Plusieurs auteurs ont créé une géographie propre à leur
univers qui est devenue presque aussi mythique que leurs œuvres. Pensons à la
Terre du Milieu de Tolkien dont les éléments géographiques si précis ont obligé les artisans du cinéma à recréer
ces vastes chaînes de montagnes, ces denses forêts et ces crevasses abyssales.
Comme leurs homologues imaginaires, les cartes géographiques du monde réel stimulent de plus en plus puissamment l'imagination. Que l'on songe par exemple aux cartes marines ou aux cartes du ciel et des planètes proposées par Google Earth.
La carte peut également servir de support métaphorique à de nombreuses informations. Voici par exemple une liste des 250 meilleurs films de tous les temps (le
choix des titres peut être source de débat) sous forme de plan de métro.
Nous avons par ailleurs déjà évoqué les projets pour cartographier différemment les villes, par le biais de
sons, d’odeurs, etc.
Et voici qu'apparaissent désormais les cartes qui mélangent réel et virtuel, pour impliquer encore plus largement les utiisateurs dans les récits.
La carte interactive au service de la fiction
Le blogue Storyplaying posait la question : à quand
la carte en soutien à la fiction? Certes, il existe des milliers de « mash ups » : utilisation de
Google Maps avec données, images, etc. Des écoles de journalisme ont déjà intégré cette nouvelle pratique à leurs exercices.
Mais quid de la fiction cartographiée ? Il en existe peu d'exemples selon l'auteur du billet de Storyplaying, qui
cite tout de même une nouvelle interactive de Charles Cumming qui utilise pleinement Google Maps pour faire avancer son intrigue. Agrémenté d’images, cette fiction à la première personne nous entraîne dans
Londres où l’on suit tous les déplacements du personnage, même les courses effrénées.
Un autre exemple donné par le blogueur est cette production
française qui nous permet de talonner les deux héroïnes en fuite dans
l'Hexagone ainsi que les coulisses de l'oeuvre cinématographique par le biais
d’une carte. Citons encore le film interactif, conçu à partir d’une musique du groupe montréalais Arcade
Fire, qui met en scène votre adresse ou votre quartier avec des images de Google
Street View, entre autres.
Et puis, il y a Walking the edit qui
réussit à hybrider monde réel et monde virtuel. En lançant une application sur son
iPhone, l’utilisateur enregistre sa promenade dans les rues de Paris, par
exemple. En mettant les écouteurs, il entendra la bande-son du film qui se
crée pendant sa marche à partir de documents audiovisuels associés au lieu où
il se trouve. À n’importe quel moment, il peut arrêter le tout, le visionner et
le déposer sur le site Internet où les visiteurs pourront d’un côté suivre le
trajet du « caméraman » et de l’autre, observer le film composé par
sa balade.
De tels projets stimuleront l’imagination de bien des
amateurs de technologies. Après tout, avec toutes ces innovations et
l’avènement de sites comme Foursquare,
qui sait comment l’art de raconter des histoires – en métamorphose depuis
quelques années – pourrait évoluer?
Maps, maps, maps, StoryPlaying, 9
mars 2010
Illustration : capture d'écran de la nouvelle 21 Steps, de Charles Cumming.
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