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Publié le 22 février 2010 Mis à jour le 22 février 2010

Créer une communauté d'apprentissage en ligne, d'accord. Mais ensuite ?

Ceux qui pensent que la classe n'est pas le seul espace pour enseigner et apprendre, qui se sentent suffisamment autonomes pour s'affranchir des méthodes et des programmes, se posent bien des questions sur les façons de s'organiser.

Pourquoi pas une communauté d'apprentissage ?

Les communautés d'apprentissage ont le vent en poupe : on connait quelques outils qui permettent de les créer facilement en ligne. C'est le cas de Ning, fort célèbre. Pour l'enseignant, la prise en main de cet outil gratuit est un premier pas, mais l'essentiel est bien entendu de savoir quoi en faire. 

Deux documents se répondent sur ce point de méthode et nous pouvons interroger les limites de l'un à la lumière de l'autre.

Des conseils de bon sens

Le premier, Comment construire une communauté : 10 conseils utiles, créé par Luc Legay, passe en revue les points incontournables qui ont trait à la gestion et à l'animation d'une communauté. On retrouve en fait toutes les bonnes procédures classiques en usage dans la communication et le marketing.

Une fois un groupe constitué, les objectifs de la communauté clairement définis, il est impératif de les afficher de manière la plus frappante possible. Le choix du slogan qui accompagne une communauté est important : c'est son image de marque.
Il faut aussi savoir jouer sur des facteurs de motivation qui sont assez communs : désir de privilèges, d'invitations, de réductions... Une communauté doit être animée, il faut qu'elle bénéficie d'un "facilitateur" qui ne peut en aucun cas l'utiliser comme outil de promotion personnelle. La communauté doit être suffisamment ouverte pour déléguer à chacun le soin de diffuser l'information et l'on sait que c'est la force des nouveaux outils justement que de donner cette capacité d'écho.

Autre point important : les profils. C'est à partir de chaque personne que la communauté se construit ; chacune d'elle l'alimente et attend en retour une reconnaissance du groupe.
Ainsi toute participation, toute contribution doit être mise en évidence, valorisée.
Enfin et surtout, la communauté doit "favoriser les connections dans la vraie vie" et c'est cette passerelle qui lui donne son dynamisme.

Le second document est plus précis et concret. Sur son blog Réseau pensant Thomas Laigle met en ligne le diaporama de la présentation réalisée lors du Séminaire SAEL en Novembre 2009 : "Animer et faire vivre une communauté en ligne d'enseignants".
Il y distingue trois niveaux d'organisation : le groupe, la communauté et le réseau. La hierarchie, la structure, et la stabilité des groupes s'opposent à l'horizontalité, l'aspect informel et l'évolutivité des communautés.
Il insiste sur le fait que chaque membre doit tirer des bénéfices proportionnels au temps qu'il consacre à la communauté, que ces bénéfices soient professionnels, économiques, intellectuels ou moraux.

Il ajoute une dimension très importante, absente de l'analyse de Luc Legay : le culturel.

Dans le domaine de l'éducation, et plus particulièrement de l'enseignement et de l'apprentissage des langues, c'est un facteur considérable, assez peu envisagé : les cultures éducatives ont un poids certain dans les difficultés et il faut en tenir compte dans le choix des outils. Les communautés d'appentissage ont peut-être plus de mal à se diffuser en France par exemple, parce qu'elles impliquent des pratiques contraires à la tradition de cloisonnement des disciplines, des niveaux, des classes, des programmes.

Cet aspect culturel est manifeste dans tous les sites qui promeuvent avec un enthousiasme proche de l'évangélisme les communautés Web 2.0, comme Les explorateurs du web. Pour qui n'est pas familier avec la culture nord-américaine,  les codes et les pratiques d'activisme comme on peut le voir avec les Barcamp (badges, tee-shirts, règlements et chartes, top 10 et récompenses) ne sont pas transparents et naturels, à moins d'avoit fait partie de camps de scouts ou d'avoir travaillé chez  Mac Do !

A l'épreuve des faits

Observons quelques communautés d'apprentissage en FLE par exemple à la lumière de ces recommandations : celle de Lille 1 : Foreigners in Lille est très connue.

Elle semble très bien fonctionner et elle applique les recommandations mentionnées plus haut : son objectif est assez précis "Site des étrangers francophones de Lille et d'ailleurs- Pratique du Français"; elle est à la fois ancrée dans une institution et dans un territoire  mais cherche à s'ouvrir le plus possible ; en effet, des "extérieurs" francophones, non étudiants sont acceptés dans la communauté). Aucune trace d'incitations quelconques à la participation cependant : il semble que le moteur de la communauté soit l'équipe pédagogique, inclue dans l'économie du dispositif, payée et valorisée.

Mais l'outil communautaire, en FLE comme dans d'autres domaines, peut aisément être utilisé à des fins personnelles. On regrettera alors les pratiques qui relève de la goujaterie pure et simple, comme celle qui consiste à aller se servir sur d'autres sites en se faisant ensuite passer pour le créateur de la ressource...

Ce qui fait défaut à une approche "entrepreneuriale" des communautés, c'est avant tout la réalité de l'expérience commune qui doit fonder l'initiative. On le voit très bien pour la communauté Le portail des DNL francophones : elle est à la fois l'héritage de nombreuses années de pratique de partages sur internet (Carmen Vera travaille, produit, enseigne et forme des professeurs depuis longtemps dans le domaine des langues), elle représente aussi l'évolution logique d'un rapport assez ouvert aux TIC des enseignants en Espagne.

Il manque donc un élément dans ces conseils très généraux : faites en sorte que le noyau de votre communauté ne soit pas un produit de génération spontanée mais l'expression de relations solides (qu'elles soient physiques ou virtuelles) qui existaient déjà avant elles.

"Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme" : Cher Anaxagore, vous n'aviez pas tort !


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