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Publié le 06 février 2012 Mis à jour le 06 février 2012

Apprendre à jouer pour apprendre

Le jeu vidéo local a fait son entrée en Afrique. A quand les premiers jeux sérieux pour les écoliers du continent ?.

Dans les rues de Dakar, d'Abidjan, de Libreville ou de Niamey, on est agréablement imressionné par le nombre de jeunes qui se promènent, tranquilles, soliloquant, sautillant, ou balançant la tête en rythme. Le point commun de ces jeunes est qu'ils portent des fils aux oreilles. Ils sont concentrés, malgré le tumulte urbain. Avec un certain recul, on les retrouve en classe, le prof possédant, on ne sait comment, une ardoise bien plate, où défilent des textes. Ils appellent cela Ipad. Le prof et ses ouailles sont familiers de ces instruments qu'ils semblent apprécier. Cette aisance dans la connectivité préfigure de la mise en oeuvre prochaine du haut débit promis à toute l'Afrique, puisque, selon l'UIT, l'augmentation de la connectivité grâce aux câbles sous-marins va changer la donne. On prévoit pour la mi-2012 une capacité totale de 15,7 Terabits par seconde. L'explosion imminente de la capacité câblée annonce une nouvelle ère de la connectivité pour le continent africain, avec une plus grande bande passante internationale et un accès plus rapide à l'Internet, une connectivité plus fiable, l'accès à de nouveaux services et à des services de pointe et une diminution des prix des services de communications.

Le projet Panaf, qui officie depuis quatre ans pour améliorer la qualité de l’enseignement en Afrique a mis en œuvre un observatoire  des usages des Tic à l’école. Les 160 indicateurs identifiés concernent  plusieurs facteurs concernant  les politiques, l’accès, la formation des enseignants, l’utilisation des TIC, l’apprentissage, la gestion scolaire et l’équité, tous paramètres nécessaires à la réalisation des objectifs visant l’acquisition des connaissances au moyen de ces outils.  Dans le même sillage, l’Unesco a récemment engagé des actions pour faciliter la vulgarisation des Tic pour l’école et l’enseignement. Des fruits commencent à apparaître en contexte africain.

Comme, justement, dans les rues subsahariennes et davantage encore dans les salles de classe, où profs et apprenants rivalisent à travers les réseaux sociaux comme Facebook, HI5, Netlog, Twitter, etc. Malgré ces efforts structurels, il est difficile de comprendre pourquoi les apprentissages ne suivent pas le rythme de l’évolution technologique. Par exemple, plusieurs enseignants sont encore en deçà de la formation élémentaire et technologique comme le montre l’ouvrage de Karsenti et al. sur l’Intégration pédagogique des TIC  en Afrique,  L’Université virtuelle africaine propose  gratuitement une introduction qu’exploiteront ces personnels. De même serait-il illusoire de croire que toutes les écoles du continent noir sont maintenant pourvues de la connexion Internet et des outils qui l’accompagnent.

La difficulté est de susciter de la motivation auprès de ces jeunes connectés qui peuvent apprendre plus facilement avec leurs téléphones et autres appareils à la mode. Le jeu se révèle comme une modalité qui favorise la motivation à l’apprentissage. On propose maintenant aux apprenants des sites pour rechercher des moteurs de recherche qui mettront en contexte tous les participants. Le portail du Café pédagogique a, il y a peu, proposé une série d’activités pour redonner vie aux études françaises classiques et postclassiques auxquels les apprenants ne prêtent vraiment plus attention : par un système ludique bien « dosé », on apprend à lire Racine, Baudelaire, Rimbaud, Maupassant ou à conter, à réciter les fables, etc.

Plusieurs autres activités sont proposées. Mais à quel prix ? En Afrique, qui dispose déjà d’outils performants, s’agira-t-il de faire du copier –coller pour atteindre le but visé ou faudrait-il plutôt s’inspirer et créer soi-même ses propres cours, les mettant en contexte local tant au plan culturel, qu'aux plans lexical et pédagogique ? Là aussi, c’est possible et un récent barcamp à Ouagadougou a montré qu'il y avait des concepteurs de jeux numériques en Afrique, qui exploitent plutôt le créneau du téléphone portable que celui de l'ordinateur, collant ainsi à l'équipement de leur clientèle. Mais quelles politiques d’accompagnement ? Quelle volonté de renouvellement ? Quels moyens sacrifier au bénéfice de ces enfants qui copient tout ce qu'ils veuient d’Occident et qui délaissent les comportements locaux ? Le jeu, alors, devra être sérieux pour remettre les pendules à l’heure.

Illustration : RobW via photopin cc


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