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Publié le 12 avril 2011 Mis à jour le 12 avril 2011

Le mécénat en ligne ou lorsque l'internaute devient un investisseur

Aujourd'hui, les systèmes de contribution en ligne se développent à grande vitesse.

De tous temps, le mécénat a permis de faire connaître et vivre des artistes, des institutions ou des individus porteurs de projets novateurs. Une seule condition à cela : que le projet ou l'oeuvre rassemblent et mettent en contact des personnes avec des idées et des envies communes. Internet a encore accentué ce phénomène, chacun pouvant devenir un mécène, quelle que soit l'échelle de ses moyens, en contribuant au projet d'un chanteur, d'un réalisateur, d'un dessinateur ou même, depuis peu, d'un éditeur de presse.

Pléthore de systèmes de contribution

Les systèmes de contribution ou d'investissement en ligne se multiplient encore plus vite que les lapins. Jean-Noël Lafargue sur Le dernier des blogs en fait d'ailleurs une liste fournie bien que non-exhaustive. KickStarter par exemple permet à des particuliers (américains) de proposer des projets artistiques (disque, livre, court-métrage, high-tech...) qui seront ensuite soutenus par les dons des internautes. Lorsque le projet voit le jour – s'il a récolté assez de dons – le site internet récupère 5 % des sommes collectées. Sur ce modèle, il existe aussi KissKissBankBankBabeldoorSponsume ou encore Mutuzz, petite variante où l'internaute-mécène reçoit en échange de son don un exemplaire du disque édité.

Faire fructifier son investissement

Mais à côté du simple mécénat, certains internautes choisissent d'investir en espérant voir fructifier leur mise de départ, en plus d'aider un artiste à se faire connaître. Une façon de faire d'une pierre deux coup. L'exemple le plus connu sur le territoire français est sans doute celui de MyMajorCompany, label de musique ayant permis notamment de faire connaître le chanteur Grégoire et la chanteuse Joyce Jonathan. Le principe est simple : pour qu'un projet voit le jour, il faut récolter 100 000 euros de la part des internautes. Chaque investisseur récupère ensuite un pourcentage des bénéfices. Sur le même principe existent aussi Buzz My BandTousCoprod (cinéma), FABrique d'Artistes (plasticiens), Sandwave (bandes dessinées) ou encore MyFashionLine (lignes de vêtements).

Transformation du rapport à la consommation

Si ces systèmes d'investissement dits de crowdfunding (basés sur les apports de la foule) constituent une nouvelle source de revenus pour des artistes ou des entreprises et le moyen de se faire connaître, ils soulignent par la même occasion l'évolution et la transformation de notre rapport à l'argent, à l'investissement et à l'échange monétaire, pointant aussi du doigt la métamorphose de notre relation avec la consommation, le commerce et la production. C'est comme si nous avions besoin de retrouver nos marques dans un système financier qui nous pousse à surconsommer, nous rend « addict » et créé des besoins artificiels. Le système Flattr est d'ailleurs très révélateur de ces requêtes. Comme le précise Jean-Noël Lafargue, ce service permet « à qui le veut de rémunérer ce qu'il veut ». Pour faire simple, l'internaute lambda choisit une somme mensuelle à offrir et clique sur les personnes ou organismes à qui il veut l'offrir. Il peut très bien financer un seul artiste à hauteur de 20 euros ou bien les distribuer en cinq clics. Le service récupère 10 % de la somme au passage. Un système très intéressant pour qui souhaite compter sur des « fans » potentiels pour financer son activité, son projet ou son site internet par exemple, sans seuil minimum à atteindre.

Jaimelinfo, pour financer la presse en ligne

Sur ce principe, le site d'information français Rue89 a récemment lancé une plate-forme de financement de la presse en ligne, Jaimelinfo.fr, pendant français de Spot.us. Une façon d'attirer les internautes autour de la problématique du modèle économique de la presse en leur proposant simplement de soutenir le ou les site-s d'informations qu'ils ont l'habitude de consulter. Aujourd'hui il est possible d'aider plus d'une centaine de sites grâce à des dons ponctuels ou réguliers. Le site reverse les dons sous forme de subventions, en s'octroyant 10 % des sommes au passage. Le donateur peut choisir de voir son nom paraître ou non à côté du site concerné et pourra en plus bénéficier d'une réduction d'impôts de 66 % de le somme engagée, liée aux dons à des oeuvres d'utilité publique.

Dès lors, on peut se poser la question de l'existence de gestes de dons désintéressés, mais le mécénat « en ligne » semble avoir encore de beaux jours devant lui.

Source : "L'argent" de Jean-Noël Lafargue, Le dernier des blogs, avril 2011.

Illustrations : captures d'écran des sites MyMajorCompany et Jaimelinfo.

 

Crédit photo : rangizzz / Shutterstock.com


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