La certification HON (Health On the Net) est l'oeuvre d'une fondation de droit suisse installée à Genève, la Fondation Santé sur Internet. Elle existe depuis 1996.
Des principes de bon sens
Cette certification se base sur 8 principes exposés sur le site de la Fondation:
- L'autorité : indiquer la qualification des rédacteurs.
- La complémentarité : compléter et non remplacer la relation patient - médecin.
- La confidentialité : Préserver la confidentialité des informations personnelles soumises par les visiteurs du site.
- L'attribution : Citer la/les source(s) des informations publiées et dater les pages de santé.
- La justification : Justifier toute affirmation sur les bienfaits ou les inconvénients de produits ou traitements.
- Le professionnalisme : Rendre l’information la plus accessible possible, identifier le webmestre, et fournir une adresse de contact.
- La transparence du financement : Présenter les sources de financements.
- L'honnêteté dans la publicité et la politique éditoriale : Séparer la politique publicitaire de la politique éditoriale.
Tout site délivrant de l'information dans le domaine de la santé désirant être certifié doit en faire la dermande à la Fondation. Si l'examen du site est satisfaisant, il reçoit la certification. Cette certification est réexaminée chaque année.
Les sites certifiés peuvent alors apposer ce logo :
sur leur page d'accueil.
Il s'agit d'une certification internationale. Néanmoins, la certification HON est majoritairement utilisée en Europe et surtout en France, puisque la Haute Autorité de Santé s'est associée à la Fondation La santé sur Internet pour distinguer les sites français dignes de confiance. On compte ainsi plus de 770 sites français certifiés HON.
Mais un succès mitigé
On constate, au vu de ce nombre, que la certification HON trouve vite ses limites. Il existe des dizaines de milliers de sites de santé accessibles en France et, plus généralement, aux francophones. Or, les plus fréquentés d'entre eux ne sont pas ceux qui arborent le logo de la certification en page d'accueil... Le site Doctissimo par exemple n'est pas certifié HON. Le bruit a couru qu'il le serait, ce qui peut faire bondir car, en dépit de mentions très claires dans la Notice légale du site qui se conforment à une bonne partie des points exigés pour la certification, le site est si plein de publicité que ses responsables pourraient difficilement faire croire à son indépendance éditoriale. Le concurrent direct de Doctissimo, e-santé.fr, est lui certifié HON. Mais il reçoit 4 à 5 fois moins de visites mensuelles que Doctissimo, en dépit de toutes ses qualités.
Car des millions d'internautes francophones se rendent chaque mois sur Doctissimo. Ils lisent les articles mais surtout échangent entre pairs par le biais des forums. Et l'on voit ici une autre limite de la certification HON : elle n'est pas faite pour le web 2.0, celui dans lequel les internautes créent le contenu. Sur un forum, les critères 1, 3 et 4 notamment, sont sans fondement. Peut-on pour autant affirmer que l'information échangée par le biais d'un forum est moins valable que celle qui émane d'un article rédigé par un médecin, sur un site certifié ? Elle peut sans aucun doute être moins juste, mais en est-elle moins pertinente pour autant ?
D'autres cas de figure viennent encore compliquer cette course à l'information fiable.
Si nombre de sites médicaux, animés par des professionnels qualifiés de la santé, sont fiers d'afficher leur certification (voir par exemple ici, le cas de cancerbretagne.net) comme gage supplémentaire de leur intégrité et de leur indépendance, deux cas absolument opposés existent aussi :
- Des sites dont le contenu rédactionnel est financé par l'inustrie pharmaceutique, qui ne cachent pas cet état de fait mais le signalent dans des rubriques peu consultées des internautes. Certains de ces sites sont certifiés HON, puisqu'ils sont effectivement "transparents" sur leur financement !
- Des sites qui ne sont pas rédigés par des professionnels de la santé et s'avèrent néanmoins très pertinents, et dont les auteurs ne recherchent pas la certification, estimant que cette dernière favorise systématiquement les mêmes types de sites et ne fait pas de place à des opinions alternatives à la médecine hallopathique, par exemple.
L'existence de ces deux cas de figure a conduit certains blogueurs en santé à refuser ou rendre leur certification HON. C'est ce qu'a fait notamment l'animateur du blog Atoute, qui constate que la seule certification à laquelle croient les internautes est celle de ... Google.
Il est vrai que les sites de santé se portent bien, très bien même, comme le détaille par le menu l'article très poussé publié sur ecommercemag.fr en 2010. Par rapport aux Nord-Américains et aux autres Européens, les Français semblent plus méfiants, notamment lorsqu'il s'agit d'acheter des médicaments en ligne. Il faut dire que la couverture sociale de base quasi-généralisée en France n'incite guère à cette pratique. Mais on peut parier qu'ils font comme les autres confiance aux sites qu'ils aiment et sur lesquels ils se sentent chez eux, sans se préoccuper d'une quelconque certification.
Faire confiance aux grands ? Pas toujours
Mais si le doute vous assaille quant à la fiabilité de votre site santé préféré, le site Pharmaco médicale, dont on comprend tout de suite que ce n'est pas précisément un site de blagues, indique plusieurs pistes.
A côté des sites certifiés HON dont on connaît maintenant les possibles biais, on fera confiance aux sites des agences gouvernementales et intergouvernemantales de santé : OMS, Santé Canada, Agence Fraçaise de Sécurité sanitaire des Produits de Santé... On pourra également consulter les sites des revues sciencitifiques, tout en sachant que certaines études sont commanditées par des laboratoires. La BVCS, bibliothèque de santé canadienne, semble aussi être une source fiable.
Néanmoins, aucun de ces sites ne vous proposera un forum sur lequel vous pourrez bavarder de la percée des dents du petit dernier, de votre moral pas au beau fixe ces derniers jours ou de ces démangeaisons qui vous tiennent éveillé une partie de la nuit. Le domaine de la santé n'est pas monolithique; il existe une infinie variété de sites, qui correspondent à des besoins spécifiques. Veillons à ne pas nous tromper d'espace pour les satisfaire.
photo : Gatis Gribusts via photopin cc