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Publié le 09 avril 2010 Mis à jour le 09 avril 2010

Professionnels de l'informatique, engagez-vous dans le wecena!

Jean Millerat, vous êtes le créateur d'une initiative que vous avez appelée wecena. De quoi s'agit -il ?

Il s'agit de mécénat de compétences informatiques, au service de projets menés par des organismes d'intérêt général. L'idée est de proposer aux associations des volontaires, ingénieurs ou techniciens en informatique, pour les aider à finaliser des projets de grande ampleur.

Qui sont les mécènes ?

Ce sont les SSII (sociétés de services en ingénierie informatique), qui mettent leurs salariés à disposition dans les périodes d'inter-contrats.

Comment est née cette idée du wecena ?

Je suis moi-même ingénieur, j'ai travaillé pour de grandes entreprises faisant appel aux SSII, et je connais bien la situation particulière de leurs salariés : ils passent d'un contrat à l'autre, d'un client à l'autre, avec des périodes d'inactivité allant d'un jour à plusieurs semaines, voire à plusieurs mois, en ces temps de crise économique. Pendant ces périodes, les salariés continuent bien sûr d'être payés. Il m'a semblé intéressant de proposer aux SSII de mettre leurs salariés au service d'associations, pendant ces périodes d'inter-contrats.

Il ne doit pas être simple d'optimiser le service de personnes qui n'ont parfois qu'un seul jour de disponibilité…

C'est en effet une contrainte forte, qui conditionne le choix des projets sur lesquels ces personnes travailleront. Les projets doivent avoir une certaine ampleur, pouvoir être menés de façon collaborative, et découpés en micro-tâches réalisables rapidement, sans période de familiarisation.

Vous avez des exemples de tels projets ?

Il y a trois grandes catégories de projets.

- Les projets « high tech » d'abord. Par exemple, le développement d'un logiciel libre. Le volontaire travaille aux côtés des développeurs. Il s'attaque à un bug, le corrige, en prend un autre, etc. S'il n'a qu'une journée de disponibilité, il corrige un seul bug. Et un autre volontaire peut prendre la suite sans problème.

- Les projets « low tech » ensuite. Par exemple, un organisme d'insertion organise des ateliers d'initiation à l'utilisation du micro-ordinateur.  Le volontaire anime une session d'initiation en tête-à-tête avec le bénéficiaire, sur la journée.  Il peut être remplacé sans problème par un autre volontaire s'il n'est pas libre le lendemain. Ce genre de projet est éloigné du métier de l'ingénieur, mais répond au souhait de certains qui sont curieux de découvrir d'autres univers, de mettre les rudiments de la micro-informatique à portée du plus grand nombre.

- Et entre ces deux catégories, il y a les projets sur lesquels les volontaires utilisent les technologies, sans participer au développement de nouveaux produits mais en réalisant des tâches longues et répétitives. Par exemple, certains volontaires contribuent à l'adaptation de manuels scolaires de manière à ce qu'ils soient adaptés aux enfants dyspraxiques.

Quel est votre rôle, à vous ?

Mon rôle est d'accompagner l'organisation bénéficiaire dans sa collaboration avec le volontaire, car elle n'a généralement pas l'habitude d'encadrer un ingénieur informatique. Dans tous les cas, elle ne sait pas conduire des chantiers collaboratifs à distance dans lesquels se relaient un grand nombre de volontaires sur des tâches courtes. C'est un travail d'industrialisation du volontariat.
Je dois également organiser la mise en relation de l'offre et de la demande. Sur le site, des espaces sont dédiés aux mécènes d'une part, aux organisations demandeuses d'autre part.

J'aide les associations à sélectionner les projets susceptibles d'être aidés. Beaucoup d'associations ont besoin d'aide en matière d'informatique, mais vu le fonctionnement particulier des volontaires, nous ne pouvons pas répondre à tout le monde. Les projets trop spécifiques, qui ne comportent pas un important volume de tâches « routinières » , ne peuvent pas être retenus.

Enfin, actuellement, je passe un temps important à convaincre les SSII d'adopter le wecena, pour que tous les projets retenus bénéficient de journées de volontaires.

Vous avez plus de demandes que d'offres ?

Largement ! Du côté des organismes bénéficiaires, il y a un manque énorme de compétences informatiques. Or, les sociétés de services informatiques n'ont pas encore cette culture du mécénat. Les convaincre prend énormément de temps. Il faut plus d'un an  entre les premières manifestations d'intérêt et le passage à l'acte, la mise à disposition de volontaires.

Et les ingénieurs informaticiens eux-mêmes, ils sont intéressés ?

Ils s'investissent auprès des associations dans les mêmes proportions que les autres catégories de population. Ce qui est nouveau, c'est de le faire sur son temps de travail, et sans nécessairement choisir complètement l'association à appuyer. Si vous allez sur notre page Facebook, vous constaterez que les informaticiens sont enthousiasmés par cette idée. Reste maintenant à convaincre les directions, qui attendent les premiers retours d'expérience.

Êtes-vous le seul à encourager et organiser le mécénat des compétences informatiques ?

Je m'inscris dans un courant qui vise à rapprocher les nouvelles technologies des problématiques sociales. Je citerai par exemple le réseau NetSquared, qui est animé par de jeunes entrepreneurs et diplômés en informatique et nouvelles technologies dans le monde entier, qui travaillent pour le rapprochement de ces compétences et des organismes à vocation sociale. Des réunions réunissant des « pros » de l'informatique et des entrepreneurs sociaux sont organisées régulièrement aux quatre coins du monde, c'est un mouvement très dynamique. Le réseau Informethic poursuit sensiblement les mêmes objectifs. Un tout nouveau réseau, appelé Liens, vient également de se créer pour mettre en synergie le monde des technologies et celui de l'innovation sociale.

Mais, à ma connaissance, je suis le seul en France à proposer une démarche totalement intégrée aux entreprises intégrées, une démarche de mécénat (et donc, pratiquement sans coût pour l'entreprise) et pas seulement d'engagement individuel bénévole sur son temps libre.

Quels sont vos prochains objectifs ?

J'ai plusieurs négociations en cours, qui permettront d'augmenter le nombre de volontaires et donc d'aider un plus grand nombre de projets et assureront la pérennité de l'initiative. J'ai surtout besoin d'ambassadeurs, de personnes qui croient à la valeur de ce mécénat et en fassent la promotion auprès des professionnels de l'informatique.

Parmi les projets aidés grâce au wecena, y a t-il une proportion importante de projets liés au monde de l'éducation ?

Nous sommes déjà engagés auprès de plusieurs projets éducatifsSésamath nous a également contactés, et nous pourrions participer à la transformation de scénarios d'apprentissage en exercices interactifs. Enfin, je serais très intéressé à participer à la réalisation de projets collaboratifs en sciences, comme celui que mène Tela Botanica par exemple. Les volontaires pourraient aider à entrer les données récoltées, les organisées dans une base, les croiser, etc.

Avez-vous des demandes liées au e-learning ?

Non, car les pratiques actuelles ne permettent pas encore d'intégrer des volontaires pour un temps court sur ces projets. Les processus sont beaucoup trop spécifiques. De plus, les compétences informatiques orientées e-learning sont rares...Sauf pour certains besoins très spécifiques comme expérimenter l'adaptation, sur support e-learning, de manuels scolaires du primaire pour des enfants handicapés (dyspraxie).

Avant de terminer, avez-vous un message à transmettre ?

Oui : je remercie tous les lecteurs de Thot côtoyant les milieux informatiques de parler du projet wecena, de diffuser l'adresse du site et de montrer l'intérêt d'un tel partenariat entre informaticiens et organisations à vocation sociale. Le bouche à oreille reste notre meilleur canal de diffusion.

N'hésitez donc pas, chers lecteurs, à diffuser l'information !

Explorez le site wecena.com et consultez la page Facebook de l'organisation. Retrouvez aussi Jean Millerat sur son blogue, et suivez-le sur Twitter.

A voir également sur You Tube : Thomas, volontaire wecena, explique en quoi consiste la démarche et comment il s'y est impliqué.


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