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Publié le 07 avril 2008 Mis à jour le 07 avril 2008

Utilisation des TIC dans les écoles presque rien ne change. Étude longitudinale***

On l’expérimente, on le constate, on l’étudie, on le lit, on le dit et on commence à le savoir : si on ne change pas de façon d’enseigner, même avec beaucoup de technologies, on ne change pas de façon d’apprendre; même dans des écoles bien équipées.

L’étude des Motifs d’utilisation et des profils d’adoption de matériel scolaire informatisé (MDI) par des enseignantes et enseignants du primaire au Québec», réalisée à l’Université de Sherbrooke, le démontre une fois de plus.

On y a surveillé par vidéo les comportements de 13 enseignants pendant trois mois dans leur classe. On a fait le parallèle entre les pratiques évoquées par les enseignants impliqués et les pratiques réelles observées.

«Contrairement à ce que l’on pourrait penser dans le contexte du renouveau pédagogique, la suggestion de MDI par l’enseignant ou la sélection libre du MDI par les élèves sont peu présents dans nos observations.

Sachant que nos participants sont des enseignants qui devraient avoir un intérêt supérieur à la moyenne au regard des pratiques d’intégration du MDI et des TIC que la majorité des enseignants québécois compte tenu des circonstances ayant caractérisé leur recrutement, nous pouvons nous questionner sur ce qui se passe dans les classes « plus régulières » en matière d’intégration des technologies.

Nos participants disposaient de classes qui bénéficient d’un plus grand nombre d’ordinateurs que le ratio moyen au primaire et, a fortiori, au secondaire. En comparaison avec les données d’enquête nationale antérieures dont nous disposons, ces enseignants déploient un niveau de réflexion systématique important au regard de la pertinence de l’intégration pédagogique des TIC, mais ils tardent à suggérer un usage autonome ou à laisser sélectionner librement le matériel par leurs élèves.

Dans ce contexte, il devient difficile de croire que les élèves soient véritablement maîtres d’oeuvre du recours aux technologies dans leurs apprentissages et qu’ils développeront une certaine autonomie leur permettant d’identifier et de sélectionner les bons matériaux si on ne leur laisse pas l’espace nécessaire pour le faire.

En fait, on retrouve ici un constat relativement systématique dont fait état la documentation scientifique. D’une façon générale, tant en matière de sélection de MDI que de recours à l’Internet pour fins de soutien à l’apprentissage scolaire, la majeure partie des enseignants favorisent généralement peu les pratiques et les contextes qui favoriseraient le développement du jugement critique et de l’autonomie méthodologique des élèves.

Les changements à cet égard ne peuvent qu’être consécutifs à la modification des profils de rapport au savoir, aux disciplines ainsi qu’à la représentation de la démarche d’apprentissage chez les praticiennes et les praticiens. Sur ce point, notre position rejoint à la fois le constat et la posture de Tanner, Jones, Kennewell et Beauchamp (2005) et de Hennessy, Ruthven et Brindley (2005) pour qui, sans modification préalable de la posture paradigmatique des intervenantes et des intervenants, il est difficilement concevable que l’intégration des ressources informatiques ou numériques dans l’environnement scolaire débouche sur autre chose qu’une diversification minimale des matériels scolaires mis en oeuvre, essentiellement pour des fins de soutien à la motivation des élèves.»

Traduit en langage clair : si on ne permet pas aux élèves de prendre de l’initiative et de se servir des outils de communication; ceux-ci n’offrent aucune amélioration de l’efficacité de l’apprentissage.

Il serait peut-être temps de dépasser ce constat et de décider si oui ou non on utilise les TIC à l’école. Les pratiques qui fonctionnent sont tout aussi connues que ces conclusions; il reste essentiellement une décision que les professeurs, les administrateurs, les autorités et élus peuvent assumer avec les actions d’organisation, de formation, d’animation de la population et du personnel à commencer.

Il est étrange qu’un point aussi important ne soit pas un sujet de débat au sein des commissions scolaires, dont les représentants sont élus par la population.

Télécharger « Motifs d’utilisation et des profils d’adoption de matériel scolaire informatisé (MDI) par des enseignantes et enseignants du primaire au Québec», document .pdf

Par : Centre de recherche sur l’intervention éducative Centre de recherche sur l’enseignement et l’apprentissage des sciences Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante Université de Sherbrooke Septembre 2007 - Révisé mars 2008


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