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Publié le 13 juin 2011 Mis à jour le 13 juin 2011

L'hybridation de la formation à l'Université

Focus sur ce mode d'enseignement, sa mise en oeuvre au niveau de l'enseignement supérieur et sur les conditions de son efficacité.

Le terme "hybride" est aussi populaire dans le secteur de l’automobile que dans celui de l’éducation. On rencontre fréquemment dans la littérature sur la formation à distance cette expression très tendance de "formation hybride", ou des expressions proches (enseignement bimodal, integrated learning, blended learning, apprentissage mixte, ...) pour la simple raison qu’elles partagent toutes une caractéristique commune, celle de l'utilisation des technologies en soutien au processus d'enseignement-apprentissage. Mais toutes ces expressions ne sont pas équivalentes. Leur différence réside dans le degré de mobilisation des technologies dans les scénarios pédagogiques.

La formation hybride est à mi-chemin de la formation en ligne et de la formation en face à face (appelée aussi formation en présentiel). Mais il ne suffit pas d'ajouter quelquels ressources numériques à la formation en face à face pour la transformer en formation hybride. Cette modalité requiert une préparation soigneuse pour correspondre à la définition qu’en donnent Charlier, Deschryver et Peraya : « l'introduction intentionnelle dans un dispositif de facteurs innovants : l'articulation du présentiel et de la distance soutenue par un EIAH ». EIAH étant mis pour Environnement Informatique pour l'Apprentissage Humain.

La formation hybride...

La formation hybride peut elle-même se décomposer en plusieurs types de dispositifs. C’est ce que nous apprend le site Vers l’UQAM bimodale de la Téluq (Université à distance du Québec à Montréal) qui distingue quatre niveaux de l’hybridation : la juxtaposition, l’intégration, la collaboration et l’expansion.

  1. Juxtaposition : l'hybridation peut être simple (chaque composante est utilisée de façon indépendante), en série (les composantes se suivent selon un ordre spécifique) ou en parallèle (les composantes permettent de réaliser la même tâche).
  2. Intégration : dans cette hybridation systémique, les composantes se soutiennent mutuellement et se renvoient l'une à l'autre.
  3. Collaboration : dans l'hybridation assistée, les composantes sont complétées par du tutorat, du coaching ou du mentorat, ainsi que des activités collaboratives.  Elle se caractérise par l'émergence de communautés de pratiques.
  4. Expansion : dans l'hybridation implantée, le système inclut des ressources sur les lieux de travail, des médias électroniques, le Web et des équipements mobiles.  Le transfert des apprentissages s'en trouve facilité.

Selon le même site, qui propose un bon état de la question, six paramètres sont à considérer dans la mise en place d'un enseignement hybride. Il s'agit, pour les citer tous, de l'apprentissage visé, des caractéristiques des apprenants, du besoin et de la facilité de mise à jour du contenu, de la possibilité d'économies d'échelle, de l'intégration organisationnelle et de la gestion du changement, ainsi que des ressources (humaines, physiques, techniques et budgétaires) disponibles.

D'après les études menées à ce jour sur les dispositifs hybrides de formation, ceux-ci produisent de bons résultats qui témoignent de leur bien-fondé. Entre autres résultats évoqués : une flexibilité dans l'enseignement-apprentissage, un taux d'abandon équivalent ou moindre par rapport à d'autres dispositifs, un sens de la communauté plus intense que dans les cours en présence et les cours en ligne, une amélioration des résultats des apprenants, et une réussite plus rapide à moindre coût.

... au niveau universitaire

Ces dernières années ont vu se multiplier des offres de formation hybride dans l'enseignement supérieur. Dans le monde anglo-saxon, le phénomène est massif, comme en témoigne l'augmentation constante du nombre d'inscrits dans les formations hybrides. A l'University of Central Florida, par exemple, les effectifs d'étudiants inscrits dans une formation hybride ont plus que doublé (de 4172 à 9810 étudiants inscrits) en deux ans.

Dans le monde francophone, la Suisse et le Canada mènent la danse. L'Université du Québec à Montréal offre plus de 1500 cours selon le mode d'enseignement hybride. L'Université de Genève a sa formation hybride, le Master of Science in Learning and Teaching Technologies (MALTT), qui peut être considérée comme un dispositif de recherche-action, puisque les étudiants y apprennent à utiliser les technologies en enseignement. D'une manière générale, la Suisse fait figure de pôle de recherche sur la thématique de l'hybridation grâce aux travaux de Daniel Peraya, Nathalie Deschryver, Bernadette Charlier...

Que pensent les premiers bénéficiaires de la formation hybride, c'est à dire les étudiants ? Le plus grand bien. Leur intérêt grandissant en est la preuve. Il faut signaler à ce sujet le témoignage de Vjollca Ahemeti, ancien étudiant du MALTT, publié sur le blog de la Communauté d'intérêts pour l'enseignement en ligne de l'Université de Genève.

Dans son billet, il se réjouit de la qualité des interactions entre enseignants et étudiants rendue possible par le mode de la formation. « (…) Le travail à distance, l’évaluation continue, la mise en pratique immédiate du contenu étudié, la relation de tutorat avec les enseignants et les nombreuses occasions de collaboration en petits groupes sont autant d’éléments qui distinguent ce Master des autres formations universitaires. Si les étudiants pourront y trouver certains avantages évoqués auparavant, ils devront cependant, au cours de cette formation, faire un petit travail personnel supplémentaire : une petite révision de leur conception de l’apprentissage ».

Facteurs d'efficacité de l'hybridation

Autrement dit, pour que la formation hybride soit efficace, les étudiants ont leur rôle à jouer. Tout comme les autres acteurs éducatifs d'ailleurs. On attend des enseignants qu'ils fassent preuve d'adaptabilité, d'ouverture aux régulations et qu'ils acquièrent une capacité d'explicitation de leurs choix pédagogiques. S'agissant des institutions, elles se doivent d'être ouvertes à l'informel, à l'émergence, à l'innovation, au collectif, aux savoirs d'action et à la diversité. Quant aux apprenants, ils doivent faire preuve d'une bonne capacité d'expression, d'engagement, de confiance en eux et bénéficier du soutien de leur entourage pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. 

Voir :

La formation hybride - Vers l'UQAM bimodale.

La formation hybride, un exemple à Genève - Communauté d'intérêts pour l'enseignement en ligne (Ciel), 12 mai 2011.


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