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Publié le 19 septembre 2011 Mis à jour le 19 septembre 2011

L’école partout, tout le temps et à portée de main avec le téléphone

L'utilisation des téléphones intelligents en classe a de nombreux avantages, à condition de changer le paradigme d'enseignement.

C'est fait : en matière d' apprentissage mobile (m-learning), les téléphones intelligents ont supplanté les ordinateurs portables. Car le smartphone est à la fois plus courant que l'ordinateur portable dans l'équipement des adolescents, et il est surtout plus... mobile. Il bouge systématiquement avec son propriétaire.

Les chiffres et les observations des usages confortent ces affirmations. Selon de récentes études réalisées aux USA, le pourcentage d'adolescents américains disposant d'un téléphone intelligent a cru de 47 % en un an (2009-2010) et dépasse maintenant la barre des 50 % du nombre total de jeunes disposant d'un téléphone portable. A l'échelle du monde, sur les 5 milliards d'appareils actuellement en service, déjà 1 milliard d'entre eux seraient des smartphones. En 2014, les projections tablent sur près de 2,5 milliards de téléphones autorisant l'accès à Internet via la 3G ou la 4G. Le nombre de possesseurs d'un ordinatur portable branché à Internet reste bien en-deçà. Une donnée que ne peuvent plus ignorer les établissements scolaires.

Partout et en tout temps, voilà la clé de la réussite

 

L'avantage considérable du téléphone avec accès à internet vis à vis de l'ordinateur portable, c'est évidemment sa taille. Les élèves peuvent lire des livres numériques lors d’un trajet de bus, effectuer un devoir dans la salle d’attente du dentiste ou pendant qu’ils assistent au match de football de leur petit frère. Dans le New Jersey, tous les élèves de cinquième année du district de Tom’s River ont eu accès à des téléphones intelligents avec connexion Internet sur lesquels ils étaient conviés à faire des exercices. Du coup, le taux des garçons et filles ayant fait leurs devoirs était de… 100%. Du jamais vu qui s’explique pourtant par la valeur que les jeunes accordent à cet appareil.

En 2008 déjà, les écoles secondaires publiques de la Caroline du Nord avaient lancé un projet-pilote pour améliorer les résultats des élèves en algèbre. 150 élèves de neuvième année avaient donc reçu un smartphone équipé d'applications d'algèbre. Encouragés à s’en servir autant en classe qu’à l’extérieur de celle-ci, les élèves ont fait augmenter leur moyenne de notes de 30%. Certains, qui pourtant avaient de réels problèmes de compréhension, ont même développé un goût pour les mathématiques et ont ensuite choisi cette discipline en spécialité.

La généralisation en cours des smartphones aux USA et la valeur que lui accordent les jeunes n'expliquent pourtant pas entièrement ces très bons résultats, bien meilleurs en tout cas que ceux qui avaient été obtenus avec les technologies et appareils précédents, pour lesquels les écoles américaines avaient pourtant dépensé des fortunes. Les progrès sont également dus à la façon d'intégrer les activités sur téléphones aux programmes et activités scolaires habituels : au lieu d'être considérées comme des activités complémentaires, des bonus optionnels, les exercices ont été cette fois étroitement intégrés au cours et aux travaux à faire à la maison. Un chercheur américain y voit la manifestation d'un déplacement de la conception de l'apprentissage, de "centré sur l'enseignant" à "centré sur l'élève". Ce déplacement, espéré par tous les tenants des TICE, semble beaucoup plus réalisable par le biais d'un téléphone intelligent que par celui d'un ordinateur portable.

Les obstacles de l’apprentissage mobile sur téléphone

 

Mais l'usage pédagogique du téléphone intelligent pose encore des questions.

La première tient à l'usage réel de l'outil par les élèves : comment s'assurer qu'ils l'utilisent pour travailler, et pas seulement pour jouer et chatter ? Certains acteurs éducatifs sont partisans d'un bridage des appareils utilisés dans le cadre scolaire et d'une sélection des sites et applications accessibles. D'autres pensent à l'inverse qu'il faut responsabiliser les jeunes et parient sur leur motivation intrinsèque pour utiliser les applications éducatives. Ce deuxième groupe est actuellement majoritaire, d'autant plus que les jeunes ne manquent pas d'idées pour contourner les interdits... 

La deuxième tient au niveau déquipement dans la population cible. 50 % de jeunes équipés d'un smartphone, ce n'est que la moitié du groupe à atteindre ! Certains disent qu’il s’agit d’un faux problème puisque selon les experts, d’ici 2016, tous les élèves du secondaire pourraient avoir un tel appareil en leur possession. Mais, peut-on rétorquer, même si le taux global d'équipement atteignait 100%, certains jeunes devraient se contenter de modèles de base alors que d'autres bénéficieraient des appareils les plus sophistiqués, les plus rapides... Doit-on alors prêter ou vendre des appareils d'un modèle identique pour tous ? Faut-il privilégier des applications fonctionnant sur les plus simples des appareils ? Les pistes de solutions à ce problème ne sont pas nombreuses, et surtout aucun consensus ne se dessine sur le choix de l'une ou l'autre.

La troisième question est liée aux limites de l'utilisaiton de ces appareils. Ils ne se prêtent par exemple pas à la rédaction longue d'une dissertation. Nous nous acheminons donc vers une diversification des supports d'apprentissage plutôt qu'au remplacement des uns par les autres.  

Enfin, la généralisation de téléphones intelligents utilisés à des fins d'exercices ou de renforcement des apprentissages devra impérativement s'accompagner d'un changement pédagogique, dans le sens d'une plus grande personnalisation des parcours. Si 30 élèves d'une classe réalisent tous le même exercice sur leur smartphone, alors qu'ils ont des besoins différents, l'on se prive d'un avantage important de cet outil, qui est la variété des applications et des niveaux offerts.

Et les acteurs éducatifs ont également constaté que l'utilisation accrue des smartphones dans les écoles devait impérativement être accompagnée. Toujours aux Etats-Unis, dans un district où l’on devait distribuer 1500 téléphones à des élèves de cinquième année, trois personnes furent engagées pour aider les conseillers pédagogiques et les enseignants à intégrer l'usage de l'appareil à leur enseignement et à repérer les tâches réalisables par les élèves en conformité avec les programmes.

L'intégration des technologies mobiles dans les usages courants en éducation demande donc du temps et beaucoup d'efforts, dans le cadre d'une démarche structurée. C'est pour aider les acteurs éducatifs désireux de se lancer dans l'aventure qu'eSchool News a publié au début du mois de septembre 2011 un guide volumineux (en anglais) détaillant les étapes de la conduite d'un tel projet, rendant compte d'expériences réussies et proposant une sélection d'applications intéressantes pour l'enseignement. Soyons patients, un tel guide finira bien par être publié en français.

Mobile learning: Not just laptops any more, eSchool News, 25 février 2011.

Illustration : iPhoneIdea go, freedigitalphotos.


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