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Publié le 07 décembre 2010 Mis à jour le 07 décembre 2010

Formation des travailleurs peu qualifiés : le Nigeria innove

Une formation hybride pour ceux qui recyclent, souvent au péril de leur santé, nos vieux ordinateurs

Dans les pays en développement, on voit aux abords des villes d'immenses décharges à ciel ouvert qui sont investies par une foule de travailleurs. De ces montagnes de déchets, ils extraient tout ce qui peut encore se vendre et être réutilisé. Les déchets électriques et électroniques constituent un gisement apprécié, dans la mesure où on peut en extraire des métaux à forte valeur marchande.

Mais les procédés habituels d'extraction de ces métaux sont hautement toxiques pour la santé et l'environnement. Généralement, les carcasses d'ordinateurs et autres machines sont simplement brûlées, dégageant des fumées toxiques et laissant s'écouler dans le sol des substances qui finiront dans l'eau, dans les plantes, et seront consommés par les animaux et les humains.

Former les professionnels aux meilleurs pratiques de recyclage des déchets électroniques

En 1992 est entrée en vigueur la convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et leur élimination, qui vise à réduire les envois illégaux de déchets dangereux dans les pays en développement qui n'ont pas les infrastructures techniques nécessaires à leur traitement. Cette convention est accompagnée d'un effort de formation des travailleurs du recyclage dans les pays en développement. En effet, si les envois illégaux de déchets diminuent, le nombre d'expéditions légales continue d'augmenter : certains avancent le chiffre de 400 000 ordinateurs importés chaque mois à Lagos, au Nigeria ! Malheureusement, comme on l'explique dans cet article, les appareils ainsi expédiés vers les pays pauvres ont une durée de vie très courte et alimentent à leur tour les décharges. il est donc essentiel de former les travailleurs du recyclage aux techniques spécifiques de leur métier.

C'est ce que fait le Professeur Oladele Osibanjo, directeur du centre régional de formation et de transfert de technologies pour l'Afrique issu de la convention de Bâle, situé à Lagos.

Le Professeur Osibanjo pose ainsi l'enjeu de la formation : "Choisir de continuer avec les méthodes actuelles, qui peuvent réduire l'espérance de vie des travailleurs et leur faire dépenser d'importantes sommes d'argent en frais de santé; ou adopter les meilleures pratiques internationales en utilisant les outils adaptés et des équipements de protection individuelle, et ainsi vivre plus longtemps et mieux", rapporte l'article du Guardian consacré à cette formation.

Le Professeur Osibanjo a donc décidé de mettre en place des formations pour les professionnels du recyclage. Le défi était important, car ces travailleurs sont souvent illettrés et peu familiers des normes scolaires. Il a fallu inventer.

Une formation mixte accessibles aux personnes ne sachant ni lire, ni écrire

Le Professeur Osibanjo a choisi de faire développer un cursus de formation mixte, en présence et à distance, pas des organismes britanniques. C'est Learning Light, organisme ayant déjà une longue expérience de la conception de cours pour les personnes peu qualifiées, qui a développé les modules de formation à distance. Les ateliers en présence ont été conçus et animés par le Dr Margaret Bates, enseignante travaillant au Centre pour la gestion durable des déchets attaché à l'université de Northampton.

Les écrans de la formation en ligne et les ateliers en présence font une large place au visuel. Il est donc possible de suivre la formation sans savoir lire ni écrire. Pendant les ateliers, l'accent a été mis, au travers d'images chocs, sur les effets possibles des intoxications par les produits dangereux, la dioxine en particulier. Les cours en ligne proposent des tutoriels de démontage et de recyclage des appareils tels que les imprimantes à jet d'encre et les unités centrales d'ordinateurs. D'autres appareils seront bientôt abordés.

150 personnes se sont inscrites à la première session de formation réalisée à Lagos, représentant les associations professionnelles des différents métiers liés au recyclage des produits électroniques et les organisations informelles des personnes travaillant dans les décharges. Learning Light met désormais toute son énergie dans l'obtention d'une reconnaissance de cette formation par la certification. Le Professeur Obasanjo est en effet en recherche de financement pour développer de nouveaux modules et est convaincu que la certification serait un argument de poids pour attirer de nouveaux bailleurs.

Cette initiative est remarquable à deux niveaux. D'une part, elle affirme une nouvelle fois que tout le monde peut bénéficier de formation, que ce n'est pas aux personnes de s'adapter aux programmes existants, mais bien l'inverse; d'autre part, elle vise à améliorer la prise en charge d'un problème mondial, celui du traitement et du recyclage des déchets électriques et électroniques dont le volume augmente chaque année, dans les pays qui sont les plus démunis pour faire face à cette avalanche. 

Recycling electrical waste can be made safer, researchers say. The Guardian, 12 octobre 2010

Illustration : Wikimedia Commons


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