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Publié le 25 mars 2012 Mis à jour le 25 mars 2012

Tice en Afrique : Un si long sommeil, un si lent réveil

Les infrastructures techniques en plein développement dynamisent l'usage des TIC dans les pays d'Afrique. Pourquoi les systèmes éducatifs ne suivent-ils pas le mouvement ?

Il est un domaine auquel l'Afrique semble désormais s'être arrimé avec un intense plaisir. C'est celui des Technologies de l'Information. La revue a Thot a déjà mille fois montré que les jeunes du Continent noir n'ont plus rien à envier à leurs homologues de l'Inde, d'Europe, de Chine ou des Amériques en ce qui concerne les objets dernier cri comme les smartphones, téléphones d'une rare ergonomie et aux fonctionnalités multiples pour écouter de la musique, regarder les films, se connecter au village, obtenir des réponses précise pendant les examens et se mettre instantanément au courant des événements les plus récents. N'en doutons pas, les padphones seront bientôt dans nos villes, quasiment en même temps que dans les métropoles des pays développés ! Rien d'étonnant à cela, et à chaque âge ses plaisirs : nous, les aînés, servons de modèles aux jeunes puisque nous obtenons à peu de jours près, les nouvelles cylindrées que les pays occidentaux mettent en circulation pour les "en haut d'en haut "de chez eux.

Les lendemains s'annoncent heureux avec la série des satellites africains, qui entrent en service sur le continent et avec les applications agricoles et de développement qui se développent, d'autant plus que la Banque Mondiale vient d'accepter de financer plus substantiellement encore le haut débit en Afrique mais aussi l'installation des backbones entre des pays frontaliers qui rendent aisées les communications. Malgré une télédensité mitigée il y a 5 ans, on observe de nets progrès au niveau des infrastructures relatives à la fibre optique aussi bien entre entre deux pays comme le Tchad et le Cameroun, mais aussi à l'intérieur d'un même pays, comme l'Île Maurice, au profit de la population.

Ces aspects très positifs cachent cependant mal des réalités moins glorieuses. On sait que les télécentres ferment les uns après les autres. On sait aussi que les radios scolaires disparaissent et que les télévisions s'occupent davantage de politique que d'éducation. Les médias de masse sont remplacés par les médfias personnels, alors que des pourcentages importants de nos populations ne peuvent pas y accéder.

La situation dans le domaine de l'éducation demeure préoccupante. Depuis 2007, le système LMD est effectif dans de nombreux pays africains. Ce système exige une centration sur l'apprenant avec une autonomie de l'apprentissage au moyen des ENT. Il est rare de trouver dans nos universités des structures permettant aux étudiants de remplir les conditions qui leur sont demandées pour réussir. Peu d'établissements ont introduit le wi-fi au sein de leur campus. Les enseignants ignorent encore le netmeeting, les working groups via yahoo, hotmail ou gmail, etc. L'accès au réseau Internet pour le service aux étudiants suit la logique des services administratifs non reliés entre eux.

Les difficultés de l'utilisation des Tice sont nombreuses. En termes financiers d'abord : les investissements ne se font pas dans la durée et ne suivent pas le rythme d'apparition des nouvelles technologies. En termes pédagogiques ensuite : dans les pays africains comme partout ailleurs, les équipements ne sont rien sans l'intention pédagogique qui en sous-tendent l'usage. Nous retrouvons là une des recommandations récurrentes émisespar le Panaf. En termes administratifs enfin : les rares enseignants impliqués dans la mise en oeuvre des Tic sont pratiquement abandonnés à eux-mêmes.

Un autre problème majeur empêche l'utilisation des Tice en vue de la qualité de l'enseignement. La mise en oeuvre des formations en ligne locales constitue un vrai défi en Afrique, ainsi que Thot l'avait déjà souligné. Les contenus créés sur la plateforme Sankoré et ceux dont la réalisation est soutenue par l'AUF restent des exceptions.

Les outils numériques prolifèrent dans des secteurs autres que celui de l'éducation. En restant en marge de cette évolution, le secteur éducatif prive des milliers de jeunes d'en bénéficier à bon escient, d'en faire bon usage. L'on peut y arriver. Patiemment. Avec de la volonté. Mais le travail est âpre et long. Il faut créer les contenus, former les formateurs, équiper les zones en électricité et en téléphone, alphabétiser les paysans pour qu’ils comprennent la nécessité de tels équipements dans la brousse.

Sans ressources humaines motivées, sans infrastructures appropriées, sans contenus pédagogiques élaborés, il y a fort à parier que l'Afrique dépendra encore pour longtemps de l'extérieur...

photo credit : Ericsson Images via photopin cc


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