Les élèves de cinquième de Sébastien Simao ont la possibilité de vivre une expérience incroyable. En effet, ils sont appelés à entrer dans un univers virtuel, se créer un avatar et reproduire l’île de Planier, au large de Marseille, ainsi que ses fonds marins.
Une initiative exigeante, mais facilitée par le logiciel OpenSimulator et surtout, par la branche francophone Francogrid. Similaire à SecondLife, le programme n’est pas contraint d’user des serveurs californiens et est accessible gartuitement : ici, les serveurs sont la propriété des utilisateurs et l'on n’a pas besoin nécessairement d’Internet pour y accéder. Les connexions locales sont autorisées. C’est peut-être pourquoi les projets se multiplient comme Fenêtre sur chambre pour donner un peu d’évasion aux enfants malades ou Opérabis (Ville de Rennes, France) qui permet littéralement d’assister à des opéras virtuellement :
Le projet de l’année scolaire en cours (2010-2011) de M. Simao était d’avant tout de recréer l’île et ses environs. Mais pour ce faire, il a fallu passer par différentes étapes avec ses apprenants de cinquième.
Un succès grandissant
Comme l’enseignant nous l’explique dans son blogue, en attendant les nouveaux ordinateurs pour aller sur OpenSim, il en a profité pour les former aux usages du Web pour communiquer. Inutiles pour une génération que les médias disent de « digital natives »? Pourtant, non. Certains n’avaient pas idée de toutes les possibilités s'offrant à eux, ni même parfois d’envoyer un e-mail à quelqu’un!
Une fois réalisé cette familiarisation avec la discussion sur le Net, les choses sérieuses ont commencé. Il a fallu créer des avatars et ensuite, saisir les bases des actions et manipulations dans ce monde virtuel. Une étape difficile, mais qui a vite retenu l'attention des apprenants qui ont répondu en grande partie présents lors de visites de la Francogrid (la tour Eiffel, Opérabis, etc.) et durant l’apprentissage de la construction. Point central s’il en est un puisqu’il permettait de travailler sur la géométrie dans l’espace, les proportions, etc.
Puis, comme l’explique l’enseignant dans son deuxième compte-rendu écrit en mars, les élèves ont plongé encore plus profondément dans les mathématiques quand vint le temps de créer un phare actif. Symétrie, périmètre et autres termes leur ont permis de bâtir ceci :
Ils ont aussi demandé à pouvoir, sur leur temps libre, venir construire sans restrictions différentes structures et lieux comme des terrains de football ou des discothèques. Leur participation grandissante, autant à l’intérieur du collège qu’à l’extérieur, a été telle qu’il a fallu mettre un contrôle parental en place pour les empêcher d’accéder à la plateforme après 21 h.
Le secret du « succès » passe principalement par l'effacement de la frontière entre le ludique et le sérieux. Visuellement, on dirait un jeu vidéo, mais dans lequel aucun objectif n'est imposé (sauf celui, peut-être, du professeur), où le monde se bâtit selon les actions des jeunes participants. Et l'on apprend tant de choses dans cet univers!
Une pluralité d’usages… et d’inconvénients
En effet, non seulement les apprenants ont dû se servir de concepts mathématiques présents dans leur cursus, mais ils ont été en contact avec plusieurs disciplines :
De l’anglais avec le navigateur de la grille
Du français pour les communications, qui se devaient d’être grammaticalement correctes, entre eux et avec le professeur
De la géographie dans la conception de l’île
Pour Sébastien Simao, ce projet a été justement conçu de manière transversale: pouvant servir autant à des cours de mathématiques que de technologies pour apprendre la manipulation en 3D d’éléments, de sciences de la vie et de la terre pour étudier les espèces marines et vivantes présentes (reproduites) dans l’écosystème de l’île, en histoire-géographie pour l’histoire de cette terre insulaire et les épaves se trouvant autour d’elle et même en sport pour simuler et enseigner les bases de la plongée!
Malheureusement, au niveau de l'interdisciplinarité, le constat est assez décevant. La plupart des collègues de M. Simao et leurs élèves ont été plutôt timides à embarquer dans l'univers virtuel. D’autres problèmes ont été décelés : la participation, bien que bonne, est encore trop marginale aux yeux de l’enseignant. Cela s’explique par l’impossibilité pour certains d’y accéder de chez eux et le parc informatique du collège qui ne répond pas à toute la demande. La reconstitution de l’île a été passablement ralentie en raison des projets hétérogènes des élèves et aussi par le peu d’utilisation qu’ils font de Facebook ou de Twitter pour signaler leurs disponibilités, ce qui nuit au travail concerté. De plus, l’introduction au logiciel et au monde virtuel fut beaucoup plus longue que prévue, notamment parce que les élèves n’avaient pas ou peu lu le tutoriel détaillé conçu par leur professeur.
Néanmoins, l'établissement souhaite reconduire l’expérience. Il faut dire que ceux qui ont accroché ont réellement montré un intérêt pour l’outil. Au point que sans prévenir leur enseignant, ils ont demandé à leur principale adjointe les plans du collège pour pouvoir le construire en 3D. Et le projet n’a pas attiré que des élèves brillants et toujours plus curieux de mettre à profit leurs connaissances, certains élèves en grandes difficultés d’apprentissage y ayant vu pratiquement une bouée de sauvetage pour continuer leur cheminement scolaire.
En 2012, bonne nouvelle le projet du collège l'Estaque continue sur la Francogrid et s'est peaufiné comme le montre cette vidéo de présentation du projet dans le cadre des rencontres de l'Orme 2012.
Un tel projet exige donc beaucoup de patience, une volonté d’intégrer le monde virtuel dans le cursus, une disponibilité d’appareils importante pour suffire à la demande ainsi qu’une bonne maîtrise de l'informatique. À ce propos, les enseignants souhaitant s'inspirer de cette initiative seraient peut-être intéressés de lire les tutoriels détaillés du Site du Zéro sur le sujet.
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