La musique adoucit
les mœurs dit-on. Mais pour se faire accepter par une communauté il faut aussi savoir
chanter juste (Canta, un logiciel pour vous y aider). C'est-à-dire être
dans le ton et savoir parfois se fondre dans la masse. Les chorales de classe
contribuent à intégrer au sein du groupe "brebis galeuses" et
électrons un peu trop libres. Mais cette démarche ne contribue-t-elle pas à mettre
sous l’éteignoir des talents qui ne demande qu’à s’exprimer en les faisant
rentrer dans les rangs ? Il est souvent reproché à l’école de niveler par le
bas. Au Maroc, le processus de généralisation de l’enseignement est parfois associé
au constat d’une baisse du niveau scolaire. L’égalité des chances se serait
imposée au détriment d’une qualité de l’enseignement ! Un argument un peu
facile mais assez largement partagé.
En classe cependant,
les enseignants sont souvent confrontés à un dilemme : comment faire
avancer la classe entière sans pénaliser les plus brillants, constamment en
avance d’une explication ? L’utilisation pertinente des nouvelles
technologies en situation d’apprentissage et de socialisation, et le chant en
est assurément une, recèle quelques pistes de réflexion intéressantes.
Chanter en chœur l’hymne du succès
Le succès inattendu il
y a quelques années du film Les
Choristes a servi de prétexte à de nombreux débats scolaires,
autour de la motivation des élèves notamment. Le scénario montre comment un
projet pédagogique authentique peut remettre un groupe d’enfants difficiles sur
le chemin de l’apprentissage et de l’accomplissement. La gestion du groupe est
ici fondamentale. Le surveillant dans le film parvient certes à constituer un
ensemble soudé – une chorale en l’occurrence – mais aussi à accompagner des
individualités dans leur cheminement vers le succès.
Tout comme le soliste
à la voix d’or du film, l’élève à haut potentiel intellectuel[1]
s’ennuie en classe et décroche. L’enseignant peut recourir aux nouvelles
technologies pour repérer les signes précurseurs de la lassitude et réagir. Il
lui revient de manager
la classe au profit des élèves dans leur diversité pour ne léser aucun
d’entre eux. Et proposer, dans les petites classes par exemple, des activités
adaptées aux élèves
en avance comme à ceux qui sont un peu à
la traine de la marche du groupe.
En étant à l’écoute
de sa classe, il pourra aussi restaurer grâce au chant l’unité de sa classe.
Car, dans cette entreprise, souvent les élèves endossent un même et seul
profil, celui des chanteurs
en herbe ! Ils sont appelés à faire leurs preuves autant que leurs
gammes sur un pied d’égalité. L’élève au potentiel vocal distinctif ne sera pas
forcément le fort en thème, premier de la classe. Et là encore, l’enseignant
devra faire en sorte que ce brio soit mis au service de la communauté pour la
faire avancer au même rythme.
Célébrer en solo la cohésion du groupe
L’objectif ici est de
repérer les locomotives potentielles, c'est-à-dire les élèves susceptibles de
devenir des chefs
de chœurs et entrainer dans leur sillage l’ensemble du groupe. Les
enseignants ont recours à divers systèmes d’émulation, même si le procédé est
parfois critiqué.
Le principal reproche est de démotiver les enfants en difficulté scolaire en créant
inévitablement un climat de compétition. Cependant, les enseignants qui s’en
donnent la peine savent créer les parades
nécessaires. Et le net peut ici apporter des débuts de réponse à la question :
comment
bâtir un système d’évaluation efficace.
Le chant peut également
être d’un grand secours pour ressouder le groupe-classe. En effet, parmi les
nombreux apports
du chant en classe, il est indéniable qu’il permet de « cultiver l’esprit
de groupe » tout autant que la capacité d’écoute. Le chant permet aussi à
l’enfant de réaliser très tôt qu’il est possible d’allier épanouissement et
rigueur.
On le voit donc, le
chant en classe est une activité à prendre très au sérieux. L’éducation
nationale française propose des formations aux enseignants-relais
et autres personnes-ressources souhaitant en tirer profit et, pourquoi pas,
créer à l’image des classes vertes ou des classes sportives, des classes
chantantes. L’essentiel étant de ressusciter pour beaucoup d’élèves une démarche essentielle et un impératif : la joie d’apprendre !
[1]
Expression politiquement correcte pour désigner un surdoué…
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