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Publié le 24 mai 2011 Mis à jour le 24 mai 2011

La RSE : définition et application*

Voici un long billet de blogue qui fournit toutes les informations de base sur la RSE et ses modes d'application. Essentiel pour engager une réflexion sur le sujet.

Les entreprises ne peuvent aujourd'hui plus ignorer le principe de responsabilité sociale. Avec les crises sociales à répétition et l'implication de ces entreprises dans des certaines catastrophes environnementales ou sociétales, la RSE a toutes les raisons pour émerger et encourager une mesure des capacités des organisations autrement qu'avec les indicateurs financiers et économiques habituels. Terra Nova, "think tank progressiste souhaitant promouvoir des solutions politiques innovantes", s'engage dans un billet publié sur Mediapart au sujet de la RSE. Après une présentation détaillée de ses implications et de ses enjeux, il apporte quelques idées pour une meilleure application de la démarche.

La RSE, quésaco ?

Dorénavant, plus personne ne peut ignorer la RSE, qui s'applique dans une stratégie traduisant une volonté de l'entreprise de s'engager dans des principes de développement durable : réduction des émissions de gaz à effet de serre, préservation de la biodiversité, accès à l'eau potable, gestion et tri des déchets, respect des droits humains et du salarié, égalité professionnelle, prise en compte de la souffrance au travail... tant de sujets sur lesquels une organisation va devoir agir et monter son intérêt. Son rôle va être double, auprès des parties prenantes directes comme les salariés, les actionnaires, les fournisseurs ou les clients, et auprès de la société dans son ensemble, des consommateurs, du territoire, de l'environnement et de la santé publique. Mais la RSE n'est-elle pas une façon de cacher des pratiques sociales, environnementales et fiscales rétrogrades, une façon de s'acheter une image ? Est-elle réellement synonyme d'engagement politique en termes de droits et de devoirs des acteurs impliqués ?

Dès les années 1950, un pasteur, R. Bowen, parle de la nécessité de renforcer les valeurs apportées par le rêve américain et de la notion de responsabilité. Plus tard, dans les années 1980, la vision de l'entreprise évolue, impliquant alors les parties prenantes autres que les actionnaires. Il naît un débat autour de la démocratie au sein de l'entreprise. Les années 1990 marquent un tournant majeur en termes de responsabilité sociétale, beaucoup d'organisations se retrouvant associées à des pratiques dégradantes de licenciements, de catastrophes envrionnementales, d'accidents du travail... La nécessité de se "racheter une image" et de repenser son développement prime et la RSE émerge plus fortement, en parallèle à la notion de développement durable. Les entreprises opèrent alors une certaine prise de conscience de leur responsabilité sociale et sociétale et cela se traduit par certaines initiatives : des codes de conduites, des campagnes de communications, des principes internationaux, des mesures de sensibilisation, des procédures d'audit, des critères de performances... Il s'agit en premier lieu, de respecter la loi (droit des sociétés, social, fiscal, comptable, bancaire, de l'environnement, etc.) mais aussi de s'obliger à un reporting social et envrionnemental.

Mais aujourd'hui, les stratégies RSE des entreprises manquent d'effectivité et l'ampleur du périmètre de telles actions est questionnée, de par l'absence de sécurité juridique internationale. ce qui pose problème par exemple avec les filiales des grandes sociétés dans les pays en développement, qui autorisent des pratiques plus laxistes que dans les pays du Nord. Chaque organisation est libre de décider de l'application des directives de l'ONU ou de l'OCDE en dehors des limites nationales. En outre, le rendement économique à court terme est encore trop souvent pris en compte en priorité. Il existe aussi une certaine méfiance à l'égard de l'application de la RSE, d'une part du côté des syndicats et du grand public, qui voient très souvent ces engagements comme un moyen de masquer ou de justifier les effets du capitalisme, de se "verdir", d'autre part des entreprises qui se méfient souvent des syndicats (d'où une difficulté de dialogue social) mais aussi des implications à long terme qui peuvent contrecarrer la recherche de rentabilité.

Comment l'appliquer ?

Pourtant, la RSE constitue un fort outil de développement, car elle modifie en profondeur les manières de produire (conditions de travail, matériaux utilisés, éco-conception, etc.), de transporter (émissions de CO2), de distribuer (gestion des déchets), de consommer (impacts sur la santé), modifiant de la même manière le modèle économique d'une entreprise. A condition de s'y impliquer pleinement, elle peut lier efficacité économique sur le long terme au respect des normes sociales (respect de l'humain dans et hors de l'entreprise) et environnementales (et de la santé). La RSE peut permettre d'attirer de nouveaux investisseurs, intéressés par les performances extra-financières : des clients, des jeunes diplômés en quête de sens, des acheteurs publics. La mise en oeuvre dépend de trois facteurs essentiels :

  • une pression de la société civile et des pouvoirs publics pour aider l'entreprise à prendre des mesures,
  • une implication forte de l'entreprise elle-même,
  • une contrôle indépendant des actions menées et de la mise en application.

Il ne fait aucun doute que pour une réussite de la mise en oeuvre d'actions, il faut agir de la façon la plus transparente possible et travailler main dans la main. ONG, associations, syndicats, consommateurs, acheteurs publics, gouvernement se doivent de communiquer, de créer des échanges et de généraliser ce type de mécaniques en garantissant une indépendant du contrôle.Terra Nova insiste sur de nombreux points à surveiller pour une application concrète de la RSE, entre autres :

  • la promotion de la RSE en fonction de la taille et du secteur d'activité de l'entreprise,
  • la mise en place d'un référentiel RSE commun,
  • la publication des résultats des notations RSE auprès du grand public,
  • l'obligation de rapporter, de vérifier l'indépendance des organismes de contrôle,
  • la mise en avant du dialogue avec les parties prenantes,
  • l'institutionnalisation d'agences de notations de la RSE,
  • le renforcement du statut des salariés et des syndicats comme parties prenantes prioritaires,
  • la mutalisation des moyens pour les PME (les ressources humaines, par exemple.)
  • etc.

La RSE commence aujourd'hui à être connue de tous mais il est encore nécessaire de porter un projet plus fort et incitatif de développement économique dans ce sens, avec une nouvelle vision de la croissance, plus durable et plus à même d'exister dans le respect de l'environnement, du travailleur, des droits de l'Homme.

ce billet doit être considéré comme une source d'information importante pour qui veut se familiariser avec la RSE. On regrettera pourtant que son format soit plus adapté au papier qu'à la publication électronique. Un découpage en plusieurs sections aurait été le bienvenu.

Source : "La responsabilité sociale et sociétale des entreprise : un enjeu majeur du 21ème siècle", M. Dupuis, L. Quer-Riclet, W. Bourdon, Y. Queinnec.

Illustration : chacka², Flickr CC


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