La retouche d'image est sans doute aussi ancienne que la photographie elle-même. Mais elle a pris une ampleur nouvelle voici maintenant 22 ans, avec la création du plus célèbre de ses outils, le logiciel Photoshop.
La célébration du vingtième anniversaire de la création de Photoshop avait donné lieu à de nombreuses manifestations.
Parmi les commentaires associés à cette célébration, certains parmi les plus intéressants se penchaient sur l'impact de l'apparition puis de la diffusion massive de ce logiciel sur notre perception et nos pratiques photographiques. André Gunthert pointe l'essentiel dans un article intitulé "Photoshop, école de l'image" : avec l'apparition de Photoshop, "pour la première fois, la photographie perdait visiblement son statut de garant de l'authenticité de la représentation". Photoshop, c'est "la fin de l'objectivité photographique".
La plupart, voire la totalité des images qui illustrent les magazines, les espaces publicitaires, les sites web... sont effectivement retouchées. Et c'est aussi le cas de nombre d'images déposées par les amateurs dans les albums en ligne.
Malheur à la nouveauté !
Comme toute nouveauté, la retouche d'image banalisée s'est attirée les foudres des tenants d'une certaine authenticité. Illusion, manipulation, idéalisation du corps... les critiques n'ont pas manqué et soulignent parfois à bon escient les usages excessifs de l'outil. Le site 01.net évoque à ce propos les craintes de tous ceux qui pensent que l'image publicitaire, qui doit tant à Photoshop, véhicule désormais des visions idéalisées de la beauté physique, qui peuvent déclencher des comportements destructeurs, chez les jeunes filles en particulier. L'article intègre des vidéos montrant les transformations opérées sur un modèle afin de le rajeunir, de le vieillir, ou de le rendre plus conforme aux canons de la beauté commerciale.
Certaines marques ont même fait un argument commercial du "naturel", en pointant la profonde cohérence qui existe entre le maquillage et la retouche d'image :
Mais il ne faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain et considérer Photoshop comme un produit toxique. Il faut surtout avoir présent à l'esprit que toute innovation technologique a drainé derrière elle des discours catastrophistes. C'est ce que décrit avec brio un article publié sur le site de Slate.fr, intitulé "Fuyez les livres, fuyez l'école, fuyez Facebook!". L'auteur y rappelle que l'écriture, l'imprimerie et l'école, oui, même l'école, ont en leur temps été considérées comme des calamités pour l'esprit. Plus tard, la radio et la télévision ont reçu leurs volées de bois vert. Aujourd'hui, les médias électroniques déchaînent les passions. On éclate de rire lorsqu'on lit que la chaîne CNN avait affirmé avec le plus grand sérieux que "L'e-mail est plus dangereux pour le Q.I. que le cannabis". L'auteur de l'article souligne à quel point ce sont des opinions qui s'expriment devant les médias électroniques, opinions rarement étayées par des faits incontestables... Ces derniers allant plutôt dans le sens d'une amélioration des compétences sociales et cognitives des utilisateurs : "La seule chose que toutes ces études ont réussi à prouver, c'est que les gens qui utilisent les services de réseaux sociaux ont tendance à mener une vie sociale hors-ligne plus satisfaisante, et que ceux qui passent du temps à jouer sur leur ordinateur sont meilleurs que les non-joueurs lorsqu'il s'agit d'absorber et de réagir à des informations avec précision et sans montrer plus d'impulsivité". Vous pouvez lire à ce sujet notre article sur la publication d'un rapport qui expose tous les effets bénéfiques de la pratique du jeu vidéo.
La retouche d'image, massivement populaire
Revenons à la retouche d'image. Pour les non-spécialistes du graphisme et de la photographie, le mérite principal de Photoshop est d'avoir banalisé la retouche d'images. Le produit, fort cher et complexe, fut bientôt suivi d'applications gratuites et simplifiées. Adobe a d'ailleurs créé Photoshop.com (en ligne et gratuit) et Photoshop Elements, version grand public de son logiciel phare, environ 15 fois moins cher que l'original.
Surtout, sont apparus Gimp, logiciel en open source qui offre pratiquement les mêmes possibilités que Photoshop, Photo Filtre, Aviary, et bien d'autres qui ont mis à la portée du plus grand nombre les outils de travail sur l'image. Très récemment, un nouveau produit fort semblable à Photoshop mais téléchargeable gratuitement - pour Windows seulement à l'heure actuelle-, a vu le jour. Il s'agit de Photomonkee, un puissant logiciel de retouche d'images qui propose les plus utiles des fonctions avancées de son célèbre aîné : travail sur calques, formes, dégradés, options de texte, etc. Nul doute que ce logiciel trouvera son public, car l'intérêt populaire pour ces produits est massif.
Et Gunthert l'affirme, il faut s'en féliciter : Dans la déconstruction des pouvoirs de l’image, depuis vingt ans, Photoshop est un professeur inlassable de la relativité et de la plasticité des représentations. Le meilleur allié d’une vision éclairée de notre monde d’images. Grâce aux logiciels de retouche d'image, nous sommes tous en capacité de mesurer l'écart entre une représentation brute et sa version travaillée. Y compris pour que l'image obtenue se rapproche de notre perception et de ce que nous souhaitons exprimer au travers de la photo. Le monde réel existe, mais ce n'est pas celui que nous montrons au travers de la photographie. On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.
André Gunthert : Photoshop, école de l'image. L'atelier des icônes, 11 février 2010 (page ouverte le 9 décembre 2012).
Illustrations
Haut : capture d'écran de la page d'accueil de Photoshop Express, une application gratuite en ligne dérivée de Photoshop.
Bas : capture d'écran de la page d'accueil du site Photomonkee, à partir duquel peut être téléchargée l'application du même nom.
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