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Publié le 14 juin 2011 Mis à jour le 14 juin 2011

Le savon de la FOAD entre les mains des responsables universitaires français

Quelle que soit la stratégie adoptée, le savon mouillé de la FOAD continue de glisser entre les mains des responsables universitaires français.

Depuis que les classements internationaux des universités se sont généralisés, les enseignants-chercheurs sont encore plus attentifs qu'avant à la partie "recherche" de leur métier, et délaissent sa composante pédagogique. Selon Manuel Majada, président de l'ANSTIA (association nationale des services Tice et audiovisuels de l'enseignement supérieur et de la recherche) et responsable de la cellule d'appui pédagogique à l'Université de Technologie de Compiègne, c'est la raison majeure expliquant le fait que les enseignants chercheurs, les plus jeunes d'entre eux en particulier, ne s'intéressent pas à la FOAD : pourquoi iraient-ils consacrer du temps à la préparation de cours en ligne alors qu'ils n'en tireront aucun bénéfice en termes de carrière ? Et le chiffre, avancé par Manuel Majada, de 80 % d'enseignants ayant déposé des cours sur des plateformes de e-learning ne doit pas faire illusion : la plupart d'entre eux n'a pas adapté son matériel à la distance numérique, et les volumineux fichiers au format .pdf sont toujours les plus nombreux.

Des initiatives désordonnées

On a le sentiment que la formation à distance est un savon mouillé qui glisse entre les mains des responsables de l'université. Quelle que soit la stratégie adoptée, le savon finit toujours par se retrouver sur le carrelage de la salle de bains. Les initiatives n'ont pourtant pas manqué : Universités numériques régionales, universités numériques thématiques, fortes incitations à la généralisation du wifi sur les campus et à la création de podcasts, promotion de Canal U et de ses 5000 heures de cours filmés... Le problème vient sans doute du manque de vision globale qui articulerait tous ces dispositifs et incluerait le plus important d'entre eux : la prescription d'utilisation des ressources numériques aux étudiants, qui ne trouvera sa légitimité que si elle est réalisée par les enseignants. A l'heure actuelle dit Manuel Majada, les étudiants utilisent les ressources numériques en complément, pour "se réassurer". Mais l'essentiel se passe malgré tout dans l'amphi ou la salle de classe, du moins aux yeux des enseignants.

La crainte d'une pandémie de Grippe A en 2010 avait pourtant autorisé les responsables Tice à nourrir les espoirs les plus fous : ça y est, la FOAD va devenir indispensable, nous allons enfin pouvoir la généraliser ! Mais le spectre de la pandémie disparut avec les poulets infectés et le savon continue toujours de glisser. 

Manuel Majada insiste sur le fait qu'on ne peut pas d'un coup de baguette magique transformer des cours en présence en cours en ligne. Il cite deux obstacles : comment filmer le tableau ? Comment chapitrer les cours ? On s'étonnera que ces questions si simples posent encore problème, compte-tenu des ressources techniques disponibles et dont les coûts ne cessent de baisser. Et faut-il vraiment filmer le tableau ? Ne vaut-il pas mieux concevoir des ressources spécifiques à l'enseignement à distance, telles qu'on en trouve d'excellents exemples sur le site de l'UVED, l'université virtuelle de l'environnement et du développement durable ? 

Les Tice pour combattre l'échec étudiant

M. Majada souligne néanmoins un point positif : les cellules Tice des universités ont été remplacées par des cellules d'appui pédagogique et ce changement de nom traduit un changement de mission : plutôt que de soutenir des initiatives volontaires et isolées, il s'agit aujourd'hui d'avancer dans la refonte de la pédagogie universitaire, de manière à améliorer le taux de réussite aux examens des étudiants, notamment dans le premier cycle qui connaît des hécatombes dans toutes les disciplines. Cette noble ambition doit impérativement s'accompagner d'une révision de la progression académique des enseignants-chercheurs, pour que leurs résultats pédagogiques soient pris en compte à coté de leurs activités de recherche. Et osons le dire : l'autonomie acquise par les universités ou qui leur a été imposée dans la douleur, constitue sans doute ici une opportunité : des alliances sont envisageables pour valoriser la réussite à court terme (le temps d'un cycle d'études) des étudiants au moins autant que la carrière à très long terme des enseignants-chercheurs. L'actuel frémissement en faveur de la pédagogie universitaire est née de l'internationalisation des comparaisons et cercles de recherche spécialisés; les éléments d'amélioration sont également à chercher à un niveau international. Difficile, dans ce contexte, de ne pas tourner les yeux vers les Amériques. Le Canada, les Etats-Unis, le Mexique également, ont sur la France une bonne longueur d'avance en matière d'utilisation efficace des technologies dans l'enseignement supérieur, qui s'est faite au prix d'une révision complète des modalités d'enseignement et d'encouragements significatifs auprès des enseignants. À quand le tour de la France ? 

Manuel Majada (président de l'ANSTIA) : "80 % des enseignants ont déposé leurs documents de cours sur une plateforme, mais ils ne sont pas conçus pour une pédagogie à distance". Educpros, 25 mai 2011.

 

 


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