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Publié le 22 août 2011 Mis à jour le 26 septembre 2023

De l’ignorance au savoir : une politique pour s’affranchir de l’obscurantisme

À la racine d'une politique éducative

Chacun peut facilement reconnaître à quel point la connaissance, l’information et le savoir en général sont un gage d’autonomie et leur absence une porte ouverte à la dépendance et la soumission sous toutes ses formes.  Que les chefs jaloux de leur autorité prennent un soin quasi systématique à limiter l’accès à la connaissance nous donne une indication de son pouvoir libérateur.

Les Romains tuaient les personnes les plus âgées des peuplades conquises : les Celtes, les Germains et les Gaulois en ont fait les frais. Dans une tradition orale, tuer un vieillard revient à brûler les bibliothèques, pour paraphraser les mots d'Amadou Hampâté Bâ. Les Romains n’ont pas été les seuls; les colons ont aussi appliqué ce genre de politique en Afrique et en Asie aux populations de même tradition orale. PolPot tuait tous ceux qui étaient éduqués. Salazar au Portugal, Staline en Pologne et en Ukraine et bien d’autres tyrans ont asservi leurs peuples en ne leur octroyant que le minimum d'éducation.

De tous temps on a empêché l’éducation des esclaves.  Aux Indes, les basses castes (les dhalits) doivent toujours se contenter des miettes, y compris en éducation. Encore aujourd’hui, plusieurs pays limitent ou empêchent l’éducation des femmes ou des minorités au mépris de leur intérêt, que ces minorités soient juives, tamoules, quechuas et autre.

Tout système politique d’exploitation qu’il soit religieux, social ou économique propose une mythologie superstitieuse incontestable pour garder une partie ou la majorité de sa population dans l’ignorance et la soumission. La connaissance est nécessairement séditieuse face à un pouvoir fondé sur l’ignorance. Plusieurs associent même la superstition et le sous-développement. Nos sociétés n'en sont pas exemptes.

Par quelle manipulation des esprits parvient-on a justifier la «fatalité» de la pauvreté et le maintient voire l’agrandissement de l’écart de revenus (de l’ordre de 100 000 !) entre les très riches et les pauvres ? Propagande, publicité trompeuse, études biaisées, discrédit public des contradicteurs, censure, poursuites-baillons, manipulations systémiques diverses, le nombre de techniques utilisées n’a de limites que celles de l’inventivité humaine. Ce qui est sûr, c'est que face à un problème qui s’amplifie au lieu de se résoudre, on a assurément affaire à de l’ignorance entretenue.

«La loi du marché» est enseignée comme un dogme politique, presque une superstition, dans bien des pays. Le phénomène des enfants hyperactifs est présenté comme une maladie, tout comme la dépression ou le jeu «pathologique» sans que les industries qui en profitent soient inquiétées ! La corruption et les abus ne prospèrent que dans le mensonge, le secret et l’ignorance.

La reconquête de sa liberté

Quand Franklin a démontré la nature électrique de la foudre en 1750 et a proposé le paratonnerre en 1752, son invention fit le tour du monde en moins de deux ans : de la Chine à l'Afrique du Sud, de l'Europe à l'Australie, de l'Inde à l'Argentine de très nombreux bâtiments en hauteur, dont les églises, furent équipés de paratonnerres.  Les dieux venaient de perdre une partie de leur ascendant sur les humains.

Quand, autour de 1860, Pasteur démontra de façon de plus en plus claire la fausseté de la «génération spontanée» («la vie pourrait apparaître à partir de rien, et les microbes être générés spontanément.»), l’humanité entière commençait à se libérer de la calamité des maladies microbiennes.  Les prières, sacrifices et incantations devenaient subitement moins efficaces.

À tous les niveaux, chaque éclairage sur notre monde et nos relations apporte de la connaissance, augmente nos capacités et notre pouvoir d’influence. Il ne s’agit pas tant d’accumuler, d’apprendre ou d’enregistrer de plus en plus de connaissances mais de développer nos capacités d’observation, de mesure, de comparaison (faire des liens) et de confrontation : aucun domaine n’est laissé à la fatalité (fatum : destin). En arriver à maîtriser plus de connaissances, plus de capacités et plus de responsabilités signifie finalement plus de liberté et de choix d’action.

En pratique

Thot Cursus est né de l’idée de faciliter l’accès au savoir; notre politique et nos actions consistent essentiellement à «attirer l’attention sur», «augmenter les capacités à» et «organiser les données afin de».

La première condition pour apprendre est l’intérêt, «de l’attention concentrée sur».  Si bien des professeurs réussissent quand même à inculquer quelques notions à des élèves désintéressés, c’est en attirant leur attention dessus encore et encore, jour après jour. En formation à distance, le défi est le même, seuls les moyens changent. Thot Cursus aborde des sujets et attire l’attention dessus en diffusant par courriel, par le site, par les réseaux sociaux, par RSS, etc.

Nous n’apprenons pas tous avec la même facilité ni dans tous les domaines. On peut être très habile en mathématiques et pourtant nul quand vient le temps d’apprendre un sport ou une technique comme la couture. On peut être très savant et pourtant d’un ennui mortel quand vient le temps de communiquer son savoir. On peut être un habile praticien mais complètement inepte à faire une recherche ou créer une oeuvre originale. On peut être un excellent professeur mais facilement submergé par des tâches administratives ou d’organisation... Bref, un gain de capacités est toujours profitable et nous continuerons à inciter au développement des capacités techniques et didactiques.

Enfin, face à une quantité d’informations toujours plus importante, le rôle d’organisation des données, de prescripteur, semble plus pertinent que jamais. Autour de thèmes, répertoires et dossiers, Thot Cursus continuera d’éclairer des sujets sous différents angles, même controversés.

Mais en quoi notre politique devrait-elle être différente de celle d’un Ministère de l’éducation ou d’une institution éducative ?  L’école a pour but ultime d’augmenter les capacités de ses élèves et non de les limiter. Elle y parvient en attirant leur attention sur des sujets, en organisant les connaissances autour de ces sujets et en les leur faisant utiliser.

Contrôler le choix des sujets est une activité éminemment politique, ces choix sont idéalement discutés sur la place publique mais au delà, le principe d’habilitation, d'augmentation des capacités à accomplir, est fondamental pour toute société qui aspire à plus de liberté. La défense de ce principe, que ce soit globalement ou pour des groupes minoritaires, est l’action à accomplir.

Ainsi pourrons-nous profiter de la vie paisiblement sans avoir peur ni du voisin, ni du lendemain.

Au survol des textes de loi sur l’éducation, on peut être à la fois rassuré et inquiété : tous sont pour la vertu, mais nombreux sont ceux qui défendent la primauté d’une certaine idée de l’État sur la liberté d’apprendre autre chose.

 


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