Suivi et évaluation : la formation à distance en difficulté ?
En dépit de difficultés objectives liées à la distance, des outils pertinents de suivi et d’évaluation existent
Publié le 31 janvier 2011 Mis à jour le 31 janvier 2011
En 1997, 4 % des Français possédaient un téléphone mobile. En 2010, c'est le cas pour 87 % de la population selon le Credoc, 94 % selon l'Arcep (1). Mais, voici 20 ans (avant l'irruption du mobile), 80 % des Français disaient ne pas avoir besoin d'un mobile...
Qu s'est-il donc passé pour que nous changions pratiquement tous d'avis ? Nos besoins de communication ont-ils tant évolué en 20 ans, que nous devions absolument posséder un appareil qui nous permet de joindre et d'être joint toujours et en tout lieu ou presque ?
Non, évidemment. La fonction du téléphone mobile est ailleurs, comme l'expliquent les philosophes spécialistes des télécommunications Pierre Musso et Maurizio Ferraris, invités à parler du sujet par Culture Mobile (site de réflexion animé par Orange), lors d'une rencontre intitulée "Mob'Philo ou la pensée mobile".
Selon les penseurs, l'attrait du mobile tient à un certain nombre d'éléments qui n'ont pas grand chose à voir avec sa fonction pratique :
- C'est un objet qui évoque fortement l'amitié, l'amour, les secrets, l'intimité. En cela, c'est un peu le "doudou", ou le nounours des adolescents et des adultes;
- C'est un objet qui renvoie à la magie des réseaux, invisibles et qui nous relient pourtant; ils enchantent nos vie, y insèrent une part de merveilleux. De plus, la "pensée réseaux" est devenue la forme canonique de compréhension du monde, battant en brèche la métaphore de l'arbre ou des grands systèmes politiques ou religieux. Le portable est la métonymie du réseau, et même sa synecdoque (la partie pour le tout).
- C'est un objet qui n'oublie rien, à l'inverse des téléphones fixes traditionnels. Sa mémoire (au sens propre et au sens figuré) assure de notre présence au monde puisqu'elle en est la trace.
Maurizio Ferraris n'hésite pas à dire que le téléphone mobile a fait disparaitre la solitude. Ce qui est vrai, au sens strict : les occupations les plus solitaires d'hier (chauffeur routier, navigateur à voile en solitaire, moine trappiste...) ne le sont plus, puisque leurs représentants sont reliés aux réseaux. Mais Ferraris prend soin de signaler que l'impression de solitude, elle, n'a pas disparu.
L'avenir du téléphone mobile est-il obligatoirement radieux ? Certains utilisateurs décident pourtant de s'en séparer, comme on se libère d'une aliénation, arguant du fait que l'objet pollue leur vie sociale (conversations interrompues pas les sonneries, retards systématiques aux rendez-vous puisqu'excusés par un appel...) et la planète (les chiffres de matière première consommée pour la fabrication des puces sont en effet impressionnants), est mauvais pour la santé ("placer un objet qui émet des ondes sur sa tempe, un des endroits les plus proches du cerveau, pendant plusieurs dizaines de minutes à plusieurs heures par jour, est-il inoffensif ?") et pour le porte-monnaie.
Quoi qu'il en soit, on imagine mal nos élèves et enfants se séparer brutalement de leurs téléphones mobiles en classe. Mais accepteront-ils d'en faire un usage pédagogique ? Rien n'est moins sûr, ce serait comme de transformer le nounours du petit en maîtresse d'école.
(1) : en 2013, le taux de pénétration du mobile dans la population française est de 112 %. Ce qui signifie qu'il y a plus de téléphones mobiles que d'habitants, et donc qu'un nombre non négligeable de personnes en ont plusieurs...
La philo dans le moble. Quand deux philosophes réfléchissent aux usages, au sens et à l'éthique du téléphone mobile, Culture Mobile.
Pourquoi j'ai arrêté le téléphone portable ? Blog Bleu-Blanc-Vert
Photo : cbcastro, Flickr, licence CC.
Accédez à des services exclusifs gratuitement
Inscrivez-vous et recevez nos infolettres en pédagogie et technologies éducatives
Vous pourrez aussi indexer vos ressources préférées et retrouver votre historique de consultation
M’abonner à l'infolettre