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Publié le 09 janvier 2012 Mis à jour le 09 janvier 2012

La grosse fatigue des réseaux sociaux

Tout partager, à quoi bon ? Surtout quand tout le monde partage les mêmes contenus...

Un peu fatigué des réseaux sociaux ? Vous n'êtes pas tout seul.

L'an dernier, alors que l'été s'en allait doucement vers l'automne, on a pu lire quelques billets de blogues reflétant une certaine fatigue devant l'activité frénétique des réseaux sociaux et surtout, la volonté de prendre du recul, de ne plus participer au brouhaha ambiant. Ce fut d'abord Guillaume Sagnes, sur le blogue "My Community Manager", qui remarquait une certaine baisse du partage de liens sur les réseaux sociaux et Facebook en particulier. Le premier octobre, Christophe Logiste décidait d'abandonner les réseaux sociaux pour trois mois. Et quelques jours plus tard, Lionel Dujol nous expliquait qu'il avait décidé de structurer autrement le partage de sa veille, afin de publier moins souvent mais mieux.

Ces trois témoignages apportent la preuve d'une préoccupation commune : celle de la qualité dans les contenus publiés sur Internet. Or, les réseaux sociaux ne sont pas les espaces idéaux pour des publications de qualité. Ils pêchent tout à la fois par une surabondance d'informations superficielles, une redondance excessive et une faible visibilité des informations publiées.

 

Redondance et surabondance des contenus partagés

 

Guillaume Sagnes constate que trop de partage tue le partage : "Tout le monde parle finalement de la même chose, du même sujet et plus personne ne se démarque du troupeau". Un "bon" sujet est exploité sur des centaines de supports électroniques ou imprimés, chaque acteur espérant qu'en traitant un sujet censé attirer les foules, il élargira son lectorat. D'où une certaine perte de qualité et de spécialisation des médias traditionnels et numériques, ce qui finit par se retourner contre les auteurs eux-mêmes, les contenus pêchant par un manque de qualité et ne méritant donc pas d'être partagés... 

Lionel Dujol pour sa part n'hésite pas à partager sa veille quotidienne, mais a substitué une veille contextualisée à la veille automatique à laquelle il a fait longtemps confiance. Publier sur tous ses réseaux sociaux en même temps et de manière automatique une URL et un titre, voilà qui ne représente pas une information à haute valeur ajoutée, constate t-il. Il réserve donc la veille automatique à Twitter, espace dans lequel il s'investit peu; sur les réseaux à forte dimension communautaire en revanche, il accompagne systématiquement la référence de la ressource partagée d'un commentaire et même d'une appréciation. Et surtout, il participe à la vie communautaire, commentant le statut de ses amis, cliquant sur le boutons "J'aime" ou "+1" associés à leurs posts et délivrant des commentaires. En retour, il constate que ses propres publications sont plus et mieux commentées. Lionel Dujol a redécouvert une des règles de base de tout fonctionnement en réseau : il faut donner avant de recevoir. 


La vie brèves des nouvelles sur les réseaux sociaux

 

Dujol ne se contente pas de partager sa veille sur les réseaux sociaux. Il en exprime la substantifique moelle sur le blogue "La veille apprivoisée" où il reprend et commente les meilleurs liens repérés chaque semaine, généralement autour d'un thème. De cette manière, il augmente considérablement la durée de vie de son travail. Car remarque t-il, les informations diffusées sur les réseaux sociaux n'apparaissent que quelques heures sur le mur de l'utilisateur, très vite poussées par des informations plus récentes. Si l'on accorde une quelconque valeur au travail de signalement et surtout à la ressource elle-même, il est donc préférable de leur aménager un espace pérenne en ligne, tel qu'un blogue, qui permet en outre le référencement et le marquage des articles par mots-clés. 

Ce souci de la qualité, à la fois de ce que l'on produit et de ce que l'on consomme, se retrouve également dans le billet où Christophe Logiste nous informe de sa décision de suspendre sa participation aux réseaux sociaux numériques pendant trois mois. Lorsqu'il prend cette décision, C. Logiste se doute bien que le retour obtenu des réseaux sociaux n'est pas à la hauteur de l'investissement qu'il y réalise. Même en n'y passant que 30 mn par jour, il calcule que le fait de ne plus visiter ces espaces lui rapportera 15 heures par mois, soit deux jours de travail... Que va t-il faire du temps gagné ? Va t-il s'engager dans de nouvelles activités numériques, ou délaisser plus souvent son ordinateur ? Ses amis et contacts vont-ils s'inquiéter de son absence ? Voici quelques-unes des questions qu'il se pose en inaugurant sa période de sevrage des réseaux sociaux.


Abandonner les réseaux sociaux ?


Trois mois plus tard, revoilà Christophe Logiste avec le bilan de son expérience. Ses périodes de travail sont plus longues, les contenus qu'il produit sont plus denses, tout comme l'information qu'il consomme. Il est devenu plus exigeant et a abandonné sans regret l'information en temps réel : celle qui mérite de perdurer finit toujours par lui parvenir, d'une manière ou d'une autre. De la même façon, "toutes les personnes qui comptent et avec qui (il a) envie d'échanger sont joignables d'une autre manière" que sur les réseaux sociaux. 

Le croirez-vous ? Christophe Logiste n'a pas l'intention de revenir sur les réseaux pour le moment... Même s'il continue d'y diffuser, par le biais d'outils automatiques, les annonces des publications sur son blogue. Il n'est pas inquiet pour sa "réputation" ou la fréquentation de son blogue : les réseaux sociaux sont fort peu prescripteurs, comme le signale Alexandre Roberge dans cet article de notre dossier, et comme le rappelle Guillaume Sagnes : les moteurs de recherche apportent toujours plus de 10 fois plus de traffic sur un blogue que les notifications sur les réseaux sociaux.

Les utilisateurs des réseaux sociaux, certains d'entre eux du moins, sont sans doute parvenus à un niveau d'expérience qui permet de séparer le bon grain de l'ivraie, de ne plus publier à tort et à travers et même de s'en passer. Souhaitons qu'ils soient suffisamment nombreux pour faire vivre les espaces de qualité sur le web, ceux qui permettent à la réflexion de s'épanouir et de construire, semaine après semaine, un corpus pérenne et pertinent pour de nombreuses catégories d'utilisateurs.

Le web 2.0 en surchauffre : trop de partages tue le partage ? Guillaume Sagnes, My community Manager, 29 septembre 2011

Etats d'âme sur la diffusion de ma veille. La bibliothèque apprivoisée, Lionel Dujol, 5 octobre 2011

Pourquoi j'abandonne les réseaux sociaux. Christophe Logiste, 1er octobre 2011

3 mois sans réseaux sociaux : mon bilan. Christophe Logiste, 1er janvier 2012

Illustration : Tahir Hashmi, Flickr, licence CC BY-NC-ND 2.0

 


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