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Publié le 29 novembre 2011 Mis à jour le 29 novembre 2011

Les données ouvertes et la naissance de la démocratie : les élections en Tunisie

Les élections qui se sont récemment déroulées en Tunisie ont inaugurè une ère de collecte massive de données et de partage du processus d'élaboration des institutions démocratiques.

Du temps de Bourguiba et de Ben Ali, à part quelques éclaircies fugaces, la démocratie n’a jamais élu domicile en Tunisie. Si élections il y avait, elles étaient toujours truquées et de ce fait peu médiatisées du point de vue de leur déroulement. L’accent a toujours été mis sur une campagne d’intox idéalisant les candidats quasi-uniques à la présidence et censés être plébiscités par le peuple. L’Etat avait la mainmise sur toutes les procédures et la transparence affichée était un leurre dont tout le monde avait conscience mais que peu de gens osaient dénoncer. Il en était de même pour toute autre élection (parlementaire, municipale, associative) gérée par le parti au pouvoir qui avait investi les médias et les structures administratives.

La suite est connue, celle qui conjuguée à une paupérisation des masses populaires au profit des gouvernants, a engendré la révolution du jasmin et mis le feu aux poudres du printemps arabe dans des pays qui vivaient la même situation à des degrés divers.

Après cette période, l'élection d'une assemblée constituante qui s'est déroulée le 23 octobre dernier fut l'occasion tant rêvée de l'exercice de la démocratie dans une vraie transparence. En Tunisie et dans le reste du monde, ces élections se sont tenues sous haute surveillance tant l'enjeu de l'aboutissement de la révolution démocratique était vital.


Rôle de l'ISIE

La Tunisie s'est dotée d'une instance indépendante, l'ISIE (l'instance Supérieure Indépendante pour les Elections), dont la mission principale consiste à superviser les élections de l'assemblée nationale constituante et à assurer des élections démocratiques, pluralistes, honnêtes et transparentes. Durant tout le processus électoral, tout a été documenté, mis à disposition et commenté largement. Les résultats partiels ont été également publiés sous format PDF au fur et à mesure de leur réception, ce qui faisait que la configuration politique de la constituante se construisait progressivement sous l'oeil scrutateur de tout un chacun. L'une des recommandations finales de L’ISIE a été de faire de cette instance une institution permanente dans le paysage politique et constitutionnel en Tunisie.


Rôle de la société civile et de l'Internet

La société civile s'est, elle, particulièrement distinguée par une lecture continue, progressive et médiatisée des résultats. Un article sur Reflets.info rend compte de cette effervescence sur Internet dans le suivi d'élections dont les résultats définitifs n'ont été promulgués définitivement que le 14 novembre 2011 : Partout, les observateurs ont communiqué en ordre dispersé des résultats locaux, intermédiaires ou définitifs. Des comptages, sous la forme de Tweets, de posts Facebook, de pages web, de photos faites de tableaux d’affichage. Mais d'un point de vue data, cela revient à additionner des carottes et des choux fleurs. Certes, mais certaines de ces initiatives inaugurent  une ère de transparence, de collaboration et de participation initialisée avec les élections et étendues à d'autres domaines de gouvernance. On citera Open Tunisia, communauté de "l'open source gouvernance", les tableaux publics d'affichage des résultats, tunisie-constitution.org qui encourage la rédaction ouverte et collective de la nouvelle constitution tunisienne par le biais d'un wiki, etc.


Pour des données ouvertes et pérennes

L'étape suivante dans la transparence exigera certainement la normalisation de cette vaste collecte citoyenne afin de disposer de données dans un format ouvert et réutilisable (outil de collecte de données utilisable à partir d'une plateforme mobile, par exemple). Il faudrait associer les efforts de l'instance officielle et ceux des curateurs de contenus.

Dans un autre ordre d'idées, rappelons que des élections démocratiques se tiennent  au Maroc et en Egypte et bientôt certainement ailleurs. Ces élections  se ressemblent toutes par le désir de rupture avec le passé et celui du contrôle citoyen des processus électoraux. Déjà, si l'engouement des Tunisiens semble en ces premiers temps plus manifeste que celui des Egyptiens (à cause des conditions politiques plus ardues liées à la présence d'un pouvoir militaire), en Égypte du moins vote t-on sur une période plus longue (de novembre 2011 à janvier 2012) à cause de la forte population et du mode de scrutin choisi. Un travail plus systématique de suivi du processus électoral peut être entrepris sur des bases pérennes.

Espérons que le laboratoire tunisien de démocratie directe accouchera de procédures élaborées et sûres pour introduire une véritable transparence dans le fonctionnement des institutions, partis politiques, associations et organisations.



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