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Publié le 13 février 2012 Mis à jour le 13 février 2012

Formation en ligne : les universités africaines en file indienne

Le bilan des universités virtuelles instaurées en Afrique avec l'aide de l'Inde est attendu. Mais on promet de continuer la coopération

Les pays de l'Afrique cherchent avidement un enseignement de qualité. Surtout dans l'enseignement supérieur. C'est pourquoi leurs ressortissants, surtout les jeunes, sont à l'affût, non plus seulement des bourses d'études pour l'étranger, notamment en France, en Belgique ou dans d'autres pays d'Europe, mais sollicitent également les formations ouvertes et à distance dont les offres, venues de loin, se font de plus en plus agressives. Les universités ukrainiennes, suédoises, tunisiennes, britanniques, canadiennes, etc. emplissent la presse africaine de publicité en vue de susciter des candidatures pour des formations ouvertes et à distance et à moindre coût.

 

Une demande toujours croissante de formation à distance

Ces formations sont effectivement très sollicitées. L'Auf indique que, pour l'année dernière, elle a enregistré 12614 candidatures pour 75 diplômes présentés. Il s’agit du chiffre le plus élevé jamais atteint. L’an passé le chiffre était de 10444 candidats. Le nombre de candidats continue donc d’augmenter, comme les années précédentes; Elle relève que, parmi ces candidatures, en 2010, le total des candidatures émanant d’Afrique subsaharienne s’élève à 81.39% (44.81% en Afrique de l’ouest, 32.76% en Afrique centrale, 3.82% pour l’océan Indien). Il s’agit de la même proportion par rapport à 2008 (82.55 %). Comme les 4 années passées, ce sont les Camerounais puis les Burkinabés qui ont le plus répondu.

On comprend que des structures mixtes (réunissant un ou des pays africains et au moins un pays tiers) puissent se constuire avec quelque bonheur comme l'Uva, le Cogique e-learning, 2iE, le Mastel ou encore des structures recensées, il y a longtemps, dans notre revue. Des tentatives pour un réseautage de toutes ces structures de formation à distance ne semblent pas avoir véritablement abouti, sans l'indispensable apport des bailleurs étrangers.

Ces informations prouvent que l'Afrique francophone, bien plus que l'Afrique anglophone, rencontre encore d'énormes difficultés pour subvenir, 50 ans après ses indépendances, à ses besoins éducatifs. A moins qu'ils aient un intérêt non avoué, les bailleurs pourront fermer le robinet pour voir l'Afrique se mettre en route pour marcher toute seule, décidant de ses priorités et comblant ses propres attentes.

 

L'Inde, principal partenaire e-learning de l'Afrique

Dans le cadre de la coopération sud-sud, l'inde et les pays africains ont établi un partenariat qui a conduit ce pays émergent à venir en aide aux Africains par le biais d'une vaste action comprenant la télémédecine, la télééducation et la e-gouvernance à  à travers la panafrican e-network. Ces trois volets de la coopération ont permis de lancer des formations en ligne à partir de l'Inde. J'ai visité les universités partenaires comme Birla, Dehli University, Madras, etc. Les infrastructures sont impeccables et elles ressemblent  à celles que j'ai vues en Chine. Bien organisées, bien structurées, avec des projets-cadres pour les 30 prochaines années. Chacune des universités  que j'ai visitées, disposait au moins d'une radio campus, d'une chaîne  télévision à partir de laquelle les apprenants pouvaient postérieurement revoir les cours et où s'expérimentaient de nouvelles technologies pour l'éducation par les médias. Une politique éducative solide et avérée sous-tendait ces établissements que nous envions et que nous ne savons pas imiter.

L'apprentissage de la pêche, semble-t-il, vaut mieux que du poisson offert. C'est pourquoi à l'approche de la fin de la phase 2 de ce projet indo-africain, il est temps que des questions soient posées. Puisque 50 universités sont à la file indienne devant la porte de leur partenaire, que feront-elles à la fin des partenariats et l'échéance des MoU (Memorandum of Understanding) signant le départ définitif de ces amis ? La question est importante. Il faut  la poser. Recevoir toujours ignore les sacrifices du don et la valeur de ce que l'on a conquis par ses propres moyens.  Au point que le départ des Indiens risque de provoquer de la débandade. Se profilent à l'horizon des obstacles à surmonter.

 

Devenir autonomes pour produire nos formations en ligne

Les cours endogènes manquent. Leur conception est problématique. Les ressources humaines sont peu exploitées, les professeurs intéressés par la FOAD ne sont pas particulièrement pris en compte, leur statut importe peu; ils sont parfois marginalisés;  les stages pratiques en entreprises sont rares et diffiiciles à obtenir et à suivre, la qualité des enseignements en ligne produits localement sont mis en doute. Il faut toujours une couverture académique extérieure pour les valider.  Ces questionnements, déjà formulés, s'accentuent encore sous la pression de l'accélération de l'innovation technologique ; ils confirment également les atermoiements de nos politiques qui hésitent à soutenir fermement ce secteur. Quelle prospective avérée pour le secteur de l'enseignement à distance dans nos pays ? Si la réponse est floue, on comprend enfin que la file indienne soit interminable.

Mais il est temps de rompre avec l'attitude de la main tendue, non pour couper brutalement, mais pour bien amorcer une véritable initiation à l'autonomie, conformément aux intérêts de chaque pays, et toujours en réelle synergie avec les partenaires qui aideront alors à la réalisation des objectifs locaux, régionaux ou internationaux. L'extension des universités virtuelles sur notre continent s'avère maintenant indispensable, les Ministères en charge de ces problèmes pourraient avantageusement se consacrer à cette initiative et se délester des pratiques contraires à la réalisation de la massification d'une éducation de qualité. Le vrai défi est à ce prix.


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