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Publié le 04 novembre 2009 Mis à jour le 04 novembre 2009

"J'ai écrit 'je veux' dans Google, et j'ai cliqué"

Les effets d'annonce, toujours au futur simple de l'indicatif, et les appels à projets internationaux donnent l'image d'une Afrique démunie et passive, qui attend constamment que de mieux nantis lui apportent des "solutions". Il s'agit là de la vision des organisations internationales et des professionnels de la demande de subventions, bien éloignée de la réalité.

Fort heureusement, d'autres voix, depuis l'Afrique elle-même, s'élèvent pour témoigner d'une vitallité et d'une inventivité hors du commun, qui écrive le continent au présent, sans renier le passé, tourné vers le futur, même s'il faut parfois ajouter une dose de conditionnel. Vous, Africains, nous, Occidentaux qui avons eu la chance de partager votre quotidien pendant des années, savons que les choses importantes ne se conjugent pas dans les administrations, mais sous les manguiers et dans les écoles de villages.

Voici un blog épatant, rédigé par deux journalistes français qui sont partis pendant trois semaines en Afrique de l'Ouest pour ouvrir un canal de communication à tous ceux qui font la révolution numérique à la hauteur de Bamako ou de Dakar. Le blog s'appelle Africascopie et est hébergé par lemonde.fr (malheureusement plus en ligne en 2012). Et vraiment, les rencontres sont extraordinaires.

Nous avons choisi ici d'ajouter un anneau à la chaîne des nouvelles transmises par Africascopie, et d'évoquer la personnalité de Boukary Konaté, blogueur malien (connu sous le pseudo de Fasokan), professeur de français et d'anglais. 

Cet enseignant a découvert Internet par le biais de la télévision. Dans le billet qui lui est consacré, il décrit ses premiers pas sur le web :

"Il y a eu quelque chose que je regardais à la télé, qui m'a donné la force, l'envie d'apprendre et de commencer tout de suite. (...)Je suis allé sur Google, j'ai écrit 'je veux' et j'ai cliqué. Je veux réussir, je veux apprendre...Je veux, ça a un grand sens pour moi. (...)Il y a des pages qui s'ouvrent, des liens qui se suivent avec je veux, je veux..."

Comment mieux dire ? Il voulait, il l'a fait, et depuis Boukary Konaté est une figure de l'Internet malien. Il blogue en bambara sur Fasokan, et traduit également ses articles en français. Un français pétri d'expressions et de ryhtmes phrasés propres au Mali, qui enracinent ce blogue dans son espace de production. On y découvre mille anecdotes sur la vie au Mali, et un leit-motiv : le rapport à l'apprentissage et au savoir. Boukary évoque par exemple ses souvenirs d'école primaire quand, seul écolier du village, il apprenait sous un petit manguier qui est devenu son compagnon d'étude. Konaté est également très préoccupé du devenir des langues africaines. Lui-même traduit des blogues à partir du site Global Voices. Il dédie de nombreux articles aux langues locales et au mépris dans lequel elles sont tenues, toujours à partir d'exemples frappants :

"Les ruraux sont nombreux en ville de nos jours. Les signes de la ville comme les indications des boutiques, des services et des panneaux d’indication au bord des routes sont tous écrits en langues étrangères que les ruraux en ville ne savent pas lire. Cela montre que, eux, considérés comme des lettrés en milieu rural, deviennent totalement analphabètes en ville à cause du fait que nos langues nationales ne sont pas prises en compte dans les indications en ville. "

Boukary Konaté a indiqué aux journalistes français que son père, demeurant au village, lui confiait des recherches d'informations à effectuer sur Internet, comme on donne sa liste de courses à ceux qui vont au magasin.Car Internet est bien perçu, y compris dans les villages non connnectés, comme le "magasin des informations et des savoirs". Ce qui fait dire à l'un des deux journalistes :

"Au fil de la discussion, je découvre un aspect que j’avais sous-estimé. Cette soif d’apprendre d’une partie de la classe moyenne africaine, son envie d’être connectée au monde entier. Une soif que les infrastructures internet, même minimales en milieu rural, permettent d’étancher désormais. Fasokan est un visage parmi d’autres de cette nouvelle Afrique, connectée et mondialisée."

Effectivement, tout le monde a envie de savoir ce qu'il y a derrière la courbe du chemin, et Internet le permet. Nous tous qui sommes à l'aise avec les nouvelles technologies, n'hésitons pas à "faire les courses" pour nos parents sur Internet, et à ouvrir des chemins d'accès vers les ressources qui se créent partout dans le monde. Thot est fait pour cela, et c'est notre responsabilité à tous. 

Depuis, le blogueur malien Boukary Konaté a fait du chemin puisqu'il a obtenu un prix spécial Éducation et Culture en 2012 aux BOBs pour son blog.

Fasokan, le blogue de Boukary Konaté.

Le compte Twitter de Fasokan.


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