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Publié le 10 octobre 2010 Mis à jour le 10 octobre 2010

Une encyclopédie virtuelle de philosophie loin du modèle Wikipédia

La philosophie a son encyclopédie en ligne, c'est la Stanford Encyclopedia for Philosophy.

 Edward Zaita - éditeur principal - et John Perry  qui est le fondateur de la Stanford Encyclopedia for Philosophy l'affirment haut et fort :  "Cette encyclopédie est le contraire de Wikipédia".

Serait-ce parce qu'il s'agit d'un livre papier ? Non, elle est entièrement sur Internet. Elle est payante ? Pas du tout, l'ensemble des articles est disponible gratuitement. Elle est restreinte ? Certes, elle n'est pas universelle, mais elle comporte tout de même 1200 entrées traitant des philosophes majeurs, des courants philosophiques et des questions d'éthique. Elle n'est pas mise à jour fréquemment ? Au contraire ! Il suffit de visiter la section "What's new" pour s'apercevoir que chaque jour, un article est amélioré.

La différence majeure entre cette encyclopédie en ligne et Wikipedia tient à son dispositif éditorial : seuls des experts sont habilités à y rédiger des articles et à les signer.

Une exigence absolue de rigueur

Dans cet article de l'Université Stanford, on apprend que Larry Sanger- cofondateur de Wikipédia et philosophe - a abandonné la célèbre encyclopédie à ses partenaires précisément parce qu'il désapprouvait le principe de la rédaction par tous. Quand on lui a demandé s'il connaissait des exemples d'encyclopédies en ligne crédibles, il a spontanément nommé la Stanford Encyclopedia for Philosophy.

Aujourd'hui, 1400 auteurs participent à l'alimentation de son vaste contenu. Or, ces chercheurs - comme l'explique Edward Zaita - n'iront pas publier leur recherche sur la philosophie de la biologie ou du droit des enfants sur une plateforme qui permet une modification par n'importe quel quidam. Car la philosophie exige de la rigueur et des recherches approfondies.

Alors, pourquoi adopter un modèle d'encyclopédie virtuelle dont le contenu change continuellement ? Après tout, a t-on besoin de mettre régulièrement à jour des articles sur Emmanuel Kant, Platon ou Aristote dont la pensée et les thèses sont connues depuis des années, voire des siècles ? Eh bien, oui. Ces penseurs ont légué au monde une pensée si riche que les analyses qui en sont faites ne cessent de se modifier. C'est donc l'interprétation qui change, et justifie des mises à jours régulières. Les questions d'éthique sont encore plus sujettes à évolution : elles réapparaissent régulièrement dans l'actualité, par exemple dans les questions liées à la recherche sur les cellules souches ou la place de la laïcité dans les modes de gouvernement. La flexibilité éditoriale, que l'on ne retrouve pas dans l'encyclopédie papier, est ici un avantage considérable. Cela permet à cette encyclopédie philosophique de devenir une référence autant chez les étudiants en philosophie que parmi les citoyens s'intéressant aux questions de morale et d'éthique.

700 000 visiteurs par semaine

Comme le disent Zaita et Perry dans cette vidéo, voilà ce qui explique les 700 000 visites hebdomadaires. Les visiteurs trouvent dans cette encyclopédie des textes complets et des bibliographies fournies, elles aussi régulièrement mises à jour. De plus, les textes ne sont pas truffés d'hyperliens, ce qui constitue un avantage aux yeux d'Edward Zaita. Selon lui, dans Wikipedia, "Tous ces liens internes pour comprendre davantage tel ou tel aspect rendent la lecture zigzagante et un peu chaotique".

Nous avons fait un petit test pour comparer les deux encyclopédies en libre accès sur la Toile. Par exemple, sur Socrate et son oeuvre:

  • Socrate sur Wikipédia
  • Socrate (Socrates) sur la Stanford Encyclopedia of Philosophy

Certes, la version de Wikipédia est plus illustrée, mais on repère au moins une dizaine de citations sans références. De plus, l'article de la SEP permet de mieux comprendre le contexte historique du travail de ce philosophe grec.

Autre exemple, cette fois sur un courant philosophique.

L'article de Wikipedia n'est manifestement pas abouti puisque le lecteur est averti du fait qu'il doit être recyclé pour clarifier le contenu. Ce qui n'est pas le cas pour l'article de la SEP qui est bien structuré, exhaustif et propose des notes de bas de page pour approfondir le sujet.

Il ne s'agit pas ici de rejeter Wikipedia, qui demeure une source essentielle en première approche d'un sujet pour nombre de curieux et d'étudiants. Mais Wikipedia ne doit pas faire oublier qu'il existe aussi sur la toile des encyclopédies spécialisées qui respectent les canons universitaires de la rigueur et de la recherche. Tout le mérite des éditeurs de la SEP est d'être parvenu à fédérer autant de chercheurs autour d'une encyclopédie en ligne, abolissant ainsi le principal reproche fait aux encyclopédie traditionnelles, à savoir la lenteur de leur processus éditorial et de révision. L'éditeur principal de la SEP se dit surpris que des initiatives similaires n'aient pas encore vu le jour dans d'autres domaines. 

Nous ferons un seul reproche à cette encyclopédie rigoureuse : elle n'existe qu' en anglais. Quand verra t-on la communauté philosophique internationale se mobiliser pour traduire les articles ?

Stanford Encyclopedy of Philosophy

Wikipedia, if it were run by academic experts, would look like this, article de la Standford University du 7 septembre 2010


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