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Publié le 27 septembre 2011 Mis à jour le 27 septembre 2011

Principes simples de l'ergonomie pédagogique

Des pratiques et des environnements efficaces; qui mènent à plus de succès et qui sont plus agréables à vivre et ce sans perte d’efficacité.

Les déclinaisons de l’ergonomie peuvent s’étendre à presque toutes les activités et domaines : ergonomie du travail, ergonomie sociale, cognitive, organisationnelle, etc., toujours à la poursuite d’un optimum d'efficacité, d’assurance (sécurité) et de plaisir (confort) et ce pour le plus grand nombre des acteurs d’un environnement donné.

Plus on étend la perpective en termes de durée ou à l’échelle d’un socio-système ou d’un éco-système, plus ces qualités s'influencent.  Un changement de pratique peut ou non amener une hausse de productivité localement mais si, par exemple, ce changement réduit la pollution ou améliore la santé des travailleurs, les coûts globaux pour l’environnement, pour le système de santé et pour les familles peuvent se solder par un important gain social et finalement économique pour l’ensemble. Bonne ergonomie industrielle.

On constate ce genre d’effet inverse quand plusieurs hypermarchés s’installent en périphérie de zones densément peuplées : les gains de productivité pour ces magasins leur permettent de proposer des produits à plus bas coût, mais le drainage des acheteurs à grande échelle provoque la congestion des voies de circulation, l’obligation de transformation d’infrastructures coûteuses et une réduction importante d’efficacité de tout le système de transport entrainant des coûts et des pertes immensément supérieurs aux «gains» directs au niveau du prix des produits achetés dans ces magasins. Mauvaise ergonomie urbanistique.

Les termes de l’ergonomie éducative


En pédagogie, les idées de productivité et d’efficacité ont beau être plus ou moins explicitement au coeur de bien des discours, dans les faits on réalise assez vite qu’il n’y a pas de pratique unique qui permettent des «gains» systématiques. Mais il y a tout de même certaines pratiques systémiques qui peuvent avoir des effets globaux appréciables.

«Efficacité, assurance et plaisir» se traduisent différemment en éducation.  Nous connaissons des pratiques et des environnements efficaces et d’autres moins; certaines qui mènent à plus de succès et enfin d'autres qui sont plus agréables à vivre et ce sans perte d’efficacité.

Par exemple, le facteur «temps réel d’enseignement» par rapport au temps passé à maintenir la discipline ou à réaliser des tâches administratives. Ce facteur est majeur en terme de succès des professeurs avec leurs étudiants.

Les meilleures pratiques ergonomiques augmentent le temps réel d’enseignement et réduisent celui consacré à faire la discipline : efficacité, assurance de résultats et plaisir sont alors augmentés autant pour les élèves que les professeurs. Cela peut passer par la formations des professeurs, le choix de la méthode pédagogique, la composition des classes, le support de professionnels, l’architecture des espaces, la qualité des manuels ou l’utilisation des TICs et sans doute autres choses encore.

Les pratiques qui réduisent l’administration au profit du temps d’enseignement existent-elles ?. Pour les trouver, on n'a qu'une question simple à poser : «À qui profite réellement cette administration ?». L'informatique peut aider, tout comme du personnel dédié à cette activité, mais des gains appréciables peuvent être réalisés simplement en s’en tenant à réunir quelques données statistiquement significatives et à s’en servir. «À l'étudiant» est la bonne réponse.

Il ne s’agit pas d’augmenter le temps passé à l’école, ce qui est socialement et économiquement peu profitable et politiquement difficile, mais bien d’améliorer l’ergonomie éducative.  


Ergonomie intellectuelle : mots, intérêt et pratique


L’apprentissage suit un processus mental, une chimie des liaisons non pas moléculaires ou synaptiques, quoiqu’il puisse y avoir un rapport, mais entre les concepts et images que l’apprenant reproduit dans son esprit.

Les mots sont la trame du tissu de la connaissance.  Chaque mot incompris interrompt la chaîne des liens : rien ne se lie à un vide. Une ergonomie intellectuelle qui comprend efficacité, assurance et plaisir considère avec quelle facilité on peut comprendre les mots utilisés et apprendre ceux que l’on ne connait pas. Dictionnaires, accès aux encyclopédies et références (Internet), glossaire, définitions en contexte, niveau de langage, etc. sont à la base des importants gains possibles et aussi du dynamisme d’une classe. Comprendre est un plaisir et se sentir idiot est plutôt perçu comme une sérieuse perte, pas seulement d’efficacité.

À un autre niveau on sait que l’intérêt est la première condition d’un apprentissage et s’il est conservé par la compréhension des mots et de leurs liens, il doit au départ être suscité et être ressuscité à chaque atteinte d’un objectif. Ennui mortel que l’enseignement sans intérêt; aucun apprentissage, aucun plaisir. S’il est facile de susciter l’intérêt, il est aussi facile d’oublier de le faire et de le refaire.  Montrer à quoi sert ce qui sera enseigné, quel prestige ça apporte, quelles sont les sommités et les «vedettes», les réalisations exemplaires, etc.

Enfin, par quel moyen sait-on si on a compris ou si quelque chose est juste ?  Par la pratique. On parlera d’efficacité si on peut voir des réalisations. On trouvera plaisir ou satisfaction si on peut montrer ce que l’on sait faire.  Un ergonomie intellectuelle saine comprend évidement la pratique. «Mens sana cum sano pratico» Un esprit sain avec une saine pratique, accompagnée évidemment du droit à l’erreur, de l’esprit du jeu.  Les examens «tout ou rien» ne font sans doute pas partie des meilleures ergonomies sociales, quand on sait qu’ils mènent au stress intense de la majorité, incluant les parents, à la dépression et même au suicide chez certains.  Il y a de ces évidences...


Au ministère ?


La réalisation d’une réelle ergonomie éducative comprend une ensemble d’éléments organisés localement et en constante évolution. Dans la recherche «Les clés de l’amélioration des systèmes scolaires - McKinsey  (Téléchargements alternatifs - FR (sommaire) - EN (intégral))»  on démontre clairement l'efficacité des responsabilités replacées au niveau local. Si le ministère peut suggérer et créer des conditions administratives favorables, c'est au niveau local que l'ergonomie s'articulera nécessairement : il n'y a pas d'ergonomie universelle. 

Les principes généraux sont connus, mais leur application est différente à chaque endroit.  Il n’y a pas deux usines, hôpitaux, fermes ou écoles semblables, même parmi les plus ergonomiques; chacune y applique les mêmes fondements simples, adaptés à leur contexte : efficacité, assurance et plaisir.

 

(Photos tirées du document «Ergonomic handbook for the clothing industry») .pdf


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