La fracture numérique s’élargit
dangereusement et de plus en plus, non seulement entre les pays du Nord et ceux du Sud, mais aussi
entre les pays en voie de développement. Pire encore, au sein d’un même pays, il s'observe un énorme écart entre les villes et les villages les plus reculés
qui souffrent encore de l’absence drastique d’électricité, de téléphone, d’eau potable,
etc.
Cependant, lors du Sommet de Kigali, en 2007, la communauté internationale s’est largement mobilisée pour aider les gouvernements africains à réduire
substantiellement
cette fracture numérique. Mais, parfois déçue ,
l’Afrique n’est pas restée oisive, cherchant et se démenant pour introduire désormais les Tic dans
tous les secteurs de la vie comme l’agriculture,
la santé, l’éducation, le commerce. Une avancée certaine, bien que, des années
durant, elle ait traîné le pas pour s’engager elle-même à entreprendre le saut
numérique qui lui était presque imposée depuis les rencontres de Bamako 2000 et
Bamako 2002 qui établissaient les passerelles du développement.
Des concepts nouveaux
ont surgi du fin fonds des villages pour arrimer tous les villages africains au
village planétaire. On se souvient des 700 télé-centres du Mali qui devaient
apporter le développement et l’éducation à tout le pays. Cette idée, qui
germait depuis les années 90, a longtemps mûri. Le concept de télécentre
communautaire est "un centre local qui offre une partie ou la totalité
des services suivants : services d'informations, services des télécommunications
et des données à tous les membres de la communauté. À cet effet, le télécentre
utilise les ressources des télécommunications et de l'informatique comme facteur
de développement socioculturel, économique et politique". L’apparition de
ces centres a fait l’objet de profondes études visant à développer le monde rural.
Depuis quelques années,
le Cameroun a implanté une centaine de ces centres sur les 300 prévus à l’horizon
2015 et qui devraient connecter 20.000 villages. Le mois dernier, une dizaine de Télécentres
communautaires Polyvalents (TCP) ont été
inaugurés dans l’extrême-nord du pays, aux confins du désert et du Nigéria.
Une idée identique sourd
des entrailles sénégalaises avec une originalité dans la désignation. On parle,
au Sénégal de "cybercase". Ce type de maison joue « un rôle important dans
la réduction de la fracture numérique » et contribue à la lutte contre le
chômage des jeunes. Le Sénégal a pour "objectif d’installer 130 cybercases dans le pays et à terme 350. Le
programme prévoit la formation, par chaque Cybercase, de quelque 500 à 1.000
jeunes par an dans des domaines aussi divers que l’agriculture et
l’électronique afin de réduire le gap numérique et faciliter la recherche de la
connaissance. La première cybercase, installée à Popenguine à 60 km de Dakar, a déjà accueilli près de 470 personnes dont 399 femmes pour des formations en bureautique, alphabétisation numérique et maintenance, selon le Journal le Soleil.
L'un des avantages de cette cybercase de démonstration est qu'elle dispose d'un logiciel en wolof, en arabe et en français. Elle dispose aussi de matériels de télémédecine pour des consultations à distance en cardiologie.
Ces initiatives comptent parmi les meilleures actions destinées aux populations
rurales frustrées et abandonnées. L’éducation, la santé et l'économie globale seront sans doute améliorés par ces équipements. Il faut souhaiter voir s’étendre ces actions à tous les pans de la société.
Illustration : Sanjoy Gosh, Flickr, licence CC BY 2.0
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