iTunes U et YouTube Edu : deux initiatives pour que les établissements d'enseignement supérieur de ce monde puissent mettre à la disposition de tous (ou
presque) du matériel pédagogique. Une idée qui
semblait bonne à condition que les établissements y adhèrent et que le contenu
soit pertinent et suffisamment important pour attirer les auditeurs.
Chez Thot, nous nous étions très tôt penchés sur le
phénomène et nous avons signalé qu'après une première vague d'universités anglo-saxonnes, plusieurs institutions francophones rejoignaient ces plateformes.
Nous avons observé et noté les différences entre les deux portails
et nous sommes même intéressés à l’opinion des enseignants sur ce partage de
contenus sur Internet.
Après toutes ces années, il semble que le mouvement ne soit pas prêt de se résorber puisqu’en cette année 2011, d’autres établissements alimentent à leur tour ce grand marché des podcasts universitaires.
Une offre qui se bonifie
Comme nous l’apprenait EducPros.fr en mai dernier,
Grenoble École de management
soumet sur iTunes U des ressources pédagogiques en management, en design de produit, en droit des contrats et en marketing pour ne nommer que ces domaines.
De son côté, l’ESCEM école de management se sert autant de
cette plateforme pour offrir des cours en ligne sur l’entrepreneuriat ou le
développement que pour faire la promotion de l’établissement par le biais de
témoignages d’étudiants ou de recruteurs des milieux professionnels.
L’Université européenne de Bretagne est aussi entrée sur la
plateforme d’Apple en offrant entrevues, conférences, films étudiants et même
des documentaires. Le collège de France est présent également autant sur iTunes U que sur son
propre site où sont mis en ligne des baladodiffusions de cours et d'exposés.
Quand l’université sort de sa tour d’ivoire
Alain Gerlache,
qui s’est intéressé au phénomène, voit l'intérêt des institutions
universitaires pour la baladodiffusion comme une solution au grand paradoxe
dans lequel étaient enfermées les universités. Car ces établissements sont un
endroit où l’on décortique, observe et analyse le monde. Or, étrangement, le
fruit de ces réflexions était jusqu’à présent confiné dans l’enceinte des
facultés et les revues savantes. iTunes U et YouTube Edu sont en passe de briser les murs de la tour d'ivoire.
De telles initiaitives sont certes intéressantes en termes de promotion des établissements et de la flexibilité de l’apprentissage, mais elles exigent des sommes importantes,
particulièrement pour nourrir le catalogue de contenus. En effet, iTunes U exige que les
établissements qui s’y inscrivent aient, dès le premier jour de mise en ligne,
au moins 150 documents audio et vidéo de qualité acceptable.
YouTube Edu est plus souple en la matière, et les
institutions auraient tort d’ignorer cette plateforme qui, si elle est moins
adaptée aux lecteurs MP3, est très fréquentée. HEC (Haute école de commerce, Paris), par exemple, s’en sert pour
aiguiser l’intérêt de l’internaute avant de l'envoyer consulter du contenu plus dense sur iTunes U. Bref, le site de Google agit alors
un peu plus comme un réseau social que comme une « radio
universitaire ».
La liste des établissements qui adoptent iTunes U s’allonge, autant dans
le monde anglophone que francophone. La question n’est donc plus de savoir
quand la mode de la baladodiffusion universitaire passera, mais plutôt qui
seront les prochains à s’y inscrire et quelles seront leurs offres.
A ce niveau, il y a encore des progrès à réaliser, pour passer de la simple captation vidéo d'un cours en présence à de véritables produits pédagogiques, découpés en chapitres et augmentés de ressources en ligne. Mais parions que, la concurrence aidant, les établissements d'enseignement supérieurs francophones rivaliseront d'astuces pour attirer de nouveaux auditeurs et spectateurs.
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