L'histoire récente de l'informatique en milieu de travail a été marquée par l'avènement et le développement des réseaux. Grâce aux réseaux, il est maintenant possible de travailler en collaboration avec des collègues du même bureau ou dans d'autres villes, et ce en direct, sans la moindre perte de temps. Les gains en productivité pour certaines activités ont été spectaculaires.
Des réseaux reliant les machines, on en est arrivé aux réseaux reliant les individus.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que les entreprises prêtent de plus en plus d'attention aux réseaux sociaux. On a d'abord remarqué un effort pour y être présent, principalement à des fins de marketing et de recrutement. Depuis, on a commencé à ajouter une dimension "réseau" à l'intranet de l'entreprise. Puisque le travail se fait de plus en plus à "distance" (parfois d'un côté à l'autre d'une paroi ou d'un couloir) et que, de ce fait, les contacts humains se font plus rares, on espère ainsi créer un lieu (virtuel) d'échange et de mutualisation de compétences - un élément vital de la réussite et de la pérennité d'une société.
Également, dans cette tendance des entreprises, voyons une façon d'accueillir et intégrer la génération Y (nom donné aux générations de jeunes travailleurs nés avec les outils numériques) au milieu de travail. À voir, par exemple, cet article de Julie Le Bolzer pour Les Échos qui illustre bien ce que les outils de collaboration peuvent apporter de mieux, Le collaboratif, pilier des entreprises qui veulent travailler autrement.
Connectés au travail
Or, tout n'est pas si simple et demander aux employés d'être présents et actifs sur ces réseaux d'entreprises peut s'avérer une perte de temps et de ressources. La technologie est, aujourd'hui, facilement implantable mais ceci n'est aucunement un gage de réussite de la démarche.
C'est l'opinion exprimée par Bertrand Duperrin, consultant entreprise 2.0, dans Les outils connectent les gens. Mais à quoi?". À propos des salariés connectés, il écrit :
«Mais les connecter à quoi ? Entre eux ? A l’information ?
Effectivement…mais à trop regarder de ce coté on a simplement oublié de
les (re)connecter à leur travail.»
Il constate que le réseau social est encore trop souvent une bulle dans laquelle on prône l'échange et la mutualisation, alors que tout le reste de l'entreprise et des méthodes de management s'appuient sur des valeurs bien différentes. Pourquoi alors le salarié s'investirait-il dans le réseau social maison, si cela ne constitue qu'une perte de temps face à ses objectifs de production ?
Il convient donc d'intégrer la conversation qui se déploie sur le réseau social au flux de l'information utile et directement productive. Duperrin cite en fin d'articles quelques exemples d'entreprises qui se sont engagées sur cette voie. Elles ne sont pas nombreuses.
Comme le dit encore Duperrin dans la commentaires liés à son article, les efforts d'accompagnement réalisés dans les entreprises visent à faire utiliser les outils plutôt qu'à faire émerger les domaines et usages qui génèrent de la valeur, permettent tout simplement de mieux travailler. C'est pourtant là que se situe le véritable moteur d'une adoption massive des réseaux sociaux internes.
Les outils connectent les gens. Mais à quoi ? Bertrand Duperrin, Bloc-Notes de Bertrand Duperrin, 6 janvier 2012.