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Publié le 15 janvier 2012 Mis à jour le 15 janvier 2012

Twitter et les révolutions arabes

Grâce aux réseaux sociaux numériques et à Twitter en particulier, l'information n'a pu être contrôlée par les pouvoirs en place. Une autre révolution est en cours.

Le printemps arabe, qui s’est amorcé au début de l’année 2011 en Tunisie, a créé une onde de choc. Des régimes en place depuis des décennies sont tombés sous la pression de peuples exaspérés. Des images fortes qui ont inspiré plusieurs mouvements, dont Occupy Wall Street qui a beaucoup fait jaser à l’automne 2011, mouvement également inspiré de son équivalent en Espagne, et qui a essaimé dans de nombreux pays. Pas étonnant alors que le magazine Time ait nommé les protestataires « Personnalité de l’année 2011 ».

Pourtant, nous aurions pu ne pas savoir grand chose de ce qui se passait en Tunisie ou sur la place Tahrir au Caire. C’est que les gouvernements ont tout fait pour que les manifestations ne s'ébruitent pas à l'international. Il y eut des coupures d’Internet et les autorités ont mis des bâtons dans les roues des journalistes étrangers. Malgré tout, il a été possible de suivre les événements du printemps arabe 24 heures sur 24. En grande partie grâce à Twitter.

Le nouveau convoi de l’information



Des observateurs pressentaient depuis un certain temps que les médias sociaux allaient changer le journalisme. Certes, certaines informations s'étaient déjà répandues beaucoup plus vite via les réseaux sociaux que par le biais des medias traditionnels (exemple : la mort de Michael Jackson en juin 2009), mais le printemps arabe a donné une nouvelle dimension au phénomène. Une étude du IJOC (International Journal of Communication) s’est penchée sur la transmission de l'information par les microbillets.

Auparavant, seuls les grands médias de masse et les journalistes reconnus transmettaient des informations sur le déroulement d’événements. Mais à l’ère des médias sociaux, dans un envirnnement aussi confus que celui d'une révolution populaire, l'information provient de nombreux acteurs : chaînes de télé ou de radio, journalistes indépendants, blogueurs, activistes, célébrités ou simples citoyens. Ainsi, Twitter a t-il transporté les nouvelles et témoignages dans le monde entier. Les gazouillis étaient variés : de la plus folle rumeur au fait vérifié et objectif. Les informations étaient relayées rapidement. Par exemple, une analyse graphique a été conçue avec le mot-clé #jan25 (date du début des manifestations en Égypte contre le gouvernement Moubarak) qui permet de constater à quel point la propagation des microbillets a été importante :



Séparer le bon grain de l’ivraie



S’ils permettent de savoir ce qui se passe, des billets en aussi grand nombre et écrits au fil des événements peuvent aussi effacer la frontière entre fait et supposition. Le journaliste Neal Mann de la BBC déclara ceci en 2011 : « Les journalistes ont autant besoin des réseaux sociaux que ceux-ci ont besoin des journalistes; les gens veulent des nouvelles rapidement, mais ils veulent savoir ce qui est juste et ce qui est du domaine de la rumeur. » Les journalistes ne peuvent donc se passer de Twitter comme source primaire d'information, mais il leur revient de vérifier la pertinence des messages et la véracité de ce qui se partage sur Twitter ou Facebook.

D’ailleurs, l’IJOC a remarqué que, pendant les événements, la plupart des journalistes relayaient des microbillets provenant davantage des grands médias ou d'autres journalistes que des sources civiles non contrôlables. Enfin, les conclusions de l’étude notent que si les journalistes sont abondamment cités dans les gazouillis, les communications officielles (gouvernementales, agences, etc.) sont plutôt ignorées. Pas étonnant : les médias sociaux sont des places publiques virtuelles. La « propagande » des régimes et la répression y sont alors très mal vues et particulièrement dénoncées par les utilisateurs.

Il serait réducteur de cibler Twitter ou Facebook comme les déclencheurs du printemps arabe. Par contre, ces deux plateformes – particulièrement Twitter – ont permis au monde entier et aux manifestants eux-mêmes de partager les petits et grands événements d’une révolution qui, même si elle est toujours en cours, est déjà inscrite dans l’Histoire.

« News as a process: How journalism works in the age of Twitter », Mathew Ingram, Gigaom, 21 décembre 2011

Source de l'image: Twitter Revolt Logo (square) / to the People All Power / CC BY-NC 2.0


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