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Publié le 02 mars 2012 Mis à jour le 02 mars 2012

Comment les pays accueillent-ils les étudiants étrangers?

La France est présentement perçue comme le mauvais élève dans l'accueil des étudiants étrangers. Mais comment se comportent les autres pays du monde en la matière?

La France durcit encore sa politique envers les étrangers. La circulaire Guant restreint maintenant étroitement le temps de séjour des étudiants étrangers en France : ils doivent partir sitôt leurs études terminées. (voir article La désillusion française des étudiants étrangers sur Thot)  Dans ce contexte peu ouvert, le journal Libération s’est demandé quel était l’accueil des étudiants étrangers dans le monde. La France est-elle unique dans sa « fermeture » ? Représente t-elle le début d’une tendance?

Pas si dure la France?

 

En effet, si la patrie de Voltaire est sévèrement pointée du doigt, elle n’est pas la seule à vouloir resserrer la vis et contraindre le flux étudiant. Le Royaume-Uni a aussi adopté, à la même période (juin 2011), un plan de 25 % de réduction du nombre de visas étrangers, qui ne doit désormais pas dépasser 70 000. De plus, les étudiants non européens devront prouver leur bon niveau d’anglais avant d’obtenir un visa. À la fin de leurs études, ils devront pareillement quitter le pays sans tarder, à moins de prouver qu’ils ont déniché un travail correspondant à leurs aptitudes qui leur rapporte au moins 20 000 livres par an (environ 24 000 euros). En instaurant ces nouvelles règles, les législateurs ont juste oublié un problème de taille : les universités britanniques ont besin des étudiants étrangers et surtout de ce qu'ils paient en frais de scolarité. Si ces étudiants sont découragés de venir en Grande-Bretagne, certains départements universitaires devront fermer. Qui plus est, le regroupement des universités s’inquiète de l’impact d'une possible désertion des étudiants étrangers sur l’économie britannique. En effet, jusqu’à maintenant, ceux-ci rapportaient environ 6 milliards d’euros (5 milliards de livres), ce qui n'est pas tout à fait négligeable en cette période de vaches maigres.

Certains pays sont, peut-être, plus ouverts que la France, mais leur ouverture n’est pas sans limites. Par exemple, au Canada, il y a bien des programmes de travail postdiplôme dans les provinces et territoires. Toutefois, l’étudiant doit répondre à des critères : avoir étudié au moins 8 mois à plein temps au Canada, avoir validé ses examens, posséder un visa et, plus particulièrement au Québec, un CAQ (certificat d’acceptation du Québec). De plus, les étudiants n’ont que 90 jours après l’obtention du diplôme pour s’inscrire à ce type de programme. Le permis de travail ne peut excéder la durée des études et ne peut durer plus de 3 ans.

En Australie, étudier deux ans dans le pays permet d’accumuler des « points » pour obtenir sa carte de résident permanent. Or, depuis, l’été 2011, le gouvernement australien ne privilégie que les étudiants ayant d'excellentes notes et un très fort niveau d’anglais.

Les bras grands ouverts

 

À l’inverse, il y a des nations qui accueillent à bras ouverts les étudiants étrangers. Les États-Unis, par exemple, reçoivent environ 31% d’étudiants étrangers sur ses campus (la France arrive troisième avec 12%). En effet, si les lois américains lois sont dures pour l’immigration en général, les étudiants étrangers sont plutôt bien accueillis. Ils peuvent facilement décrocher un Optional Practical Training (OPT), une autorisation de travail temporaire. Mais attention : l’emploi doit avoir un lien avec le domaine d’études et il est limité dans le temps (1 an en règle général, 1 an et demi pour les étudiants en sciences, en génie, en technologie et en maths). Après il faut obtenir un visa de travail classique, ce qui s’avère plus complexe puisque les États-Unis ont des quotas sévères sur l’immigration.

La nation la plus enthousiaste vis à vis des étudiants étrangers est l’Allemagne. Dans le système allemand, les étudiants non européens terminant leurs études peuvent demander au Bureau de l’Immigration un titre de séjour d’un an, en prouvant qu’ils disposent des ressources financières nécessaires pour couvrir la période de recherche d’emploi. De plus, après cette année, un étudiant peut rester en territoire allemand 90 jours supplémentaires, sans même avoir de visa de travail. Des regroupements ont été créés dans le pays pour aider ces jeunes hommes et femmes dans leur intégration sociale et professionnelle en terre germanique. Évidemment, ces actes de générosité ne sont pas désintéressés. L’Allemagne est en pénurie de main-d’œuvre, particulièrement en génie (mécanique et informatique) et en médecine. Le pays essaie donc de tirer le plus grand profit de la mobilité étudiante et espère combler ses besoins de main d'oeuvre d’ici 2020.

On le voit, la France n’est donc pas le seul pays à poser des limites à l'entrée des étudiants sur son territoire, pous à l'installation des diplômés. Toutefois, sa politique actuelle ne semble pas bien évaluer l'apport de tous ces jeunes  à la société française en matière économique, de savoirs, de recherche, etc. La circulaire Guéant pourrait-elle stigmatiser la France dans un futur proche? La nouvelle circulaire saura-t-elle corriger les failles de l'ancienne ? Quant aux autres pays, garderont-ils des cadres sévères ou feront-ils comme les Allemands qui voient chez ces étudiants une opportunité ? De nombreuses questions auxquelles il faudra s'intéresser dans les prochaines années.

« Et ailleurs, comment sont accueillis les étudiants étrangers ? », Cordélia Bonal & Marie Piquemal, Libération, 5 janvier 2012.

photo : DR.ZVLV via photopin cc


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