Le B2i vu par un expert de l'intégration des TIC en éducation
Bilan après une décennie d'application de la loi sur l'attestation de compétences numériques dans le monde scolaire. Contexte peu reluisant mais l'espoir est permis.
Publié le 04 avril 2011 Mis à jour le 04 avril 2011
Le Canada est un état fédéral et même si le gouvernement fédéral fournit des cadres d'action et définit les grandes lignes des programmes éducatifs, chaque province est maître de ses stratégies d'application dans ce domaine. De plus, chaque commission scolaire a également une large marge de manoeuvre, tout comme les établissements scolaires eux-mêmes.
Il ne faut donc pas s'attendre à trouver au Québec comme en France par exemple, état fortement centralisé, des référentiels de compétences TIC de type B2I école, collège ou lycée appliqués sur l'ensemble du territoire provincial. Pour s'en convaincre, il suffit de se rendre sur le site du Récit, Réseau pour le développement des compétences par l'intégration des technologies, qui dispose en plus de ses services nationaux de 11 services locaux répartis sur l'ensemble du territoire québécois. Très vite, on se rend compte qu'il n'y a pas de recherche d'homogénéité dans les approches pédagogiques des TIC avec les élèves, mais plutôt une valorisation des initiatives singulières.
Le programme de formation de l'école québécoise est fixé par le Ministère de l'Education, du Loisir et du Sport du Québec. A côté des programme d'enseignements disciplinaires, on trouve la volonté de faire travailler 9 compétences transversales tout au long de l'école primaire :
A la lecture de cette liste, on est frappé de constater que les TIC y figurent comme une compétence à part, alors que toutes les compétences transversales de la liste sont maintenant travaillées en grande partie à l'aide de ces outils ! Pour acquérir les compétences TIC, les élèves vont donc être amenés à :
En d'autres termes, il va falloir apprendre avec (les TIC) et apprendre sur (les TIC).
L'apprendre avec dépend de chaque enseignant, éventuellement secondé par un conseiller pédagogique dans sa commission scolaire. Bien que le Québec soit considéré comme un champion des TIC par les Européens et les Français en particulier, la presse locale et les experts du cru sont nettement plus réservés. Même si Mario Asselin souligne l'importance de l'esprit d'expérimentation qui caractérise les enseignants québécois et manque tant aux enseignants français, il mentionne également avoir vu bien des usages fort traditionnels des TIC dans les classes.
L'apprendre sur va dépendre lui aussi de l'enseignant en place, mais la tâche sera complexifiée dans la mesure où il faudra bien établir une grille d'évaluation, un référentiel de compétences, et rendre le tout évolutif dans le temps, puisque toutes les compétences s'acquièrent en continu tout au long des trois cycles du primaire.
Et c'est là qu'il devient fort intéressant de fouiller dans les ressources mises à disposition par les conseillères et conseillers pédagogiques des Commission scolaires, notamment celles et ceux qui assurent la représentation du Récit localement.
A la commission scolaire de l'Energie par exemple, on a établi une liste des domaines de tâches à explorer tout au long du primaire et Danielle Beauséjour, conseillère pédagogique, a élaboré en 2009 un remarquable diaporama présentant de manière claire et précise l'évolution de la compétence TIC au primaire et au secondaire. On comprend donc qu'au primaire, l'élève apprend :
Et qu'il possède les acquis suivants :
La liste des acquis en fin de primaire est certes moins précise que celle du B2I école, mais les domaines sont les mêmes, à l'exception toutefois du domaine "Adopter une attitude responsable" qui est présent dès le primaire en France mais n'arrive qu'au secondaire au Québec.
La commission scolaire de l'énergie met également à disposition de tous des grilles d'autoévaluation des compétences TIC pour le préscolaire et les trois cycles du primaire, ainsi qu'un abondant matériel destiné aux enseignants, parmi les quels on trouvera notament des canevas de Situations d'Apprentissage et d'Évaluation.
Au fait. Il paraît que depuis la rentrée scolaire 2010, les compétences transversales ont disparu des programmes scolaires québécois... ou au moins des évaluations, à la grande joie de certains groupements d'enseignants qui ne juraient que par les "connaissances". Voilà un débat que nous connaissons bien en France également. Et dire que nous étions convaincus que si le Canada et le Québec en particulier obtenaient de si bons résultats aux évaluations PISA, c'était à cause de ce développement continu des compétences transversales sur l'ensemble de la scolarité. Il n'est pas sûr que la pratique intégrée et réfléchie des TIC gagne à cette réforme. Mais on peut faire confiance semble t-il aux commissions scolaires et aux enseignants pour ne pas jeter au panier tout le travail effectué depuis 1997 en matière d'intégration des TIC.
Commission scolaire de l'Energie
Adieu, compétences transversales. Karim Benessaieh, La Presse. Cyberpresse.ca, 9 septembre 2010.
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