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Publié le 24 octobre 2011 Mis à jour le 24 octobre 2011

Comment utiliser un logiciel anti-plagiat ?

Environ 200 écoles supérieures et universités utilisent Compilatio, logiciel anti-plagiat, pour analyser les copies des étudiants. Mode d'emploi..

Anne Hamel est responsable marketing et communication chez Compilatio, la société qui édite le logiciel anti-plagiat du même nom. Cet outil est utilisé dans de nombreuses écoles et universités de plusieurs pays. Anne Hamel nous explique comment fonctionne Compilatio, et comment il est utilisé pour décourager les pratiques de plagiat chez les étudiants.

Comment est né Compilatio ?

En 2005, des enseignants ont fait part de leurs besoins en matière de contrôle du plagiat aux responsables de la société Six Degrés, spécialisée dans le design web. Les développeurs et le corps enseignant ont réfléchi ensemble sur les solutions à envisager. Frédéric Agnès, l’un des deux associés de Six degrés, a alors décidé de porter le projet. La première version de Compilatio est sortie en 2008. En 2009, l'équipe travaillant sur Compilatio a créé une nouvelle société du même nom, intégrée à la holding Six Degrés. 

Six Degrés et Compilatio sont des entreprises françaises ?

Tout à fait. Nous sommes basés à Saint-Félix, à proximité d'Annecy. Douze personnes travaillent chez Compilatio, dans les pôles technique, administratif, commercial et marketing. 

Compilatio est-il utilisé hors de France ?

Oui, nous touchons plusieurs pays et régions francophones en plus de la France : les pays du Maghreb, la Suisse,  la Belgique, le Canada francophone. Nous nous développons également dans des pays européens non francophones, comme l'Italie, l'Espagne et l’Allemagne, où nous avons un bureau.

Rien en Afrique subsaharienne francophone pour le moment ? 

Nous avons des contacts au Burundi et au Burkina-Faso.

Quels sont aujourd'hui les utilisateurs de Compilatio ?

Environ 200 établissements utilisent notre application. En France, ce sont surtout des écoles supérieures et des universités. En Suisse, Compilatio est utilisé dès l'école secondaire, principalement à titre préventif, pour que les élèves prennent de bonnes habitudes avant de commencer leurs études supérieures. Au Canada francophone, ce sont les Cégeps et les universités qui utilisent Compilatio. En Algérie, ce sont surtout les laboratoires scientifiques et les établissements qui accueillent des doctorants (pour le suivi des thèses, donc). En Tunisie, ce sont principalement les grandes écoles d’Ingénieurs qui s’équipent, la première à la faire ayant été la prestigieuse Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis.

 

Compilatio, mode d'emploi


Venons-en maintenant à l'utilisation de Compilatio dans les écoles et universités qui ont adopté cet outil. Avant tout : comment ça marche ?

Compilatio Magister s'utilise en ligne, il n'y a rien à installer sur les postes informatiques ou les serveurs de l’utilisateur, le système est entièrement automatisé. L’institution utilisatrice souscrit un abonnement pour le compte de ses enseignants. Ces derniers bénéficient alors d’un droit d’utilisation illimité pendant toute la durée de l’abonnement de l’institution. Le prix de l’abonnement varie en fonction du nombre d’étudiants et de la durée de l’abonnement (un ou trois ans). Un administrateur est désigné par l'établissement pour gérer les utilisations et diffuser les informations sur le plagiat.  


Lorsqu'un enseignant veut analyser des documents, il se connecte au site, s'identifie et télécharge les documents numériques concernés. Il peut aussi demander aux étudiants de remettre directement leurs travaux sur son compte, via une page web sécurisée. L’analyse de chaque document se lance automatiquement ou non, selon le souhait de l’enseignant.

En chargeant et analysant les travaux de des étudiants au format numérique, vous permettez leur comparaison avec une multitude de pages internet, de publications et documents Word, Excel, Powerpoint, .pdf (...) accessibles sur le web. Vous faites également la comparaison avec les travaux étudiants de plus de 200 établissements partenaires de Compilatio.net, soit plusieurs dizaines de milliers de copies d’autres étudiants.

Quand l'analyse est terminée, l’enseignant clique sur le pourcentage de similitudes (chaines de caractères de 5 à 6 mots) repérées et accède au rapport de synthèse de l’analyse. À partir de ces résultats, l'enseignant tire ses propres conclusions.

C'est à dire qu'il fixe lui-même, et selon le contexte de production du travail, le pourcentage de similitude acceptable ?

Tout à fait, le pourcentage de similitudes et la pastille de couleur sont donnés à titre informatif. Compilatio Magister met en évidence toutes les similitudes entre le travail de l’élève et les sources du web. Si un travail est longuement référencé dans le devoir de l’étudiant, il aura un fort taux de similitudes avec une pastille rouge. 

À l’enseignant d’accorder ces indications avec le type de travail demandé, la matière ou le sujet. Il pourra ainsi  se faire une opinion précise de la valeur d’un travail.

Toutes les sources possibles de plagiat sont-elles repérées par Magister ?

Pas exactement car Magister, comme les autres applications ayant la même fonction, n’est pas un logiciel espion et ne peut pas détecter les sources privées. Nous ne nous substituons pas à l’analyse du professeur !

Nous ne pouvons pas pour l’instant déceler les traductions barbares (réalisées par l’étudiant lui-même) des textes. Les documents en accès payant et privé ne figurent actuellement pas dans nos banques de données. Mais nous travaillons sur la détection de la paraphrase, (et donc de la traduction barbare), et de la citation avérée, grâce à l’étude des champs sémantiques.

L'enseignant a t-il la possibilité de savoir à quelles sources a puisé un fraudeur  pour rédiger son travail ?

Les sources trouvées sont triées et classées par pertinence dans un « top des sources »: sources très probables/ peu probables / accidentelles.. 

Pour attirer l’attention sur les sites de vente de travaux pré-rédigés jugés nuisibles, Compilatio Magister les a identifiés par un petit drapeau noir.

Les sources sont indiquées par leur URL quand il s’agit de pages web, par le nom des fichiers (anonymisés) lorsqu'il s'agit de documents appartenant aux bases de données internes. Un option permet de comparer face à face le devoir avec le site web ou le fichier incriminé.


(ci-dessus : extrait d'un rapport d'analyse)

Renforcer les usages préventifs et la formation


Dans quelles circonstances les enseignants utilisent-ils Compilatio ?

Dans nos présentations, nous préconisons fortement la prévention. Nous incitons les établissement à instaurer une charte anti-plagiat, et les professeurs à rappeler les règles méthodologiques aux étudiants, faire du suivi poussé, annoncer les contrôles anti-plagiat et faire les analyses systématiquement et impartialement, puis à organiser des soutenances à l’oral. Car les étudiants ont sans doute signé un règlement intérieur ou une charte en début d'année, ce n'est pas pour autant qu'ils vont systématiquement penser à ne pas faire d'emprunts excessifs aux sources numériques librement accessibles. Avec un exemple sous les yeux, ils seront beaucoup plus réceptifs aux messages transmis par leurs enseignants, qui pourront de leur côté s'appuyer sur des fragments comparés pour éclaircir la notion parfois très vague d'emprunt.

Combien de temps Compilatio met-il pour analyser un document ?

Cela dépend évidemment de la longueur du document. En moyenne, il faut une minute pour analyser un document de 4 pages, et une demi-journée peut être nécessaire pour analyser une thèse. Signalons que l'utilisateur peut télécharger plusieurs documents en une fois et lancer  ensuite l'analyse. Il sera averti par un courriel lorsque l'analyse de tous les documents sera terminée. Un enseignant peut aussi paramétrer son compte pour que l'analyse se déclenche à chaque fois qu'un nouveau document est ajouté par un étudiant. Il n'est pas nécessaire de garder la fenêtre de l'application ouverte, puisque tout se passe sur des serveurs distants. C'est très pratique pour des enseignants qui veulent faire analyser systématiquement les travaux d'importants groupes d'étudiants.

Y a t-il d'autres utilisateurs de Compilatio ?

Nous avons deux catégories d'utilisateurs individuels. Nous avons ouvert des comptes pour des journalistes, qui avaient des doutes sur l'originalité de certains discours et documents écrits par des personnalités. Mais les journalistes ont des besoins spécifiques en matière de vérification des similitudes, et nous sommes en train de travailler sur une version adaptée de Compilatio, Compilatio copyright.

La deuxième catégorie est celle des étudiants qui utilisent Compilatio Studium, la version simplifiée de Compilatio Magister, pour leur propre compte, pour vérifier leurs propres travaux. Compilatio Studium est né d’un souhait de nos établissements abonnés d’impliquer leurs étudiants dans leur  campagne de prévention du plagiat. C’est l’établissement qui abonne les étudiants et paie les analyses (en général, 4 analyses gratuites pour l’étudiant. Après c’est à lui de payer  pour recharger son compte). Nous proposons l’abonnement Compilatio Magister et Studium dans notre Pack Preventio. Car il n'est pas simple pour un étudiant de savoir où se place la limite entre l'emprunt acceptable (par exemple, lorsqu'on réutilise une formule figée conventionnelle, comme c'est souvent le cas en droit) et celui qui ne l'est pas, qui relève du plagiat. Soulignons aussi que la plupart des plagiats sont involontaires, par oubli, manque de repères méthodologiques…

Studium vous positionne comme acteur de la prévention du plagiat.

Oui, dans la mesure où c'est l'étudiant qui a ici la main sur ce qu'il produit, et où il peut lui-même prendre garde à la manière dont il utilise ses sources. Les enseignants que nous rencontrons apprécient beaucoup ce principe de responsabilisation. 

Vous n'êtes pas seuls, sur le marché du logiciel anti-plagiat. Où se situent vos points forts, vis-à-vis de la concurrence ?

L'interface dans la langue de l’utilisateur est évidement très appréciée de nos clients francophones. Compilatio est désormais disponible en plusieurs langues, en plus du français : anglais, espagnol, italien, allemand. Les autres points forts de l’application sont l’analyse en trois clics (simplicité d’utilisation), le top des sources clair et précis, la comparaison en face à face avec le doc de l’élève et la source, et un prix abordable. Nos clients apprécient également qu'il y ait une version « étudiant » de Compilatio, ce qui fait gagner beaucoup de temps aux enseignants, dans la mesure où les étudiants peuvent voir, et donc corriger, les passages trop proches d'une source externe, avant de rendre leur travail. 


Des outils qui s'adaptent aux nouvelles pratiques de copié-collé


Considérez-vous que le combat contre le plagiat universitaire est en passe d'être gagné, au moins pour ce qui concerne les travaux des étudiants ?

La sensibilisation du monde académique est réelle en France. Mais les sources de plagiat sont nombreuses, et pas encore toutes détectables par Compilatio ou des outils similaires. Notre outil est en perpétuelle évolution pour qu'il détecte mieux les traductions, pour qu'il discerne mieux les citations (et pas seulement grâce à la présence de guillemets). Nous essayons également d'intégrer à nos bases de données les bases documentaires qui regroupent des publications, articles, revues en plusieurs langues, utilisés dans le monde académique. Enfin, nous cherchons aussi des solutions pour mieux détecter la paraphrase, qui n'est pas du plagiat ni de la contrefaçon au sens juridique, mais qui dénote malgré tout une faiblesse dans la culture de la recherche de l'étudiant. 

Pensez-vous que les pratiques plagiaires soient en augmentation ?

Je ne le crois pas. La triche a toujours existé, le plagiat aussi... Mais la profusion de sources disponibles, leur apparente facilité de réutilisation (s'appuyant sur la confusion entre « accès libre » et « utilisation libre »), a brouillé les repères habituels des étudiants qui souvent, plagient par désinvolture. Il y a une culture de la débrouille et du bon plan très forte chez certains étudiants. Ils ont l'impression que tout le monde triche (ce qui est faux), et qu'ils seraient bien bêtes de ne pas le faire.

Considérez-vous les logiciels anti-plagiat comme la solution ultime contre les fraudeurs, qui se servent dans les textes des autres en les faisant passer pour les leurs ?

Bien sûr que non. Compilatio est un outil d’aide à la correction, pour permettre à l’enseignant d’évaluer en toute connaissance de cause et en toute impartialité. C’est un moyen de valider s’il y a bien eu transmission et appropriation des connaissances ou non. Compilatio est aussi un outil qui enseigne la citoyenneté numérique. Au quotidien, c'est un outil fort utile, dans la mesure où il mesure précisément ce qui a été emprunté et montre les sources de l'emprunt. Les rapports d'analyse envoient des messages clairs aux fraudeurs. Certes, ces derniers emploient des tactiques toujours plus sophistiquées pour rendre leurs plagiats indétectables, notamment en s'approvisionnant dans des ressources en accès très contrôlé. Mais les outils s'améliorent. Bientôt, on peut espérer qu'il soit plus difficile de fabriquer un texte plagié indétectable que de produire un texte original. 

 

Le site de Compilatio http://www.compilatio.net/fr/ 

Présentation de Compilatio Magister http://www.compilatio.net/fr/solutions/magister/ 

Présentation de Compilatio Studium http://www.compilatio.net/fr/solutions/studium/ 

Le plagiat dans les médias http://www.compilatio.net/fr/prevention/articles-plagiat/ 

Enquêtes et rapports sur le plagiat dans les universités http://www.compilatio.net/fr/prevention/enquetes-etudes/date/1/ 

 

Voir également «Choisir un système de détection du plagiat» sur le site du service Ecoles-Médias du canton de Genève (Suisse).




 



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