Le Canada obtient d'excellents résultats à l'enquête PISA menée au sein des pays de l'OCDE, même s'il est en léger recul dans la dernière édition, par rapport aux éditions précédentes. Les jeunes Québécois quant à eux obtiennent des résultats très honorables en compréhension de textes. Mais le rapport du Programme international de recherche en
lecture scolaire (PIRLS) de 2006 du Boston College signale malgré tout quelques points préoccupants. Bien qu’étant largement au-dessus de la moyenne du
PIRLS avec son 23e rang (la France s’y classe 27e), le
Québec est tout de même la plus faible des 5 provinces canadiennes analysées
(derrière l'Alberta, la Colombie-Britannique, l'Ontario et la Nouvelle-Écosse). Mais d’autres aspects du rapport suscitaient des inquiétudes :
- Seulement 91% des écoles québécoises ont une
bibliothèque scolaire alors que c'est le cas de 100% des écoles de l’Alberta;
- 20% des enseignants donnent plus
de six heures par semaine de cours de lecture, alors qu'ils sont 45% en Nouvelle-Ecosse;
- 4% des élèves utilisent
l’ordinateur pour lire en classe contre 19% en Alberta, 17% en Ontario, 15% en
Colombie-Britannique et 14% en Nouvelle-Écosse.
- Seulement 38% des parents
québécois lisent plus de 5 heures par semaine alors que près de la moitié des Britanno-colombiens
le font (49%)
L’état des lieux n’est pas catastrophique, mais on peut voir
qu'il est nécessaire de stimuler le goût de lire chez les jeunes Québécois.
Heureusement, il existe des initiatives très originales en ce sens.
Le sport national… en lecture!
En premier lieu, les plus démunis des petits Québécois peuvent
avoir accès à la lecture grâce à la générosité des plus grands. Chaque année,
depuis 11 ans (12 ans dans la région de Montréal), les consommateurs québécois
sont invités, durant les fêtes de fin d’année, à acheter et offrir un livre
neuf en cadeau. Cette opération de la Fondation pour l’alphabétisation appelée
« La Lecture en cadeau » donne la chance à des dizaines de milliers
d’enfants dans le besoin de recevoir un livre et ainsi de développer le goût de
lire.
Les écoles ne sont pas en manque d’idées quand vient le
temps de donner le goût de la lecture. Par exemple, comment rendre la
compréhension de texte amusante et dynamique? En usant du sport national des
Québécois et Canadiens : le hockey sur glace ! Ici, pas de palet, de bâtons, ni même de patinoire. En revanche, deux équipes
d’élèves s’affrontent en se posant des questions sur un texte qu’ils ont tous lu.
Si l’adversaire répond correctement, il marque un but. Mais attention, il faut proposer
des questions de compréhension ! C’est pourquoi un arbitre s’assure qu'elles
soient convenables et les rejette si ce n’est pas le cas. Comme dans une véritable
saison de hockey, il y a plusieurs matchs et même des séries éliminatoires pour
le hockey-lecture! Cette initiative d’une orthopédagogue de Rougemont permet
d’intéresser tous les élèves à la lecture, particulièrement ceux qui sont en difficultés
d’apprentissage, directement ciblés par cette activité. Une idée
originale qui pourrait se transposer dans d'autres sports comme le football,
par exemple.
À Montréal, une orthopédagogue a trouvé une façon originale d'inciter ses
élèves en difficulté à lire. Avec son groupe de 5e année (dernière année d'école primaire), elle a
réalisé une baladodiffusion d’un conte s’adressant aux plus petits. Évidemment,
l’idée de raconter un texte s'adressant à de nombreux enfants a d'abord fait
paniquer les élèves. Mais en sachant qu’ils pourraient se tromper,
recommencer et même choisir la prise qu'ils estiment être la meileure, ils se sont lancés dans l'aventure
avec beaucoup de plaisir. Ils ont ainsi travaillé la lecture et ont également appris le fonctionnement d’un logiciel audio. Un projet valorisant pour ces jeunes souffrant parfois d'un sentiment d'infériorité par rapport aux élèves obtenant de meilleurs résultats en classe.
En sciences aussi, on peut travailler le goût pour la lecture et l'écriture. Un professeur de sciences de la
deuxième année du secondaire a demandé à ses élèves de produire des livres numériques au format ePub (utilisable sur liseuse, tablette ou smartphone). Le contenu de ces livres numériques était consacré aux biographies d’inventeurs et de scientifiques, destiné aux élèves de la seconde partie du primaire (4e à 6e année).
Les résultats ne sont pas toujours parfaits, mais il s’agit d’une activité
prometteuse et qui pourrait déboucher sur différents usages pédagogiques selon
l’enseignant responsable de l'opération, Sébastien Stasse. Un projet qui est largement détaillé sur un wiki dédié.
Des idées de l’extérieur
Et si le Québec regorge d’idées pour donner le goût de lire,
il aime aussi avoir des avis et suggestions venant de l’extérieur de ses frontières.
Ainsi, en juin 2011, le Centre de transfert pour la réussite éducative du
Québec (CTREQ) recevait Marlène Lebrun du CIELAM-Université de Provence. Dans
une conférence d'une heure trente environ (que l’on peut visionner à cette adresse en
cliquant sur l’icône "Conférence" en bas du lecteur),
la chercheuse a discuté avec des professeurs et orthopédagogues québécois sur
les différents moyens de réconcilier les élèves avec la lecture. Comme le rapporte Carrefour
éducation, Madame Lebrun a offert une liste considérable de suggestions de
projets à mettre en œuvre dans sa classe : comités de lecture, journal de
lecture dialogué, échange culturel, écriture coopérative, etc. Des idées qui pourront être appliquées cette année.
On constate donc que si les petits Québécois ne sont pas encore les champions du Canada en matière de lecture, ils ne manquent pas d'enseignants volontaires et imaginatifs pour les conduire à cette première place.
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