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Publié le 05 mars 2012 Mis à jour le 05 mars 2012

Pour contenir la fuite des cerveaux

On aimerait dire que le soleil ne brille pas plus ailleurs que chez soi, mais quand même. L'Afrique est malheureusement encore à la traîne quant aux stratégies à déployer pour maintenir ses enfants sur son sol pendant et après des études supérieures. La litanie des jérémiades est intarissable lorsque l'on sait que les politiques éducatives peinent à atteindre les résultats escomptés. Si les enseignants du Gabon, du Sénégal ou de la Côte d'Ivoire peuvent "tutoyer" leurs collègues européens, ceux du Niger, du Mali, du Cameroun ou de la Guinée apparaissent constamment comme des clochards en service sacerdotal et dont les salaires les rendent parfois ridicules aux yeux de leurs homologues d'autres continent. Les maîtres d'école du Cameroun et des pays environnants ont menacé de faire la grève parce qu'ils attendent, depuis des décennies, d'éventuelles indemnités de moins de 10 euros sur un salaire qui n'atteint 20 euros par mois. Quelle conscience professionnelle engager quand on sait qu'il sera difficile de payer le loyer, les factures d'eau ou d'électricité et de préparer des cours pour 100 bambins, sans livres, sans cahiers et sans stylo qui piaillent dans une salle sans toiture et sans ciment ? C'est la conscience proportionnelle qui s'établit.

 

Améliorer la qualité de l'enseignement supérieur africain : mission difficile

Pour aider l’État à assumer les fonctions d’éducation, les Privés sont entrés dans la danse. Au Cameroun, près de 150 institutions d'Enseignement supérieur (IPES) sont reconnus et ouvrent des facultés de médecine, de communication, des Écoles Polytechniques, etc., qui essaiment le territoire. D'autres pays ont suivi ce modèle et les universités privées sont devenues supérieures en nombre mais à la qualité perfectible. L'exemple de la région de Goma, en RDC est un exemple. 

Pourtant, le passage, en 2007, au système du LMD dans plusieurs de nos pays aurait été une occasion pour s’inspirer des modèles en vigueur ailleurs. En Afrique, plusieurs rencontres ont été organisées sur l’amélioration de l’enseignement supérieur, l'Unesco a maintes fois donné le ton,  au Burundi, au Cameroun où le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi, DSCE, prévoit des actions à l'horizon 2035. Une belle perspective pour résoudre tous les problèmes, car on sait que pour atteindre  la qualité de l'enseignement en 2015, il faudra 10.3 millions de nouveaux postes d’enseignants, qu'il faut résorber le manque de manuels, de matériels d’apprentissage, de salles de classe, de bibliothèques et des
installations scolaires vétustes.

Cette indigence généralisée provoque la fuite des cerveaux. Huit Haïtiens et Jamaïcains diplômés sur 10 travaillent hors de leur pays. Dans dix pays africains, ce sont plus de 40% des diplômés qui vivent et produisent à l'extérieur. Comment s'étonner alors que nosnpays fassent du sur-place.

 

Les pistes de solution

Il existe au moins trois types d'iitiatives qui peuvent enrayer le mouvement massif de nos diplômés vers les pays développés.

La création de centres d'excellence. Il s'agit d'écoles et de centres de formation universitaire qui, avec l'aide des bailleurs de fonds internationaux, disposent d'équipements de qualité et dipensent des formations de grande qualité, permettant à leurs étudiants d'obtenir des diplômes reconnus au niveau international puis de trouver rapidement sur place ou à roximité un emploi bien rémunéré et intéressant. L'école 2IE (ingénierie de l'eau et de l'environnement) de Ouagadougou constitue un exemple connu de centre d'excellence (95 % de ses diplômés travaillent ensuite en Afrique), tout comme l'Ecole supérieure multinationale de télécommunications de Dakar ou l'Ecole supérieure privée d'ingénierie et de technologies de Tunis.

L'appui aux départements des universités du Sud, dans le cadre de programmes de coopération noués avec des universités du Nord. L'Université d'Uppsala en Suède mène ainsi depuis une dizaine d'années l'international science programme (ISP) qui appuie des groupes de recherche dans des institutions principalement en Afrique, mais aussi en Asie et en Amérique latine. 

Les partenariats entre universités du Sud, ou du Nord et du Sud, pour rendre accessible des formations à distance adaptées au marché de l'emploi local. Le partenariat entre l'Inde et différents pays d'Afrique centrale et de l'Ouest est déosrmais bien connu de nos lecteurs. L'Afrique du Sud pour sa part importe massivement des programes de formation à distance, délivrés dans le cadre de ses universités, afin de maintenir ses étudiants sur le sol national et de es connecter directement aux opportunités d'emploi. Dans l'aire francophone, les efforts de l'AUF ont porté leurs fruits pour dynamiser la création de contenus adaptés aux réalités locales. 

La formation en ligne demeure en effet l'une des stratégies les moins coûteuses pour proposer aux étudiants des formations de qualité, à condition que les dites formations soient adaptées au marché de l'emploi, et que leur valeur soit reconnue comme au moins équivalente à la formation en présence. 

La mise en oeuvre de ces stratégies est d'autant plus urgente que les étudiants étrangers ne sont plus partout attendus à bras ouverts. On leur montre même la porte (de l'avion) avec insistance. Quitte à ce qu'on leur paie le billet de retour. Les pays développés ne veulent plus de nos diplômés. Les méthodes sont parfois brutales, voire stupides, mais considérons nos diplômés de haut niveau comme une chance, plutôt que comme une charge. Une éducation de qualité avec des hommes et des structures de qualité produiront des enfants de qualité, qui eux-même créeront, plutôt que des armes de qualité, des entreprises de qualité. Il y a 15 ans, dans ces colonnes, nous écrivions que l'Afrique avait faim. Le continent crie encore la faim de la qualité.

photo : ktylerconk via photopin cc 


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