Un modèle de réinvention de la bibliothèque nous est fourni par le concept de Learning Center présenté par Jean-Michel Mermet sur son blog professionnel. On apprend que ce concept n'est pas aussi nouveau qu'il paraît et qu'il consiste tout simplement en un espace pensé à partir d'une centration sur les usagers. A l'ère du numérique, et dans le cadre universitaire, ceci revient à fournir à ceux-ci "dans un environnement multi-supports (du papier au numérique) les ressources académiques dont ils ont besoin et les outils leur permettant d'interagir avec ces ressources, puis d'en créer de nouvelles".
Une bibliothèque augmentée
La mise en oeuvre de ce concept appelle naturellement des évolutions de la bibliothèque telle que nous la connaissons aujourd'hui. Lesquelles évolutions touchent tant au cadre spatial, aux ressources documentaires proposées qu'aux rôles et responsabilités des animateurs des "bibliothèques nouvelles" ainsi créées.
En effet pour y arriver, la configuration spatiale de la bibliothèque doit être repensée de manière à offrir des espaces de travail solitaire et de travail de groupe sans que l'un ne perturbe l'autre. En outre, elle doit bien équipée d'un point de vue technologique : "wifi, prises de courant partout accessibles via le plancher technique, écrans de 30 pouces sur lesquels brancher les portables des étudiants (qui sont tous équipés), caméras, tableaux blancs (on n’oubliera pas de vendre des feutres au distributeur de la cafétéria !), tableaux interactifs, bientôt des tables interactives. Bien entendu un pool d’imprimantes laser couleur, de scanners, de stations de montage vidéo, seront à la disposition de tous les usagers, le tout bien souvent en réservation automatique".
En plus des ressources proposées traditionnellement, cette bibliothèque nouvelle devra disposer de documents produits par les acteurs académiques et dispersées actuellement sur les sites de partages ainsi que des documents créés sur place par les usagers. Enfin, quant aux animateurs, on s'attend à ce qu'il dispose à la fois de compétences communicationnelles, informationnelles et administratives de sorte à répondre dans l'immédiateté aux demandes des usagers. Pour pouvoir se métamorphoser en "learning center", certaines bibliothèques n'auront qu'à se mettre à niveau. Alors que pour d'autres, démunies, le chemin serait évidemment long. Pour s'en rendre compte, il suffit de visionner la vidéo de l'Académie de Versailles qui propose une visite guidée du Learning Center de l'Université de Kingston à Londres.
Ce Learning Center est ouvert 24h/24. On y trouve des espaces de détente, un "learning café" équipé d'ordinateurs, des salles poru les travaux de groupes et une bibliothèque silencieuse. S'y ajoutent des salles et des fonds spécialisés selon les cursus d'études proposés (musiques électroniques, enseignement par exemple).
L'on avait prédit la mort du livre sur support papier
avec l'apparition de sa version électronique. Un peu plus d'une
douzaine d'annés après ces premières prophéties, il est clair que ce temps n'est pas ecore advenu. Au contraire, les deux supports coexistent, "sont indubitablement complémentaires et deviendront au fil du temps indissociables"
comme l'écrit Noéllie Turgeon. Il en est de même pour les bibliothèques
promises à un déclin à l'ère du numérique marquée par une évolution de
la demande de ressources documentaires. On a de bonnes
raisons de penser que ce déclin n'aura pas lieu à condition que la
bibliothèque se réinvente et tienne compte des pratiques et des besoins
de ses usagers.