Durant la révolution du jasmin en Tunisie, les rues ont été à certains moments désertées par les enfants jalousement gardés par leurs parents et à d'autres moments investies par ces mêmes enfants dans des moments d'euphorie à côté des adultes avec des comportements symboliques de participation immortalisés par les photographes amateurs (fleurs offertes aux soldats, slogans pour la liberté, etc.). Mais la voix de cette génération dont toute une société est en train de dessiner l'avenir trouve actuellement divers moyens d'expression à travers le dessin, la chanson, le théâtre...
Un concours de sketchs
scolaires dont le thème est "Petit, raconte-moi ta
révolution" vient d'être organisé par EduPartage,
réseau social éducatif tunisien qui offre gratuitement aux élèves,
étudiants, enseignants, parents, professionnels des espaces
d’échanges et de collaboration pour partager leurs expériences,
travaux, connaissances, passions... . Le réseau offre également des cours en ligne (notamment
les cours du BAC tunisien), et des jeux éducatifs pour les enfants, un magazine animé par des experts ainsi que des forums de discussion
pour aborder les questions de société et d'éducation.
Un enthousiasme encore plus fort après la révolution
M. Hichem Chebbi, inspecteur des écoles primaires dans la circonscription Bougatfa/Sijoumi (commissariat régional Tunis2), co-coordinateur du projet nous a parlé de la genèse et du déroulement du projet Sketch scolaire 2011. Le concours, nous apprend-il, en est à sa seconde
édition, la première édition ayant été lancée en 2010 par Mr Mohamed
Fadhel inspecteur des écoles primaires dans la région de Carthage
Sidi Bou said et elle a eu un grand écho sur le site et
pendant la journée de la grande finale. Ce succès a poussé les
organisateurs à ouvrir le concours à d’autres écoles, il y a eu
un contact avec le ministère de l’éducation pour une
collaboration, mais la période d’arrêt des cours après la
révolution a annulé la poursuite du projet. C'est alors que le thème de la
révolution du 14 janvier 2011 s'est naturellement imposé, vu l'effervescence qui anime les petits tout comme leurs ainés face aux bouleversements sociaux dont ils sont les témoins.
Des inspecteurs de
certaines régions de la Tunisie (Siliana, Tekelsa, Kasserine, Sidi
Hsin, Bougarfa, Sijoumi, Rades, Le Kram, Megrine) ont encadré des
enseignants dans la production de sketchs dans le cadre du projet de
classe. Les sketchs sont filmés avec de simples appareils photo numériques puis
déposés sur le site www.edupartage.com. Des échanges sur les blogues de chaque classe entre les enseignants
et leurs inspecteurs sont prévus et il y a eu un vote pour attribuer
le prix des internautes. Deux commissions d’évaluation : une
pédagogique et une autre artistique ont été mises en place pour
décerner leurs prix. Les gagnants
sont récompensés et l’évènement est médiatisé (TV, radio,
presse écrite et électronique) par une équipe professionnelle
d’édupartage.
Un énorme succès, une opération à renouveler
M. Hichem Chebbi affirme : Dès que l’évènement a été annoncé dans
certaines écoles avant la révolution (du moins dans la
circonscription où je travaille), il y a eu une nouvelle dynamique et
un engouement pour ce travail car Internet a un effet puissant sur les jeunes. Cet engouement s’est accentué après la révolution, tous les inspecteurs ont souligné l'augmentation de la motivation. Les parents aussi
se sont impliqués, des groupes de travail se sont crées (travail
collaboratif : élèves, enseignants, directeurs, formateurs
TIC, inspecteurs). "Le sketch scolaire" a non seulement libéré la créativité de tous les élèves participants mais il a également aidé des élèves en
difficulté de communication à s’intégrer au groupe, comme en témoigne une parente dans le livre d’or sur le site du projet. Une grande mobilisation lors du vote (presque
60000 votes) montre par ailleurs l'audience enregistrée dans le monde éducatif.
Une évaluation de ce projet s’impose
pour pouvoir identifier les points forts et s’arrêter sur les
défaillances pour arriver à lancer une 3ème édition
plus innovante et avec plus de participants. En première analyse, on mentionnera la bonne organisation, le choix d’un thème original et mobilisateur parce qu'il touchait aux événements en cours et
l’implication des cadres pédagogiques. Autant d'éléments qui peuvent garantir la pérennité
de ce projet.
Le concours est maintenant terminé mais on peut encore se régaler en visionnant les dramaturges amateurs qui en étonneraont plus d'un par une parole qui dit vrai certes mais qui surtout exorcise un vécu traumatisant pour déboucher sur le partage et la réflexion.
Petit, raconte-moi la révolution ! sur Edupartage, pour visionner les sketch réalisés par les classes de primaire en Tunisie.
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