situation des centres d'information par rapport au marché de l'emploi, la restructuration du système public en impliquant les spécialistes et les professionnels de différents secteurs et la formation de formateurs dans les domaines techniques et pédagogique pour améliorer l'efficience de la formation.
En ces temps de crise, on opte le plus souvent pour la formation intra entreprises car la formation inter-entreprise revient plus cher mais les responsables de formation manquent parfois d'expérience et de professionalisme et ne sont pas toujours au fait des législations en vigueur.
Par ailleurs La formation continue évolue peu en qualité au sein des entreprises et chaque année ce sont les mêmes thèmes qui refont surface. Les nouveautés se catonnent dans les formations fiscales et juridiques qui semblent décoller davantage que d'autres secteurs. On note que même si le nombre de centres de formations a augmenté, les entreprises ont pris l'habitude de traiter avec les mêmes centres sans trop solliciter de nouveaux centres avec de nouvelles offres.
Dans un domaine aussi mouvant que la formation professionnelle dans un pays qui connait des bouleversements à tous les niveaux, l'urgence est de revoir la qualité et l'adéquation de l'offre de formation aux possibilités d'emploi et de coopération avec d'autres pays.
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