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Publié le 06 juin 2010 Mis à jour le 06 juin 2010

L’année sabbatique pour les étudiants, entre rêve et réalité

Année essentielle ou perte de temps ? La « gap year » fait des émules.

« Faire une pause dans la course aux diplômes est formateur. Cela permet de voir le monde au-delà du tableau noir » affirme la journaliste Flore Thomasset le 2 février 2010 dans un « plaidoyer pour l'année sabbatique des étudiants ».

Elle y décrit la fameuse «gap year», une année (ou plus) de césure entre le lycée et l'université, qui permet aux jeunes bacheliers d’accomplir un voyage, une mission humanitaire, un projet personnel, la découverte d’un emploi. Son but ? « laisser aux étudiants le temps de se décider et de construire des trajectoires moins précoces et plus personnelles », avant de revenir avec plus de recul et d’autonomie.

L’année sabbatique n’est donc « pas une année à rien faire (…). Au contraire, certains soufflent même [qu’elle] serait plus constructive que dormir au fond d'un amphi, explique Flore Thomasset, contrairement aux programmes universitaires comme Erasmus, [elle] n'a rien à voir avec l'institution scolaire, qui reste synonyme pour certains de lieu de l'échec ». Si le retour est parfois difficile, cette année de « liberté » incite les jeunes à reprendre leurs études avec une idée plus claire sur leurs choix d’orientation.

Cette coupure temporelle ne se traduira pas en « trou » dans le CV. Au contraire, elle apporte des expériences, parfois la maîtrise d’une langue étrangère (l’anglais est privilégié par les jeunes) et une motivation exacerbée. Autant d’atouts – curiosité, maturité, responsabilité - que les responsables de cursus apprécient et, plus tard évidemment, les recruteurs également.

Dans son article plein d’optimisme posté sur son blog, Etienne Parizot affirme qu’il « y a des univers entiers à découvrir, des mondes à investir, des connaissances et des savoir-faire à embrasser, toute une symphonie de parcours singuliers à suivre ou plutôt à créer, à construire en se construisant soi-même ». Vaste programme.

Partir, pour mieux revenir

Comment s’organiser pour partir ? Le site internet de l’Etudiant propose un article pratique sur la préparation de l’année sabbatique. On y lit, sans grande surprise, que les séjours linguistiques représentent la majorité des voyages. L’article donne quelques exemples d’organismes et leurs destinations : Nacel (l’Espagne, l’Allemagne ou le Canada), Education First (Nouvelle-Zélande), Programmes internationaux d’échanges (Thaïlande, Argentine, Turquie, Chine, Mongolie), AFS Vivre sans frontière (Europe de l’Est et en Amérique du Sud). Mais les étudiants peuvent également choisir des voyages centrés sur des missions de volontariat ou des stages, comme le propose le site Projects Abroads. D’autres encore choisissent un petit boulot lors de cette année, pour financer leur logement.

Le répertoire Thot des programmes d'échange étudiants en fournit une liste.

Après le voyage vient le temps du retour… anticiper son inscription à l’université (en surveillant les dates de remise des dossiers), prévoir plusieurs semaines pour se réadapter aux horaires et aux anciennes habitudes, préparer une lettre de motivation si on souhaite intégrer une filière qui sélectionne ses étudiants pour prouver le bien-fondé de sa démarche...

Des systèmes scolaires inégaux

En effet en France, cette année de réflexion n’est pas encore vraiment prise au sérieux. Les élèves doivent s’orienter très tôt – dès la seconde - et éviter de « perdre » des années en cours de cursus. La sociologue Cécile van de Velde l’explique à Flore Thomasset : en France « on favorise l'académique, le scolaire, les parcours très linéaires. On avance sur des rails bien tracés. L'objectif qu'on fixe plus ou moins implicitement à nos étudiants, c'est qu'ils trouvent leur place dans la société avant 25 ans ». Et la journaliste d’enchaîner : « le droit à l'erreur, à changer de voie, à recommencer, n'est pas inscrit dans les mœurs françaises ». Une pression qui angoisse les jeunes. Mais les choses commencent à changer grâce à l'exemple des pays voisins.

Ainsi, « dans les pays libéraux, Grande-Bretagne ou Etats-Unis, comme dans les pays scandinaves, ces années de latence sont fortement encouragées, poursuit Cécile van de Velde, dans ces pays, on a dans l'idée de former des citoyens, des adultes, pas seulement des étudiants. Il s'agit plus de se découvrir que de se placer en société ».

Crédit photo : saintbob, FlicR, licence CC.


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