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Publié le 25 octobre 2011 Mis à jour le 25 octobre 2011

Les nouvelles sources du plagieur

Une enquête sur les sources du plagiat universitaire montre que les réseaux sociaux fournissent une quantité importante de données à des étudiants qui ne sont pas toujours conscients du fait qu'ils ne peuvent pas les utiliser telles quelles.

Internet s'avère être l'instrument de l'accès au savoir universel et, en même temps, l'instrument de la fraude lorsqu'il s'agit précisément d'apporter la preuve de l'assimilation des savoirs. Si une quantité phénoménale de sources est devenue accessible au plus grand nombre grâce à leur numérisation et à leur mise en ligne sur le réseau mondial, ce même réseau propose aussi des "kits prêts à copier" à ceux qui ne veulent pas faire l'effort d'apprendre. Et même ceux qui effectuent leurs recherches consciencieusement éprouvent des difficultés à exploiter correctement les données.

Rien que de très connu dans tout cela. mais la nouveauté vient des sources elles-mêmes : à côté des pages qu'il est si simple de copier-coller aujourd'hui, on trouve depuis l'avènement des réseaux sociaux une foule de contributions que certains se pressent d'intégrer telles quelles à leurs travaux scolaires et universitaires.  

C'est ce qu'affirment les collaborateurs de la société Turnitin, qui édite l'application de détection des copiés-collés du même nom, dans un rapport d’une dizaine de pages sur les nouvelles sources de la fraude, publié en 2011.

Les nouvelles sources des tricheurs : Yahoo Answers!, Answers.com, etc.

 

Pour effectuer son enquête, l’entreprise a étudié les millions de demandes d’analyse réalisées auprès de Turnitin par les utilisateurs de l'application et a examiné plus précisément les sources des fragments copiés. Les médias spécialisés des Etats-Unis ont relevé une tendance forte et en croissance : 33% des éléments repris du web proviennent des réseaux sociaux et autres foires aux questions, l’exemple le plus connu de ce genre de service étant Yahoo! Questions Réponses, Yahoo Answer en anglais. En effet, comme l’a confié Chris Harrick de Turnitin à eSchool News, beaucoup de jeunes copient les réponses de ces sites en croyant qu’elles sont d'un niveau académique acceptable. Après tout, si c’est publié c’est forcément fiable, se disent-ils. Une erreur qui leur coûte cher.

Les autres sources n'ont pas disparu : les sites académiques et les sites d'aide aux devoirs représentent encore 14,8 % des sources; viennent ensuite les portails d'information (13,6 %), les sites encyclopédiques (9,5 %) et les autres sites, toutes catégories confondues (4,1 %). Si l'on regarde cette fois les résultats par site (et non par catégorie), le top 8 de Turnitin fait apparaître Wikipedia en première place, Yahoo Answers, Answers.com et SlideShare. Un autre site de partage social de productions, Scribd, arrive au sixième rang.

Mais finalement, qu'est-ce qu'une "source originale" ?

 

Sans chercher à disculper les étudiants plagiaires, Turnitin met tout de même en lumière une réalité importante. Ces jeunes sont nés, pour la plupart, dans une culture numérique où le partage est roi, où les mash-ups se multiplient à une vitesse effarante et où sont apparues les licences libres et Creative Commons. La frontière entre créativité, inspiration et plagiat est devenue très floue ces dernières années. Du coup, nombre de jeunes ne sont même pas tout à fait conscients qu’ils commettent un acte répréhensible en copiant des éléments librement accessibles sur le web qui relèvent bien plus de la conversation informelle que de "l'oeuvre". On estime à 15% la proportion d'étudiants qui trichent volontairement en usant des sites qui proposent des travaux prêts à l'emploi. Les autres font, pour la plupart, un grand effort pour ne pas copier. Et pourtant, ils tombent dans le panneau en oubliant que tout élément original déposé sur le web devient une "oeuvre" qui est soumise au droit d'auteur.

Alors, quoi faire? Pour Turnitin, il est important qu’on enseigne tôt aux élèves et étudiants à citer leurs sources dans les travaux. Un effort qui concerne aussi bien les enseignants que les familles, pour enrayer la culture de la triche. Les enseignants doivent en particulier assurer une véritable formation des jeunes en les familiarisant avec les règles d'utilisation des sources, des licences libres, et les standards de citation. De plus, il faut afficher clairement la hiérarchisation des contenus, dire quels sont ceux qui sont acceptables dans le cadre d'un travail universitaire. Le cas des contenus de Wikipedia est intéressant à ce niveau, car les opinions des enseignants sont très partagées sur leur valeur. Il serait bon de faire mieux connaître les processus de révision des articles et apprendre à distinguer les articles considérés comme fiables de ceux qui ne sont que des ébauches.  Le message est clair : il faut toujours « vérifier ses sources » sur Internet et mentionner clairement ce qui relève de l'emprunt.

À la lumière des résultats de cette enquête, on comprend qu'une grande partie du problème du "plagiat" relève en fait de la confusion dans les statuts des sources en ligne, et de l'ignorance des règles de citation. Il y a donc là des compétences à transmettre sur le sujet. Il y aura toujours des malins qui chercheront à obtenir de bonnes notes sans travailler, mais ceux-ci ne sont pas majoritaires. A côté de leur détection, il convient surtout d'apprendre à tous les autres à utiliser des sources crédibles sans se voir accusé de plagiat.

Social websites are latest sources for plagiarized material”, eSchool News, 1er septembre 2011.


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